Ne pas laisser l’abstention gagner les élections

  • Trop d’isoloirs vides, demain dimanche dans les bureaux de vote, une crainte pour beaucoup de candidats à ces élections départementales qui ne passionnent pas les foules.
    Trop d’isoloirs vides, demain dimanche dans les bureaux de vote, une crainte pour beaucoup de candidats à ces élections départementales qui ne passionnent pas les foules. Archives JAT
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Christophe Cathala

Départementales. Face au désintérêt évident des citoyens pour ce scrutin, la démocratie devra faire son œuvre.

Famille, amis voisins... Abordez avec votre entourage l’actualité électorale pour vous convaincre que, décidément, ces élections départementales ne passionnent pas grand monde. «On vote tous les ans maintenant et à part pour le Président de la République, on ne sait jamais vraiment pour quoi ni pour qui», résume Solange, 67 ans, aide ménagère à la retraite. On en viendrait presque à penser que trop de démocratie tue la démocratie, celle-là même si chèrement acquise et si réclamée par d’autres pays du monde. Au-delà de cette philosophie de comptoir, force est de constater le peu d’intérêt de beaucoup d’Aveyronnais pour cette campagne qui s’achève à la veille du premier tour.

Les raisons d’un désamour

La faute à qui ? D’abord à la réforme électorale qui a bouleversé les contours des cantons : beaucoup d’habitants savent mal où ils se situent, quand bien même comprendraient-ils le sens de la manœuvre quand les territoires sont deux fois moins nombreux et que le volume d’élus reste le même. La faute à la réforme, encore, qui ne doit clarifier les compétences des Départements qu’après les élections (!), laissant aux candidats comme seule banque de projets concrets le domaine social...Des projets bridés par les perspectives de disette budgétaire quand ce n’est pas par la volonté de supprimer dans cinq ans l’institution départementale comme avancé il y a quelque temps par le Premier ministre.

La faute enfin au contexte national qui ajoute à la défiance de plus en plus marquée des citoyens envers leurs élus, leur rejet de plus en plus perceptible du clivage droite-gauche. À telle enseigne que de nombreux candidats de tous bords ont décidé, pour cette campagne, de concourir sans étiquette, en tout cas sans écurie politique, pour «rassurer» les électeurs. Tout cela fait que l’abstention risque fort de s’inviter au scrutin dimanche. Au niveau national, on annonce même que moins d’un électeur sur deux se rendrait aux urnes.

La bonne participation, une exception aveyronnaise

En Aveyron, on devrait nuancer la tendance. Parce que les électeurs aveyronnais ont toujours un peu plus participé que la moyenne des Français. Ainsi, aux précédentes cantonales de 2011, on enregistrait 39,29% d’abstention au premier tour en Aveyron contre... 55,6% pour la moyenne nationale. Et si l’on prend des élections réputées pour ne pas passionner les foules, comme les Européennes de 2014, l’abstention se situait à 49,13% en Aveyron contre 56% pour la France entière. Il n’en demeure pas moins que tous les candidats craignent un taux d’abstention élevé, comme s’il s’agissait de dénier leur volonté de changer la société. Et il est bon de rappeler que, quelles que soient les marges de manœuvre accordées au Département, celui-ci conservera toujours des leviers pour agir au bénéfice du quotidien des Aveyronnais, selon les choix politiques de telle ou telle majorité. Rien que pour cette raison, cela vaut le coup de se déplacer demain dimanche au bureau de vote pour faire vivre la démocratie.

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