Rémy Labarthe, de l'ovale à la voile

Il y a des aventures qui dépassent largement le strict cadre du sport. Celle qu’est en train de vivre l’Aveyronnais Rémy Labarthe fait assurément partie de celles-là. Choisi pour intégrer le team Jolokia, cet ancien rugbyman de 40 ans va naviguer sur l’année 2015 à bord d’un voilier hypervitaminé lors de prestigieuses courses au large.

Évidemment avec l’esprit de compétition qu’il aime tant, mais aussi, voire surtout, avec en ligne de mire une analyse comportementale et des fins sociologiques. Car voilà tout le sel de ce projet : l’équipage de team Jolokia, dont le point de chute se trouve à Lorient, a été recruté pour sa diversité. «Du coup, il y a une énorme dimension collective», raconte celui qui retrouve un peu du liant de la mêlée rugbystique dans laquelle il s’épanouissait auparavant à Decazeville, Cahors ou Figeac.

 «Laboratoire sociologique» 

Et comme l’affiche de la formation l’indique fièrement, ce «laboratoire sociologique» compte entre autres «menuisière, amputé fémoral, senior, urgentiste, malvoyant, débutant, québécois, cité parisienne, paraplégique, pilote de ligne, montagnard, italien, non-voyant, espagnole et... rugbyman.»

Une diversité, plurielle vous l’aurez compris, qui veut prouver, selon la communication de l’équipage, que «bien intégrée en amont, (elle) constitue un réel levier de progrès qui pousse l’équipe à se mobiliser, à innover et à se surpasser.» Et le maître nageur qui vit à Figeac mais travaille à Rodez d’appuyer : «Des chercheurs en sociologie sont associés à tout ça. Et l’intérêt, c’est de pouvoir transposer les résultats au monde professionnel. Prouver que l’on peut atteindre ensemble une vraie performance professionnellement parlant.»

Passionné 

Cette aventure extraordinaire a débuté presque par hasard pour Rémy Labarthe mais il l’espère déjà plus longue qu’une simple saison. «Je suis un passionné de voile depuis tout petit, nous confiait-il récemment alors que vendredi, il sera sur le pont de Jolokia à s’agiter au «grinder» pour un convoyage entre Lorient et La Rochelle. Depuis qu’avec mes parents, on partait à la mer, en réalité. J’étais fasciné par l’esthétique des voiliers; puis, plus tard, par leur fonctionnement.»

Premier voilier à Pareloup 

Et s’il dit aussi «avoir toujours eu cette idée qu’un jour (il) ferait de la voile», c’est en feuilletant Voiles et Voiliers, un magazine spécialisé, que tout a commencé. «J’ai vu une annonce qui disait “trop normal s’abstenir“», se souvient dans un rire celui dont le premier voilier habitable mouillait sur le lac de Pareloup. Mais la date limite de dépôt des candidatures était déjà passée.

Qu’à cela ne tienne, le bonhomme vivant jusque-là sa passion à La Rochelle sur Addiction, un voilier de 28 pieds, attend la promotion suivante. Cela renvoie à l’automne 2014 et des 130 dossiers étudiés, il fera partie des 44 présélectionnés. Suivront des tests écrits, oraux, de voile, psychologiques aussi. Tout un cheminement dont il sortira élu. Et en cohérence totale avec ce qui fait battre le cœur de cette équipe de bénévoles: mieux vivre ensemble pour être plus performant.