Valls dévoile des "mesures exceptionnelles", un Charlie hebdo "des survivants" paraît

  • Manuel Valls lors de son discours le 13 janvier 2015 à l'Assemblée nationale à Paris
    Manuel Valls lors de son discours le 13 janvier 2015 à l'Assemblée nationale à Paris AFP - François Guillot
  • Charlie Hebod imprimé le 13 janvier 2015 à Villabe
    Charlie Hebod imprimé le 13 janvier 2015 à Villabe AFP - Martin Bureau
  • Manuel Valls et  Francois Hollande lors de la cérémonie d'hommage aux policiers tués le 13 janvier 2015 à la préfecture de police à Paris
    Manuel Valls et Francois Hollande lors de la cérémonie d'hommage aux policiers tués le 13 janvier 2015 à la préfecture de police à Paris AFP - Patrick Kovarik
  • Fleur Pellerin, Bernard Cazeneuve,  Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen et Laurent Fabius chantent la Marseillaise le 13 janvier 2015 à l'Assemblée nationale à Paris
    Fleur Pellerin, Bernard Cazeneuve, Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen et Laurent Fabius chantent la Marseillaise le 13 janvier 2015 à l'Assemblée nationale à Paris AFP - François Guillot
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Centre Presse Aveyron

Le Premier ministre, Manuel Valls, a dévoilé mardi, dans un discours vibrant, "des mesures exceptionnelles" pour mieux détecter de potentiels jihadistes, alors que parait ce mercredi un Charlie Hebdo "des survivants" avec une nouvelle Une caricaturant Mahomet.

Dans la soirée, un sondage est venu valider la gestion par l'exécutif de la crise: le président, François Hollande, et Manuel Valls recueillent tous deux plus de 80% d'approbation pour leur attitude depuis la semaine dernière.

Dans la nuit, un autre sondage montrait que 79% des Français trouvaient que le duo de l'exécutif avait été "à la hauteur des évènements". Et 87% se disaient "fiers d'être français" après la mobilisation massive du week-end.

En soutien à "Charlie", la mobilisation populaire devrait à nouveau s'exprimer mercredi dans les kiosques, où sera proposé un numéro de 16 pages de l'hebdomadaire satirique, mettant en Une le prophète Mahomet qui proclame en versant une larme "Je suis Charlie", sous le titre "Tout est pardonné". Il sera tiré à trois millions d'exemplaires (contre 60.000 habituellement) et traduit en anglais, espagnol, arabe, italien et turc alors que près d'un million d'euros de dons ont été recueillis en soutien.

Les survivants du massacre du 7 janvier veulent tenir tête avec ce dessin de Une, reproduit dans de nombreux journaux dans le monde.

Al-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite basée en Egypte, a estimé mardi que la publication de ces dessins va "attiser la haine (...). Il ne sert pas la coexistence pacifique entre les peuples et entrave l'intégration des musulmans dans les sociétés européennes et occidentales", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Elle avait déjà dénoncé mardi "une provocation".

Ce Mahomet de Charlie Hebdo est "vachement plus sympa que celui brandi par ceux qui ont tiré" et "c'est un bonhomme qui pleure avant toute chose", ont expliqué mardi les survivants du journal.

L'émotion ressentie lors d'hommages aux victimes mardi matin s'est prolongée à l'ouverture d'une séance spéciale à 15 heures à l'Assemblée, où tous les députés et ministres ont - une première depuis 1918 - entonné la Marseillaise à l'issue d'une minute de silence dans l'hémicycle quasiment plein.

- De nouvelles mesures législatives -

M. Valls, dans un discours de 45 minutes, a dévoilé "des mesures exceptionnelles" mais "jamais des mesures d'exception" mettant en danger l'Etat de droit. Une réponse à ceux qui, à droite, ont évoqué la nécessité d'un "patriot act" à la française, sur le modèle de la législation d'exception adoptée aux Etats-Unis après le 11 septembre.

Le Premier ministre a promis de "régulièrement renforcer" les moyens humains et matériels des services en charge du renseignement intérieur. Il a annoncé la création "avant la fin de l'année" de "quartiers spécifiques" en prison pour isoler les détenus jihadistes afin de prévenir tout prosélytisme. Il a également précisé que le dispositif français en vue de la mise en place d'un système européen sur les échanges des données des passagers aériens serait "opérationnel" en septembre. Ce système dit PNR est actuellement gelé au Parlement européen.

Sur le plan législatif, outre le projet de loi attendu sur le renseignement qui devrait notamment faciliter les écoutes, le Premier ministre a souhaité la mise en place d'un "nouveau fichier" recensant les personnes condamnées pour terrorisme ou "membres d'un groupe de combat".

Il a demandé au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, des propositions "dans les huit jours" concernant "internet et les réseaux sociaux, plus que jamais utilisés pour l'embrigadement".

Un des principaux décrets d'application de la loi antiterroriste de novembre 2014, qui met en place l'interdiction de sortie du territoire des candidats au jihad et crée une interdiction préventive d'entrée aux étrangers représentant une menace, est à l'ordre du jour du Conseil des ministres de mercredi.

M. Valls a été ovationné par l'ensemble des députés après ce que nombre d'entre eux à gauche comme à droite ont qualifié de "grand discours républicain".

"Jamais, dans l'histoire récente de l'hémicycle, nous n'avions entendu des propos aussi puissants, aussi adaptés à la situation", a même affirmé le vice-président de l'UDI, Yves Jégo.

Mais l'UMP semble hésiter sur l'attitude à adopter, divisée notamment sur des législations d'exception. Le chef de file de ses députés, Christian Jacob, a estimé que si nécessaire, il faudra "restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns". M. Jacob a prôné ainsi parmi diverses mesures "le placement en centres spéciaux de détention ou en prison" de ceux revenant du jihad.

L'Assemblée hésite encore sur la meilleure façon d'enquêter sur les attentats de la semaine dernière, entre une commission composée des seuls députés ou une mission d'information commune avec le Sénat.

Cette séquence politique s'est prolongée en début de soirée avec l'approbation à la quasi-unanimité de la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak contre l'organisation Etat islamique, qui ont débuté le 19 septembre, que ce soit à l'Assemblée ou au Sénat, avec toutefois l'abstention des parlementaires des groupes liés au Front de gauche.

- Hommage aux policiers, obsèques en Israël -

La journée de mardi avait débuté par un hommage dans la cour de la préfecture de police de Paris, sur l'île de la Cité, où François Hollande a salué la mémoire des trois policiers tués. Ils ont été cités "à l'ordre de la Nation" et promus chevaliers de la légion d'Honneur.

Ils sont morts "pour que nous puissions vivre libres", a dit le président pour qui "la menace est "encore là", venue de "l'intérieur" et de "l'extérieur". "Nous devons être intraitables devant l'apologie du terrorisme", a-t-il martelé. Plusieurs condamnations ont été prononcées ces derniers jours contre des personnes qui avaient salué les attentats de la semaine dernière.

Par ailleurs, le ministère de l'éducation a indiqué mercredi que quelque 200 incidents liés aux attentats s'étaient produits dans les écoles, collèges et lycées, dont la moitié liés à la minute de silence du 8 janvier, au lendemain de l'attaque meurtrière contre Charlie Hebdo. Le ministère a précisé qu'une quarantaine de ces incidents avaient été transmis à la police et la justice.

A Jérusalem, mardi, dans l'immense cimetière du Har Hamenouhot (mont du Repos), près de 2.000 personnes ont assisté aux funérailles des quatre juifs tués vendredi dans la supérette casher Porte de Vincennes. Eux aussi ont été faits à titre posthume chevaliers de la Légion d'honneur.

"La violente attaque contre la communauté juive en France vendredi après-midi (...) était la dernière d'une série d'incidents très inquiétants en Europe et partout dans le monde qui sont le reflet d'une vague montante d'antisémitisme", a dénoncé mardi soir le chef de cabinet de la Maison Blanche Denis McDonough.

En début d'après-midi mardi, les obsèques du policier Ahmed Merabet, dont le cercueil était recouvert d'un drapeau français, se sont déroulées devant plusieurs centaines de personnes silencieuses au cimetière musulman de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Une semaine après les premiers assassinats, la traque d'éventuels complices continue. Un Français, arrêté en Bulgarie le 1er janvier pour avoir tenté de se rendre en Syrie, est ainsi soupçonné de liens avec Chérif Kouachi.

Source : AFP

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