Manhac penche pour le Grand Ségala

Vingt voix, autant dire pas grand-chose: c’est ce qui séparait, hier soir, les partisans d’un Grand Ségala, arrivés en tête de la consultation citoyenne organisée à Manhac, au détriment des défenseurs du Grand Rodez. Un sujet qui divise le village depuis quelques semaines, au point que 395 votants, sur les 546 inscrits sur les listes électorales de la commune, ont fait le déplacement, hier, jusqu’à la mairie pour faire entendre leur voix. «Avec 72,3% de votants, la mobilisation a été plus importante que lors des dernières élections municipales. C’est la preuve que le sujet intéresse les Manhacois», se félicite un pro-Pays baraquevillois.

Le maire accuse le coup

Une centaine de personnes ont tenu à être présentes, à partir de 17 heures, pour assister au dépouillement, dans un silence de cathédrale. D’abord largement en tête, le non a lentement été rattrapé. Après de longues minutes en tête-à-tête, le oui a commencé à prendre de l’avance, puis à faire la course en tête. L’écart s’est ensuite stabilisé. Au final, ce sont donc 53,2% des votants qui voudraient que Manhac quitte le Grand Rodez pour rejoindre la communauté de communes du Pays baraquevillois. À la proclamation des résultats la salle est restée silencieuse. Assis devant les piles de bulletins, Bernard Calmels, le maire du village, accuse le coup.

«Pression insupportable»

«C’est lamentable d’en arriver là», lâche-t-il médusé. «Heureusement, le résultat est vraiment partagé», lui glisse un soutien. «C’est vrai qu’on est loin de ce qu’avait annoncé l’opposition», se rassure le maire. «Qu’ils (les partisans d’un Grand Ségala) refassent un vote à Baraqueville et Camboulazet, il y aurait des surprises», ajoute l’élu en rappelant la «pression insupportable», dont lui et les membres de son conseil municipal ont été l’objet ces derniers jours. «C’était de la folie. Maintenant que nous avons consulté la population, j’espère que les esprits vont se calmer.» C’est loin d’être sûr.

Conseil municipal mercredi

Car tout dépendra, en fait, de la décision que les 15 élus manhacois prendront mercredi lors du conseil municipal. «On va se concerter tranquillement entre nous, et on décidera si oui ou non on sort du Grand Rodez», déclare Bernard Calmels. Une décision qui sera certainement très difficile à prendre. Encore plus aujourd’hui au regard des résultats obtenus dans les urnes. Car même si cette consultation n’a aucune valeur légale, on voit mal, maintenant, les élus ne pas en tenir compte et passer outre. «S’il était vraiment décidé à vouloir rester dans le Grand Rodez, il n’avait qu’à tenir bon. Après tout, c’est lui qu’on a élu maire. Il aurait dû taper du poing sur la table et dire non», estime un observateur. L’édile a préféré consulter la population. Et lorsqu’on lui demande s’il envisage de démissionner au cas où le conseil municipal viendrait à décider une sortie de l’Agglo, il répond sans détour: «Ça sera l’autre étape...».