Allemagne: joie et recueillement pour les 25 ans de la chute du Mur de Berlin

  • Une invitée, une rose à la main, des commémorations marquant le 25e anniversaire de la chute du Mur à Berlin, le 9 novembre 2014
    Une invitée, une rose à la main, des commémorations marquant le 25e anniversaire de la chute du Mur à Berlin, le 9 novembre 2014 AFP - Tobias Schwarz
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le monde a les yeux rivés sur Berlin qui célèbre dimanche les 25 ans de la chute du Mur avec une fête populaire et un hommage à ceux qui, le 9 novembre 1989, ont fait tomber la dictature est-allemande avec des bougies.

Plus d'un million de visiteurs allemands et étrangers doivent commémorer cet événement qui a sonné la fin de la Guerre froide et annoncé la Réunification de l'Allemagne et de l'Europe, selon l'organisme de tourisme Visit Berlin.

Le bonheur infini des Allemands de se retrouver ce soir-là, après 28 ans de séparation douloureuse marquée souvent par des drames familiaux, figure parmi les images les plus fortes du XXe siècle.

Quelque 7.000 ballons lumineux, symbolisant les bougies des Allemands de l'Est réclamant plus de liberté à un régime stalinien vieillissant, seront lâchés dans les airs à partir de 19h20 locales (18h20 GMT).

"Cette ville a écrit (une page) d'Histoire", a commenté la chancelière Angela Merkel, qui a grandi en RDA. "Le besoin humain de liberté ne peut pas être étouffé éternellement", a-t-elle assuré lors d'une intervention au musée de la Neue Nationalgalerie samedi soir.

A la différence du 20e anniversaire, aucun chef d'Etat ou de gouvernement en exercice n'a été invité, afin de mieux rendre hommage à la population.

Le dernier dirigeant d'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, 83 ans, largement crédité d'avoir permis la réunification allemande, participait ce week-end à diverses manifestations, tout comme l'ancien leader du syndicat polonais Solidarnosc, Lech Walesa.

Lors d'une rencontre de la fondation "Cinema for Peace" consacrée aux "Murs dans le monde", M. Gorbatchev a estimé que le monde était "au bord d'une nouvelle Guerre froide".

"Certains disent qu'elle a déjà commencé", a ajouté l'octogénaire.

Les festivités, dont le mot d'ordre est "Le courage de la liberté", doivent connaître leur apogée avec ce lâcher de ballons lumineux qui, depuis vendredi soir, marquent sur une quinzaine de kilomètres le tracé de l'ancien Mur, au son de l'Ode à la joie de Beethoven, l'hymne de l'Union européenne.

Les premiers décolleront de la Porte de Brandebourg, les derniers du pont de la Bornholmer Strasse, premier point de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest ouvert le 9 novembre 1989 vers 23h30. Le garde-frontière est-allemand Harald Jäger, qui a donné l'ordre d'ouvrir la barrière ce soir-là pour laisser se déverser une marée humaine, a confié à l'AFP qu'il participerait à l'événement.

Samedi déjà, de nombreux Berlinois se sont rendus sur le site, en famille ou entre amis. A la nuit tombée, certains arboraient des lampes frontales pour mieux suivre le tracé d'un Mur qui entourait Berlin-Ouest sur 155 km, faisant de la ville une île au coeur de la RDA.

- Roses au pied du Mur -

De nombreux touristes se sont également massés samedi sur la Potsdamer Platz, un no man's land avec miradors et barbelés durant la partition de Berlin, et qui aligne désormais tours futuristes et centres commerciaux.

Ces commémorations ont "une grande importance pour moi car la chute du Mur a marqué mon histoire personnelle", explique à l'AFP Ronny Kraft, 34 ans, originaire de l'ancienne Allemagne de l'Est. "Je ne serais sans doute pas à Berlin, s'il n'y avait pas eu la chute du Mur et j'habite en outre quasiment le long de son ancien tracé", ajoute ce Berlinois né à Görlitz, à la frontière germano-polonaise. Il a d'ailleurs prévu de se rendre dimanche au Mémorial du Mur où la chancelière doit inaugurer une nouvelle exposition permanente.

Avant, elle déposera une gerbe de roses au pied du Mur, en souvenir des plus de 130 personnes tuées entre le 13 août 1961 et le 9 novembre 1989.

La dirigeante conservatrice, qui a entamé sa carrière politique dans la sillage du 9 novembre 1989, doit également participer à un service œcuménique dans "la chapelle de la réconciliation" où sont données depuis 2005 des prières pour les victimes du Mur.

Elle doit aussi se rendre dans la journée à un concert à l'orchestre de la Staatskapelle, sous la direction de l'Israélo-Argentin Daniel Barenboim, avant de rejoindre la Porte de Brandebourg où se tiendra une immense fête populaire avec plusieurs concerts, notamment du Britannique Peter Gabriel.

Le 9 novembre 1989, après des semaines de manifestations monstres d'Allemands de l'Est réclamant plus de liberté, le régime communiste avait annoncé par surprise que ses ressortissants pourraient désormais voyager à l'étranger.

Quelques heures plus tard, les gardes-frontière de Berlin-Est, débordés, avaient ouvert le Mur.

Le 9 novembre est une date hautement symbolique en Allemagne car c'est aussi celle du terrible pogrom dit de la "Nuit de cristal", perpétré par les nazis en 1938.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?