Areva va supprimer 5.000 à 6.000 postes dans le monde

  • François Nogué, directeur des ressources humaines chez Areva, répond aux journalistes au siège social du groupe à La Défense, le 7 mai 2015
    François Nogué, directeur des ressources humaines chez Areva, répond aux journalistes au siège social du groupe à La Défense, le 7 mai 2015 AFP - ERIC PIERMONT
  • Les effectifs du groupe nucléaire français Areva
    Les effectifs du groupe nucléaire français Areva AFP - P. Deré/A.Bommenel
  • Le siège d'Areva dans le quartier d'affaires de La Défense, près de Paris, le 7 mai 2015
    Le siège d'Areva dans le quartier d'affaires de La Défense, près de Paris, le 7 mai 2015 AFP - ERIC PIERMONT
  • Le coordinateur CGT d'Areva, Pascal Evariste, répond à des questions des journalistes, le 7 mai 2015 devant le siège du groupe nucléaire français à La Défense, près de Paris
    Le coordinateur CGT d'Areva, Pascal Evariste, répond à des questions des journalistes, le 7 mai 2015 devant le siège du groupe nucléaire français à La Défense, près de Paris AFP - ERIC PIERMONT
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Centre Presse Aveyron

Le spécialiste du nucléaire Areva, en difficulté financière, a annoncé jeudi qu'il allait supprimer 5.000 à 6.000 emplois dans le monde, dont 3.000 à 4.000 en France, dans le cadre de son plan de redressement, une première pour le groupe public.

Le chiffre exact dépendra de l'issue des négociations avec les syndicats, a précisé le groupe, qui vise une réduction de ses frais de personnel "de l'ordre de 15% en France et de 18% au total au niveau mondial" via ces suppressions de postes, mais aussi des mesures de mobilité interne, de modération des rémunérations ou encore de réorganisation du temps de travail.

Les frais de personnel d'Areva atteignent aujourd'hui 3,3 milliards d'euros, un niveau qui n'est plus soutenable par rapport aux 8,3 milliards de chiffre d'affaires du groupe, confronté à la stagnation du marché du nucléaire, a souligné le directeur des ressources humaines François Nogué, au cours d'une réunion avec la presse.

Le groupe, détenu à près de 87% par des capitaux publics, emploie actuellement environ 44.000 personnes dans le monde, dont 29.000 en France.

Ce volet social permettra de réaliser environ les deux tiers du plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici à 2018 annoncé en mars, tandis que les efforts sur les achats assureront le tiers restant, a précisé le groupe.

- 'Eviter des licenciements contraints' -

Ce plan d'économies "est nécessaire si nous voulons être en capacité d'assurer nos investissements, notre développement", a affirmé M. Nogué, rappelant que l'excédent brut d'exploitation dégagé par Areva ne suffisait pas actuellement à financer ses investissements.

"L'effort sera plus important pour les fonctions support, +corporate+ et siège", afin de préserver les compétences du groupe dans les activités nucléaires, a-t-il ajouté. Selon le groupe, les seules fonctions support (ressources humaines, administratif, comptabilité...) représentent 5.800 salariés dans l'ensemble du groupe, dont près de 4.100 en France.

Les bonus variables, qui concernent environ 5.000 cadres, vont baisser significativement, a aussi souligné le DRH.

Le géant français de l'atome a rencontré jeudi matin les cinq organisations syndicales représentatives du groupe pour les informer de ces mesures. Une première séance de négociation est prévue le 12 mai, suivies d'autres jusqu'en juin, pour fixer la méthode et les dispositifs d'accompagnement des salariés.

S'engagera ensuite la phase d'information et consultation des instances représentatives du personnel, jusqu'en octobre ou novembre.

Le directeur général d'Areva, Philippe Knoche a répété à plusieurs reprises que le groupe ferait tout pour que les éventuels départs se fassent sur la base du volontariat.

Le gouvernement est sur la même ligne: le ministère de l'Economie a indiqué dans une déclaration à l'AFP qu'il avait "demandé à Areva que tout soit mis en œuvre pour éviter des licenciements contraints". Emmanuel Macron a précisé qu'il recevrait les syndicats du groupe le 22 mai.

De leur côté, CGT, CFDT, CFE-CGC, FO et Unsa ont dénoncé dans un communiqué commun "les efforts demandés aux seuls salariés sans ouvrir aucune perspective sur le maintien de la filière". "Seules les problématiques financières inquiètent nos dirigeants", déplorent les signataires, qui estiment que les mesures annoncées "ne sont pas à la hauteur des besoins importants de financement de l'entreprise, qui se chiffrent en milliards d'euros".

Areva, qui a accusé une perte nette de près de 5 milliards d'euros l'an dernier, a déjà annoncé la suppression de 1.500 postes en Allemagne d'ici à 2017. Il a aussi engagé un plan de départs de "quelques centaines" de personnes aux Etats-Unis et licencié 170 salariés au Niger sur sa mine d'uranium d'Imouraren, dont le chantier est suspendu depuis août.

- Plan de financement toujours attendu -

Areva doit également parachever son plan de financement, qui reposera notamment sur un rapprochement avec l'électricien public EDF, déjà proche partenaire du groupe dans le nucléaire.

Alors que les discussions sur la future stratégie se poursuivent, notamment avec l'Etat, deux scénarios sont sur la balance: une cession totale de la branche Areva NP (réacteurs et ingénierie) à EDF ou un rapprochement de l'ingénierie sous le contrôle d'EDF.

Dans ce scénario, Areva pourrait rechercher à l'extérieur des partenaires dans certaines de ses activités (mines, réacteurs, maintenance, etc.).

Des informations de presse ont notamment rapporté l'intérêt d'Engie (ex-GDF Suez) pour les activités de maintenance des réacteurs, ou encore celui des géants chinois du nucléaire CGN et CNNC, déjà partenaires d'Areva et EDF sur la construction de deux EPR en Chine, pour la division réacteurs.

CNNC s'est dit publiquement "ouvert à toutes formes de coopération" et a évoqué des "contacts préliminaires" à ce sujet. Jeudi, les dirigeants d'Areva s'en sont tenus à rappeler l'existence de liens de partenariat avec les groupes chinois.

L'action Areva a terminé la séance de jeudi en net recul de 4,54% à 7,95 euros dans un marché en baisse de 0,29%.

Source : AFP

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