Ukraine: les séparatistes revendiquent le contrôle de l'aéroport de Donetsk

  • De la fumée venant de l'aéroport de Donetsk, le 2 octobre 2014
    De la fumée venant de l'aéroport de Donetsk, le 2 octobre 2014 AFP
  • Le bureau de la Croix-Rouge touché par un bombardement qui a tué l'un de ses employés, le 3 octobre 2014 à Donetsk
    Le bureau de la Croix-Rouge touché par un bombardement qui a tué l'un de ses employés, le 3 octobre 2014 à Donetsk AFP - John Macdougall
  • La crise ukrainienne
    La crise ukrainienne AFP - K. Tian / J. Storey
Publié le
Centre Presse Aveyron

Les séparatistes prorusses ont revendiqué vendredi le contrôle quasi-total de l'aéroport stratégique de Donetsk, théâtre d'intenses combats avec l'armée ukrainienne, tandis que Kiev accusait Moscou d'envoyer de nouveaux renforts aux rebelles dans l'est de l'Ukraine.

L'intensification des combats et des bombardements des zones d'habitation dans ce fief rebelle, qui ont fait 11 morts en deux jours, a été dénoncée comme "une escalade dangereuse" par le bureau du secrétaire général de l'ONU, un mois après la conclusion d'une trêve fragile entre Kiev, Moscou et les séparatistes.

A un poste de contrôle situé à deux kilomètres à l'est de l'aéroport de Donetsk, une équipe de l'AFP a entendu vendredi des tirs d'artillerie lourde et d'armes automatiques, nourris et réguliers.

"Ca tire sans arrêt depuis 07H00 (04H00 GMT) du matin. Nous tirons avec des canons automoteurs et ils (les Ukrainiens) ripostent sur notre zone avec de l'artillerie lourde mais un peu au hasard, ils n'ont pas localisé l'origine précise des tirs. Nous contrôlons l'essentiel de l'aéroport, les Ukrainiens sont encore présents dans un batiment," a affirmé une combattante qui a requis l'anonymat.

"Nous contrôlons 95% de l'aéroport", a déclaré de son côté le "Premier ministre" de la république autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko à l'agence publique russe Ria Novosti.

"Pour être clair, ce n'est pas nous qui attaquons l'aéroport, c'est eux qui nous attaquent pour nous chasser de là", a-t-il poursuivi.

Le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a affirmé en fin de matinée que l'armée ukrainienne contrôlait toujours le site après avoir repoussé deux assauts rebelles la veille avec des chars. Deux soldats ukrainiens ont été tués et neuf blessés en 24 heures, selon la même source.

Il a par ailleurs affirmé que la Russie avait envoyé des renforts en "chars, armes lourdes et soldats" aux séparatistes à l'assaut de l'aéroport, ainsi que des drones "dirigés par des spécialistes russes".

Une brigade du renseignement militaire russe de l'Ossétie du Nord (Caucase) a en outre été déployée près du port stratégique ukrainien de Marioupol, a-t-il dit.

- Cessez-le-feu violé 1.000 fois -

La prise de cette ville sur les bords de la mer d'Azov permettrait à la Russie de relier par la côte sa frontière à la péninule ukrainienne de Crimée, annexée par Moscou en mars.

Kiev comme les Occidentaux accusent le Kremlin de jeter de l'huile sur le feu dans ce conflit qui a fait plus de 3.200 morts et un demi-million de réfugiés et déplacés depuis avril. Moscou dément toute implication.

L'Otan a affirmé cette semaine que "des centaines" de soldats russes se trouvaient toujours dans l'est de l'Ukraine, alors que le dernier accord de Minsk prévoit le retrait de tous les combattants étrangers.

"Le cessez-le-feu a été violé plus de 1.000 fois", a déploré vendredi le président du Parlement ukrainien, Olexandre Tourtchinov, en ajoutant que "l'agression russe" contre l'Ukraine se poursuivait. Environ 70 soldats ukrainiens et civils ont péri depuis le début de la trêve le 5 septembre, selon un décompte de l'AFP.

La mort dans un bombardement à Donetsk jeudi soir du Suisse Laurent DuPasquier, administrateur au sein de l'antenne locale du Comité international de la Croix-Rouge, a provoqué une vive émotion en Occident.

Kiev a jugé qu'il s'agissait d'un "acte terroriste" perpétré par les rebelles afin d'intimider les organisations internationales. Moscou a accusé l'armée ukrainienne, relayant la position des rebelles, selon qui le Suisse a été tué par un projectile tiré d'un lance-roquette multiple ukrainien Ouragan depuis la localité de Krasnogorivka, à 20 km à l'ouest de Donetsk.

"Kiev ne souhaite pas reconnaître une chose évidente: le quartier de Donetsk, qui a été la cible de tirs, est situé sur le territoire contrôlé par les rebelles, et les tirs ont été effectués depuis les positions occupées par les forces ukrainiennes", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères.

- Ianoukovitch, citoyen russe ? -

Sur fond de détérioration de la situation sur le terrain, un responsable ukrainien a affirmé que l'ex-président Viktor Ianoukovitch, déchu en février, avait obtenu la nationalité russe par un décret secret.

"Je ne suis tout simplement pas au courant des détails, c'est pourquoi je ne peux rien dire", a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la radio Echo de Moscou.

M. Ianoukovitch, qui a fui l'Ukraine après le bain de sang de Maïdan, haut lieu de la contestation contre son régime, est accusé en Ukraine de "massacre de civils" et fait l'objet d'un mandat d'arrêt.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?