Budget UE: Cameron obtient une victoire à la Pyrrhus et exaspère ses partenaires

  • Le Premier ministre finlandais Alexander Stubb (g) accueille son homologue britannique David Cameron au Forum nordique pour l'avenir à Helsinki le 6 novembre 2014
    Le Premier ministre finlandais Alexander Stubb (g) accueille son homologue britannique David Cameron au Forum nordique pour l'avenir à Helsinki le 6 novembre 2014 Lehtikuva/AFP - Markku Ulander
  • Jean-Claude Juncker à Strasbourg, le 22 octobre 2014
    Jean-Claude Juncker à Strasbourg, le 22 octobre 2014 AFP/Archives - Frederick Florin
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Centre Presse Aveyron

Les Européens ont accordé vendredi à la Grande Bretagne la possibilité de différer après les élections générales de mai 2015 le paiement d'une rallonge de 2,1 milliards d'euros au budget européen pour 2014, sans cacher leur exaspération face au chantage exercé par David Cameron.

"C'est un réel succès", s'est félicité le ministre britannique des Finances George Osborne en commentant l'accord négocié avec ses homologues européens à Bruxelles.

"Nous avons obtenu de payer en deux fois au cours de la seconde moitié de l'année prochaine et si des erreurs sont constatées dans le calcul de l'ajustement, l'argent nous sera rendu", a-t-il expliqué. Le montant de l'ajustement devait initialement être réglé le 1er décembre 2014 sous peine de pénalités.

"L'accord satisfait tout le monde, au détriment de personne", a-t-on commenté dans les autres délégations en manifestant une certaine irritation face aux cris de victoire britanniques.

"Le montant de l'ajustement britannique n'est pas diminué", a insisté le ministre irlandais Michael Noonan.

"Londres a seulement obtenu de différer le paiement au 1er septembre 2015, et de pouvoir le payer après les élections de mai", a expliqué un négociateur à l'AFP. Deux traites sont prévues, une en juillet et une en septembre.

- Rallonge et rabais -

George Osborne s'est prévalu devant la presse de ce que le montant de l'ajustement britannique serait ramené de 1,7 milliard de livres (2,1 milliards d'euros) à 850 millions de livres grâce au rabais accordé au Royaume-Uni pour sa contribution.

"Les Britanniques mélangent les choses. Le montant de l'ajustement à payer, c'est 2,1 milliards d'euros", a affirmé un négociateur.

"L'augmentation de la contribution britannique a pour corollaire l'augmentation du montant de son rabais et le fait est que le délai accordé à la Grande-Bretagne pour solder le correctif va coïncider avec le versement du remboursement de son rabais", a expliqué la commissaire en charge du Budget Kristalina Georgieva.

"Quand l'heure viendra de payer", les chiffres fournis par M. Osborne se révèleront donc "factuellement exacts", a-t-elle insisté.

Le Premier ministre britannique obtient donc l'essentiel de ce qu'il voulait. Il a pour cela exercé jusqu'au dernier moment une énorme pression sur les négociations.

"J'ai donné une réponse claire: nous ne paierons pas ces 2,1 milliards d'euros le 1er décembre et je n'ai pas l'intention de payer un tel montant", avait-il réaffirmé dans la matinée depuis Helsinki.

"J'espère que cela pourra être accepté par nos partenaires. Sinon nous aurons un grave problème", avait-il menacé.

Les demandes de rallonges découlent d'une révision des PIB effectués par les États membres eux-mêmes à l'été. Mais la correction globale pour 2014 porte sur 9,5 milliards d'euros, "un montant inédit", a souligné une source européenne.

Les autres pays débiteurs, dont les Pays-Bas, qui devront régler un supplément de près de 700 millions d'euros, bénéficieront du même échelonnement, a précisé Mme Georgieva.

D'autres sortent gagnants, au premier rang desquels la France. Avec une contribution annuelle au budget européen de 20 milliards d'euros, elle décroche une ristourne de 1 milliard en 2014, déjà prise en compte par Paris pour faire avaliser son projet de budget 2015.

Mais les Français contribuent pour près d'un milliard d'euros au rabais historique consenti aux Britanniques.

- "Insupportable" Cameron -

"Tout le monde avait un intérêt à cette opération. Les Britanniques peuvent payer après leurs élections, les Français obtiennent leur milliard", a commenté une source européenne.

Les négociations sur l'ajustement des contributions ont toutefois exacerbé les tensions entre les États, et l'attitude de David Cameron a exaspéré. "Il est insupportable", a confié à l'AFP un participant au dernier sommet européen fin octobre, lorsque le Premier ministre britannique a mis le sujet sur la table.

Les sommets européens "sont faits pour régler les problèmes, pas pour les amplifier", a insisté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en déplorant la décision de David Cameron d'en faire un casus belli.

"Le jeu de Cameron est clair. Il refuse de payer quoi que soit avant les élections pour montrer à ses électeurs comment il tient tête à Bruxelles, et s'il est réélu, il paiera, sinon il refilera le dossier aux autres", a affirmé à l'AFP un responsable européen.

Source : AFP

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