Ukraine: Un an après, hommage aux victimes et disparus dans le carnage du Maïdan

  • Une femme pleure le 20 février 2015 sur le portrait d'un parent décédé lors des manifestations de la place de Maïdan, à Kiev
    Une femme pleure le 20 février 2015 sur le portrait d'un parent décédé lors des manifestations de la place de Maïdan, à Kiev AFP - Sergei Supinsky
  • Des Ukrainiens célèbrent le 20 février 2015 le premier anniversaire des manifestations brutalement réprimées sur la place Maïdan, à Kiev
    Des Ukrainiens célèbrent le 20 février 2015 le premier anniversaire des manifestations brutalement réprimées sur la place Maïdan, à Kiev AFP - Sergei Supinsky
  • Des combattants ukrainiens célèbrent le 20 février 2015 le premier anniversaire des affrontements de la place Maïdan, à Kiev
    Des combattants ukrainiens célèbrent le 20 février 2015 le premier anniversaire des affrontements de la place Maïdan, à Kiev AFP - Yuriy Dyachyshyn
Publié le
Centre Presse Aveyron

Des milliers d'Ukrainiens se sont rassemblées vendredi soir pour une cérémonie emprunte d'émotion sur la place de l'Indépendance à Kiev, mieux connue sous le nom de Maïdan, à l'occasion du premier anniversaire des manifestations brutalement réprimées et considérées comme le premier acte de la récente "révolution" ukrainienne.

La rue dans laquelle les manifestants avaient été abattus par les forces de sécurité était baignée dans une lumière rouge et des écrans géants montraient les images de quelques uns de la centaine de personnes présumées mortes lors de ces journées qui ont fait chuté le président Viktor Ianoukovitch, soutenu par le Kremlin.

Depuis cette manifestation brutalement réprimée, Ianoukovitch a pris la fuite, remplacé par un gouvernement pro-occidental qui gère une guerre dans l'est, sur fond de confrontation géopolitique entre Moscou et les Occidentaux.

Des lasers fusent dans le ciel d'encre vendredi soir alors que les Ukrainiens sur le Maïdan observent une minute de silence pour les morts. Tous entonnent ensuite l'hymne national et l'orchestre national d'Ukraine joue le requiem de

"Ils étaient là côte à côte, des gens de différentes origines et religions", a rappelé le président Petro Porochenko sur un podium installé sur le Maïdan. "La révolution a été la première, et ce qui est plus important, la première bataille victorieuse dans la guerre pour l'indépendance", a-t-il ajouté dénonçant la Russie qui continue d'envoyer "les chars et les fusées Grad" pour tenter de maintenir l'Ukraine sous son influence.

Mozart sur le podium devant un écran géant numérique du drapeau Ukrainien flottant dans le vent.

Toute la journée, les Ukrainiens sont venus rendre hommage aux victimes, portant des fleurs ou se recueillant simplement devant les photos.

Faïna Taran a les mains qui tremblent quand elle montre une photo abîmée de son fils Ivan. Cet Ukrainien de 40 ans a disparu il y a un an sur le Maïdan. Et c'est à peu près tout ce qu'elle sait.

Cet agent de sécurité avait quitté sa petite ville de l'est de l'Ukraine et, sans lui pour ne pas l'inquiéter, il avait rejoint Kiev et les manifestants pro-européens.

Ce sont des amis qui lui ont appris sa disparition. "Ils me disaient que mon fils était à Maïdan, qu'il avait disparu", se souvient-elle. "J'ai voyagé jusque là-bas et les gens m'ont confirmé qu'il avait été là, qu'il avait affronté la police le 20 février. Il s'est retrouvé derrière leurs lignes, puis il a disparu", dit-elle. Depuis elle cherche toujours son fils.

Des dizaines de manifestants ont disparu dans le village de Maïdan, l'énorme campement que les manifestants avaient installé en plein coeur de la capitale ukrainienne, et ne sont jamais réapparus.

- Combien de disparus? -

Après la terrible répression par la police anti-émeute ukrainienne, la péninsule ukrainienne de Crimée a été annexée par la Russie. Puis commença l'insurrection des régions prorusses de l'Est et, finalement, la guerre.

Cet enchaînement dramatique et la confusion entourant les derniers jours de cette révolution expliquent que même un an plus tard, le nombre exact de disparus n'est toujours pas connu.

Deux listes ont été établies par des organisations de bénévoles partis à leur recherche: l'une de 27 noms, l'autre de 55. Mais une enquête n'a été ouverte que pour huit d'entre eux.

Katia Melnik, une étudiante membre de l'organisation Euromaïdan SOS, avait commencé à noter les noms de ces disparus alors que les manifestations continuaient. En avril 2014, elle disposait de 100 noms, chiffre revu à la baisse au fur et à mesure du retour chez eux de certains disparus. D'autres se sont engagés pour combattre dans des bataillons de volontaires les rebelles prorusses.

Les regards se tournent vers les forces de sécurité.

Dans un rapport publié mercredi, Amnesty International détaille les cas de 11 manifestants, détenus ou passés à tabac par les forces de l'ordre. "Un simple échantillon" des abus commis par les forces de l'ordre, résume l'ONG. Depuis, les autorités ont été critiquées pour leur incapacité à traduire en justice les auteurs du bain de sang de Maïdan. Seuls deux policiers ont été arrêtés et attendent leur procès.

La police doit d'abord établir si les manifestants portés disparus se trouvaient réellement sur la place de l'Indépendance. "La majorité des gens qui étaient là-bas ne donnaient pas d'informations personnelles sur eux, de peur d'être poursuivis en justice", déclare l'inspecteur Roman Krilevitch.

Certains disparus souhaitaient simplement partir sans laisser de trace, ajoute-t-il, évoquant des manifestants avec des casiers judiciaires ou en conflit avec leur famille.

Source : AFP

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