Ebola: la malade espagnole guérie

L'Espagnole Teresa Romero, première personne contaminée par le virus Ebola hors d'Afrique, est guérie, selon les résultats des tests définitifs rendus publics mardi par ses médecins à Madrid alors même qu'en Espagne la polémique sur la prévention s'est poursuivie.

"Les critères de guérison du virus Ebola" tels qu'établis par l'OMS "sont bien remplis" après quatre analyses sanguines négatives, a annoncé le docteur Jose Ramon Arribas, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Carlos III à Madrid, 15 jours après l'hospitalisation de Mme Romero, lors d'une conférence de presse.

"C'est bien sûr un motif de célébration, c'est extraordinaire", a déclaré le docteur Marta Arsuaga, un des médecins qui a traité au quotidien l'aide-soignante, âgée de 44 ans, depuis son hospitalisation le 6 octobre.

Le taux de mortalité de cette fièvre hémorragique, qui a déjà tué 4.555 personnes depuis mars et touché 9.216 personnes, frise les 70% en Afrique, où trois pays, (Liberia, Sierra Leone et Guinée) sont particulièrement touchés.

Teresa Romero a, elle, reçu un don de sang d'une religieuse espagnole qui a été touchée en Afrique et a survécu afin de pouvoir profiter de ses anticorps. Elle a aussi pu bénéficier de traitements expérimentaux que les médecins n'ont pas détaillé.

Mais, a expliqué le docteur Arribas, en l'absence de "groupe de contrôle" pour comparer il est difficile de tirer des conclusions sur l'efficacité des traitements.

Teresa Romero a une énorme "force physique et mentale", a-t-il aussi souligné avant de se montrer prudent sur son "rétablissement complet", qui doit encore prendre quelques jours.

"Nous avons passé des journées difficiles et maintenant... ces résultats nous procurent de la joie", a ajouté le docteur Marta Arsuaga lors de la même conférence de presse. "Quand elle sera guérie complètement, nous serons enchantés", a-t-elle souligné.

Teresa Romero avait ressenti les premiers symptômes du virus le 29 septembre. Elle avait été contaminée en soignant un missionnaire atteint par Ebola et rapatrié d'Afrique, qui a succombé à la maladie le 25 septembre en Espagne.

A Madrid, quelques heures avant cette annonce, le Conseil de l'ordre des infirmiers et infirmières a, de son côté, diffusé mardi un rapport dénonçant l'insuffisante protection et formation du personnel de santé avant cette contamination.

Lunettes n'empêchant pas la buée, masque respiratoire non autofiltrant, simple blouse bleue de bloc opératoire perméable et gants ne couvrant pas les poignets: vidéo à l'appui, le président du Conseil, Maximo Gonzalez Jurdado, a présenté à la presse un rapport dénonçant "d'importantes erreurs".

Selon lui, "on ne pourra jamais savoir la cause" de la contamination de Teresa Romero, mais on peut affirmer sans hésiter que la législation en matière de prévention des risques professionnels n'a pas été respectée et aussi qu'"il n'y a pas eu une préparation suffisante au niveau" national.

Exemple: "Certains infirmiers ou infirmières ont, après leurs vacances, directement repris le travail au Carlos III et sont entrés dans la chambre de ces patients contaminés par Ebola sans avoir jamais reçu la moindre information ni le moindre entraînement".

Au-delà de l'Espagne, Maximo Gonzalez Jurdado a également souligné "les lacunes" du protocole Ebola de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

"Par exemple, concernant la fièvre, le protocole évoquait le seuil de 38,6°C" pour activer les mesures d'urgence mais en Espagne et d'autres pays, le public a accès au paracétamol, qui fait baisser la température, a-t-il expliqué.

L'Espagne a depuis abaissé le seuil de température nécessaire pour activer le protocole Ebola à 37,7°.

Source : AFP