Clichy-sous-Bois: le ministère public requiert la relaxe des deux policiers

  • Un croquis d'audience représente les officiers de police Sébastien Gaillemin et Stéphanie Klein à l'audience de leur procès, le 16 mars 2015 à Rennes
    Un croquis d'audience représente les officiers de police Sébastien Gaillemin et Stéphanie Klein à l'audience de leur procès, le 16 mars 2015 à Rennes AFP - Benoît Peyrucq
  • Les portraits de Zyed Benna et Bouna Traoré, sur une photo géante à Clichy-sous-Bois, le 4 novembre 2006
    Les portraits de Zyed Benna et Bouna Traoré, sur une photo géante à Clichy-sous-Bois, le 4 novembre 2006 AFP/Archives - Olivier Laban-Mattei
  • Emmanuel Tordjman, l'un des avocats des parties civiles au procès du drame de Clichy-sous-Bois, le 16 mars 2015 avant l'ouverture de l'audience à Rennes
    Emmanuel Tordjman, l'un des avocats des parties civiles au procès du drame de Clichy-sous-Bois, le 16 mars 2015 avant l'ouverture de l'audience à Rennes AFP - Damien Meyer
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Centre Presse Aveyron

Le ministère public a requis jeudi la relaxe des deux policiers poursuivis à Rennes pour non-assistance à personne en danger après la mort des deux adolescents de Clichy-sous-Bois, drame à l'origine en 2005 d'émeutes sans précédent dans les banlieues françaises.

Le procureur adjoint, Delphine Dewailly, a demandé la relaxe des deux fonctionnaires, comme auparavant les parquets successifs avaient requis le non-lieu tout au long des dix années de procédures judiciaires.

"Il n'y a pas lieu d'entrer en voie de condamnation", a affirmé Mme Dewailly, qui a estimé que les policiers ne savaient pas que les jeunes avaient pénétré dans le site EDF où ils ont trouvé la mort.

"On n’apaise pas la douleur d'un drame en causant une nouvelle injustice", a ajouté la magistrate.

"C'est un réquisitoire qui vise exagérément à mettre hors de cause les fonctionnaires", a réagi Jean-Pierre Mignard, avocat des parties civiles. "C'était ce à quoi nous nous attendions". Me Mignard a plaidé jeudi matin pour une condamnation des deux policiers.

"Cela fait neuf ans que je dis que mes clients ne savaient pas que les trois garçons étaient dans le site EDF, cela fait neuf ans que je dis qu'il était impossible qu'ils sachent qu'ils étaient dans la réactance", a déclaré Daniel Merchat, avocat des policiers, qui doit plaider vendredi. "Aujourd'hui devant le tribunal le procureur de la République l'a soutenu, tout le monde l'a entendu, tout le monde l'a compris, vraiment c'est un soulagement", s'est-il félicité.

Sébastien Gaillemin, 41 ans, et Stéphanie Klein, 38 ans, encourent au maximum cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Ouvert depuis lundi à Rennes, le procès a passé l'affaire au crible, à partir de l'intervention de la police dans un chantier de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) le 27 octobre 2005 à 17h21, qui a mis en fuite un groupe de jeunes.

Bouna Traoré, 15 ans, Zyed Benna, 17 ans, et Muhittin Altun, 17 ans, arrivent avec deux autres jeunes jusqu'à un cimetière de Clichy-sous-Bois. Derrière eux, les policiers ont cessé la poursuite. Mais à l'entrée du cimetière, les jeunes voient un autre véhicule de police arriver.

Deux se cachent dans des massifs de fleurs, les trois autres escaladent un grillage qui interdit l'accès, à l'ouest du cimetière, à un petit bois bordé lui-même cinq mètres plus loin par le mur d'un site EDF.

"Ils sont en train d'enjamber pour aller sur le site EDF", lâche Sébastien Gaillemin à la radio en apercevant les silhouettes de deux des jeunes.

- "Désinvolture" -

Affectée à la radio de la police, l'autre prévenue, Stéphanie Klein, qui ne connaît pas non plus les lieux, explique penser qu'il s'agit d'un site administratif d'EDF, pas d'une centrale électrique.

Me Mignard a critiqué dans sa plaidoirie la "désinvolture" des policiers à cet instant.

M. Gaillemin fait le tour par la rue pour vérifier si les jeunes ont pu passer par les jardins environnants, et regarde par deux fois au-dessus du mur d'enceinte l'intérieur du site EDF, mais ne voit rien. Il revient avec ses collègues vers le cimetière où ils interpellent les deux jeunes restés cachés. Tous les policiers repartent au commissariat à 17h43.

Pour Me Tordjman, à ce moment-là, "M. Gaillemin sait parfaitement" que les autres jeunes sont entrés sur le site EDF. Mais pour la représentante du ministère public "il est reparti avec la conviction qu'ils n'étaient pas sur le site".

Alors que les policiers sont déjà repartis, Zyed, Bouna et Muhittin se cachent dans un local abritant une réactance, un dispositif particulièrement dangereux.

A 18h11, Bouna et Zyed meurent électrocutés. Muhittin est grièvement blessé.

"On espère sincèrement que Thémis (déesse de la justice, citée plusieurs fois par Mme Dewailly qui a souligné qu'elle était aveugle, ndlr), ne restera pas sourde concernant la demande de justice des familles", a ironisé à l'issue de l'audience Samir Mihi, président de l'association de défense des familles de Clichy, "Au-delà des mots".

Source : AFP

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