David Drugeon, un jeune breton sur la voie du jihad

  • Image fournie par le média jihadiste Welayat Raqa le 30 juin 2014 montrant des jihadistes du groupe Etat islamique paradant dans une rue de la ville syrienne de Raqqa
    Image fournie par le média jihadiste Welayat Raqa le 30 juin 2014 montrant des jihadistes du groupe Etat islamique paradant dans une rue de la ville syrienne de Raqqa Welayat Raqa/AFP/Archives
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Centre Presse Aveyron

Des stades de football bretons au jihad international, le jeune Français David Drugeon, 24 ans, tué mercredi par un tir de drone américain dans le nord-ouest de la Syrie, selon des médias outre-atlantique, s'est converti adolescent à l'islam avant d'intégrer au fil des ans des groupes de plus en plus radicaux.

Né en 1989 à Vannes (Morbihan), au sein d'une famille de classe moyenne sans histoires, il se passionne pour le football, se rend avec son père à Marseille pour y voir jouer son équipe favorite, l'OM. Quand ses parents divorcent, en 2002, David Drugeon et son frère Cyril se rapprochent de musulmans salafistes, adeptes de l'islam des origines, qui se réunissent dans leur quartier.

A leur contact, les deux frères se convertissent. David devient "Daoud", s'initie à l'arabe, apprend le Coran. Sur sa page du site internet "Copains d'avant", encore active, il pose en vêtement blanc, l'air sombre. Sur la liste des "pays où je rêve d'aller", il a noté : "Afghanistan, Algérie, Arabie Saoudite, Ethiopie, Irak, Israël, Maroc, Pakistan, Somalie, Soudan, Syrie".

"C'était un gars tout gentil, sans histoires. Un passionné de foot", confie à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, une ancienne camarade de classe à l'école Brizeux de Vannes.

Une mère de famille dont la fille était en classe avec lui ajoute: "C'était un gentil garçon, le papa était chauffeur de bus pour la ville de Vannes. Le petit travaillait très bien. On ne comprend pas ce qui a pu se passer dans sa tête."

Après avoir travaillé et économisé de l'argent, il part pour l'Egypte, fait des stages dans des écoles religieuses où il approfondit sa connaissance du Coran et de l'arabe, puis revient chez ses parents. Au début de 2010, il annonce à sa famille qu'il retourne en Egypte mais il prend en fait, comme bien d'autres volontaires internationaux, la voie du jihad, à destination des zones tribales pakistanaises.

Il y rencontre un Belge d'origine tunisienne, Moez Garsallaoui, vétéran du jihad, considéré comme un membre important d'Al-Qaïda en Europe puis dans la zone pakistano-afghane. A son contact, "Daoud" se forme au maniement des explosifs, à la fabrication de bombes.

- 'Artificier d'assez bon niveau' -

"Il est ainsi devenu un artificier d'assez bon niveau", assure à l'AFP une source sécuritaire, qui demande à ne pas être identifiée.

En revanche, ajoute un haut responsable français, "ce n'est ni un ancien militaire ni un ancien des services intérieurs ou extérieurs. Il est bien connu de nos services et des services américains, c'est un type relativement important dans son organisation, avec certaines connaissances techniques. Mais ce n'est pas dans l'armée française qu'on apprend à manipuler des bombes".

Quand la Syrie devient à son tour "terre de jihad", David Drugeon, comme de nombreux cadres intermédiaires d'Al-Qaïda lassés de vivre en permanence sous la menace des drones américains et de leurs missiles, quitte la zone pakistano-afghane et s'installe au sein des maquis islamistes, dans la région d'Idlib.

C'est là, au sein d'un convoi de 4x4 pris pour cible par l'aviation américaine, que les missiles américains pourraient l'avoir rattrapé, selon des sources militaires américaines haut placées citées par des médias.

"Nous sommes toujours en train de vérifier les résultats de notre attaque", a indiqué jeudi à l'AFP un porte-parole du Pentagone, le colonel Steven Warren.

Rencontrant fin octobre un reporter de l'hebdomadaire français L'Express, son père, Patrice Drugeon, confiait: "Je me suis préparé. Tous les soirs, je m'attends à ce que deux policiers viennent frapper à la porte pour m'annoncer la terrible nouvelle."

Source : AFP

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