Irruption des Femen, père encombrant, journalistes agressés: 1er mai gâché pour Marine Le Pen

  • Marine Le Pen s'adresse aux sympathisants du FN le 1er mai 2015 place de l'Opéra à Paris
    Marine Le Pen s'adresse aux sympathisants du FN le 1er mai 2015 place de l'Opéra à Paris AFP - KENZO TRIBOUILLARD
  • Trois Femen ont perturbé le 1er mai 2015 la manifestation du FN en se montrant seins nus sur un balcon donnant sur la Place de l'Opéra à Paris, où elles ont déployé des banderoles portant l'inscription "Heil Le Pen" et ont fait le salut nazi
    Trois Femen ont perturbé le 1er mai 2015 la manifestation du FN en se montrant seins nus sur un balcon donnant sur la Place de l'Opéra à Paris, où elles ont déployé des banderoles portant l'inscription "Heil Le Pen" et ont fait le salut nazi AFP - THOMAS SAMSON
  • Jean-Marie Le Pen s'adresse à la foule alors que sa fille Marine passe, lors de la manifestation du 1er mai à Paris
    Jean-Marie Le Pen s'adresse à la foule alors que sa fille Marine passe, lors de la manifestation du 1er mai à Paris AFP - KENZO TRIBOUILLARD
  • La députée Marion Marechal-Le Pen et le sénateur et maire de Fréjus David Rachline participent de la manifestation du Front national le 1er mai 2015 à Paris
    La députée Marion Marechal-Le Pen et le sénateur et maire de Fréjus David Rachline participent de la manifestation du Front national le 1er mai 2015 à Paris AFP - THOMAS SAMSON
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Centre Presse Aveyron

Journée noire vendredi pour Marine Le Pen : trois Femen faisant le salut nazi ont interrompu durant cinq minutes son discours lors du traditionnel défilé FN du 1er mai, deux équipes de journalistes ont été agressées par des militants, et Jean-Marie Le Pen s'est imposé sur scène au début de son intervention.

Sous la pluie battante, la journée frontiste sur les pavés parisiens avait déjà mal commencé : juste avant le dépôt de gerbe au pied de la statue de Jeanne d'Arc, trois premières Femen avaient tenté, seins nus, d'approcher la présidente du Front National avant d'être évacuées sans ménagement par le service d'ordre frontiste.

Une heure plus tard, trois autres Femen, toujours seins nus, sont apparues alors que Marine Le Pen commençait son discours à la tribune, cette fois sur un balcon donnant sur la place de l'Opéra, fumigène à la main, avec des banderoles portant l'inscription "Heil Le Pen" en caractères gothiques sur fond rouge, et faisant le salut nazi.

Les trois militantes ont ensuite été évacuées brutalement par trois hommes du service d'ordre du parti -- "très professionnellement", a estimé plus tard le vice-président du parti Florian Philippot. "Nous avons révélé le vrai visage fasciste du FN", a estimé l'une des trois Femen délogées, Sarah Constantin.

Manifestement déstabilisée, Marine Le Pen a dû suspendre plusieurs minutes son discours. Elle a annoncé en fin d'après-midi une plainte pour "violences volontaires" et pour "atteinte à la liberté de manifester".

Les six Femen, elles, ont été interpellées avant d'être relâchées. Visées par une enquête pour exhibition sexuelle, elles ont elles-mêmes l'intention de porter plainte pour violation de domicile, violences et arrestations arbitraires contre les hommes du service d'ordre du FN qui les ont évacuées du balcon, a assuré Elvire D. Charles, membre des Femen.

Peu auparavant, c'est ce "sacripant" de Jean-Marie Le Pen, selon l'épithète d'une proche, qui s'est littéralement invité sur scène pour saluer la foule, repartant tout aussi vite, sous le regard médusé de sa fille, sans assister au discours.

Des incidents visant cette fois des journalistes ont aussi terni la journée: des journalistes de Canal+ mais aussi de France 5 ont déclaré avoir été frappés par des militants FN avant d'être exfiltrés par le service d'ordre.

- 'Stupides querelles' -

Brouillée avec son père depuis près d'un mois après qu'il eut répété son opinion sur les chambres à gaz nazies, "détail" de l'Histoire, Marine Le Pen avait en début de matinée expliqué vouloir faire de cette journée "un 1er mai conquérant".

Mais le président d'honneur du FN, déjà, avait mis son grain de sel. Privé de tribune comme en 2013, il a attendu, brins de muguet à la boutonnière, le dépôt d'une gerbe par sa fille près de la statue de Jeanne d'Arc pour venir ensuite en déposer une lui-même au milieu d'une cohue médiatique, entouré de partisans dont certains criaient "Jean-Marie président!".

Place de l'Opéra, un peu moins de 4.000 personnes, de source policière (4.000 selon le FN), ont ensuite assisté au discours d'un peu moins d'une heure de Marine Le Pen, qui a évoqué la "France éternelle" et salué la "dynamique" du "premier parti de France", insistant sur l'immigration et sur les "technocrates bruxellois" qui auraient volé le pouvoir à une France "hors de contrôle".

Mais les problèmes internes n'étaient pas loin: "Nous n'avons plus de temps à perdre dans des stupides querelles et des faux débats", a-t-elle mis en garde.

Son père devra répondre lundi de ses propos controversés devant un bureau exécutif extraordinaire, réuni en instance disciplinaire, qui doit décider d'éventuelles sanctions et qui s'annonce tendu.

Pour Wallerand de Saint Just, trésorier du FN, "on ne peut pas se cacher derrière son petit doigt: (ses) déclarations pèsent sur le FN". "Je suis disposé à ce que le bureau disciplinaire dure toute la nuit", a-t-il ajouté.

Marie-Christine Arnautu, proche de "Le Pen", a elle qualifié de "surréaliste" l'hypothèse d'une "exclusion" --peu probable toutefois-- et critiqué ceux qui vont donner leur "petite opinion à la télé".

Probablement l'un de ceux visés par cette remarque, Florian Philippot, vice-président du parti, a lui attaqué Jean-Marie Le Pen, "vieux chanteur qui a du mal à partir et qui veut faire un dernier tour de scène". Il "vient d'alourdir son dossier", a-t-il lâché.

Les adversaires du FN n'ont pas gâché leur plaisir: le Premier ministre Manuel Valls a regretté dans un tweet le "spectacle effrayant d'une extrême droite qui ne change pas", tandis que Nicolas Sarkozy a assuré qu'"outrance et violence n'ont pas leur place" le 1er mai.

De son côté, la maire PS de Paris Anne Hidalgo a elle rendu hommage à Brahim Bouarram mort noyé dans la Seine il y a 20 ans jour pour jour après avoir été poussé par des militants d'extrême droite après le défilé du FN.

Source : AFP

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