Aragon et Castille, l’art de relaver les tubes

Aragon et Castille, un duo aux drôles d’outils, trimballent planches à laver et orgue de barbarie sur toutes routes et chemins de l’Aveyron. Noms administratifs: Rodolphe et Martin. Profession: ressemeleurs de chansons. Ils en prennent des vieilles ou des usées, tac tac, un coup de planche à laver, un essorage par la grâce de la manivelle de l’orgue, quelques coups de tambour. Et guitare évidemment pour pouvoir faire sécher le tout sur les cordes. Au soleil.

Aragon et Castille ont un véritable don pour retaper et recycler sur leurs instrus toutes les vieilles chansons qui traînent sur leur chemin. Des vieilles, des oubliées, des cassées, mais aussi des belles, des vagabondes, des pas farouches, des populaires et qui prennent pas trop cher. Ainsi, notre duo plutôt souingueur a reprisé des chansonnettes de Boris Vian, Brassens et d’autres vieux chanteurs qui chantaient à l’époque en noir et blanc. Mais leurs coeurs de rockeurs leur font reprendre aussi des chansons rock’n’punk de leur (notre) enfance, genre OTH ou Parabellum, et leur amour pour la chanson française les poussent à croiser leur musique avec les mots des autres troubadours qu’ils croisent sur la route.

Ainsi, mesdames et messieurs, pour ce 2e ou 3e album d’Aragon et Castille, pas trop de noir et blanc, pas de Vian et vlan, pas de Bobby, mais de la Rue Kétanou, la Caravane Passe ou Babylon Circus, une digression québécoise avec Lisa Leblanc, plus vieux du Thiéfaine, du Béranger, du Sheller ou de l’Higelin et en carrément vioque un eunuque de Jean Yanne. un album enregistré entre Sainte-Radegonde, Montpellier et Toulouse, et avec des copains comme Spi le Naufragé, les Délinquantes, un Ben atomique ou un joueur de gretsch... Et parait-il que dans une cave secrète de chez eux, avec des bouts de chansons retrouvés par-ci par là, Aragon et Castille font des chansons façon Frankenstein. Mais elles ne feraient pas peur...

Aragon et Castille, «Tous azymuts», chez aragonetcastille.fr