Entre deux tours, Manuel Valls balaie dans les campagnes et les séduit

  • Manuel Valls lors du 69e Congrès de la puissante FNSEA.
    Manuel Valls lors du 69e Congrès de la puissante FNSEA. AFP PHILIPPE MERLE
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Centre Presse Aveyron

Opération séduction réussie. A la veille du second tour des départementales, le Premier ministre Manuel Valls est arrivé les mains pleines jeudi à Saint-Etienne devant le congrès de la puissante FNSEA, qui l'a acclamé. Avant de repartir sous les vivats des quelque 1300 adhérents du premier syndicat agricole, l'écharpe verte autour du cou de l'emblématique équipe locale de foot, le chef du gouvernement a marqué les esprits avec un discours jugé "ferme et construit" par le président de la fédération des syndicats agricoles, Xavier Beulin.

"Il fallait des couilles pour venir !" a même salué un participant, dans une foule réactive, qui a applaudi Valls autant qu'elle a sifflé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, à ses côtés. Quelques minutes plus tôt, le chef du gouvernement, le premier quoique "issu d'une majorité de gauche" invité à s'exprimer devant le congrès de la FNSEA, a rappelé M. Beulin, avait voulu prendre en compte les inquiétudes et les attentes du monde agricole.

Il a notamment promis d'alléger les charges et les contraintes, de verser les aides européennes à temps, qui constituent pour la majorité des producteurs la moitié de leur revenu. L'entrée en vigueur de la nouvelle Politique agricole commune faisait craindre des retards, mais les doutes ont été levés. "A la suite de la réforme menée, et pour vous permettre d'avoir le temps de remplir les dossiers PAC, le calendrier a été décalé à la demande de la France et dans toute l'Union européenne" a rappelé le Premier ministre. "Je voulais, aujourd'hui, vous rassurer : ce décalage de calendrier ne remettra pas en cause le paiement des aides avant la fin de l'année, ni le versement des avances."

M. Valls a également promis "d'alléger les procédures, aujourd'hui trop lourdes et trop longues" préalables aux installations et aux innovations, et que dénoncent régulièrement les agriculteurs, qui se disent "entravés". "Je pense par exemple aux études d'impact. Elles devront être alignées sur les standards de nos voisins européens dès la fin de cette année" a annoncé le ministre, en jugeant -sous les applaudissements- qu'il ne fallait pas en la matière "se montrer plus royaliste que le roi".

"On élève les brebis pour nourrir les loups"

Il a également annoncé "le déploiement d'un dispositif de garanties publiques pour faciliter l'accès des agriculteurs au pré-financement du CICE" ce qui revient à les faire bénéficier de ce crédit d'investissement au même titre que les autres chefs d'entreprise. Enfin, il a rappelé la grande distribution à ses devoirs: elle doit "accepter des hausses de prix (...) J'ai demandé au ministre de l'Economie de se montrer d'une grande fermeté sur ce sujet". Auparavant, M. Beulin avait dénoncé une "inflation de normes qui nous éloignent des normes europénnes", "une compétitivité malmenée et des secteurs menacés".

Sans compter "l'embargo russe, dernier coup de grâce" porté depuis l'été dernier à l'agroalimentaire européen. Le patron de la FNSEA a également fait siffler "les postures idéologiques" en matière d'environnement, ou la protection du loup, qui fait qu'"en France, notre beau pays, on élève les brebis pour nourrir les loups".

Les agriculteurs, "meilleurs écologistes de notre pays"

En retour, M. Valls a assuré à l'auditoire qu'à ses yeux, "les agriculteurs, les paysans sont aujourd'hui les meilleurs écologistes de notre pays". "Sachez que le gouvernement est à votre écoute et à vos côtés pour accompagner l'évolution de vos métiers", a-t-il promis. C'était jeudi le troisième rendez-vous public de l'hôte de Matignon avec le monde agricole, après le congrès des Jeunes agriculteurs en septembre 2014 et le salon de l'agriculture le mois dernier à Paris. "Comme quoi le maire d'Evry peut être populaire chez les agriculteurs!" a-t-il remarqué en quittant la tribune, flattant en passant "l'âme de paysan en chacun d'entre nous".

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