Yémen: Washington exhorte les rebelles à accepter une proposition de trêve

  • Le chef de la diplomatie de l'Arabie saoudite Adel al-Jubeir (d) et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le 7 mai 2015 à Ryad
    Le chef de la diplomatie de l'Arabie saoudite Adel al-Jubeir (d) et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le 7 mai 2015 à Ryad POOL/AFP - Andrew Harnik
  • Un jeune garçon veille le 6 mai 2015 un combattant mort lors d'affrontements avec les rebelles chiites Houthis dans la ville de Taez
    Un jeune garçon veille le 6 mai 2015 un combattant mort lors d'affrontements avec les rebelles chiites Houthis dans la ville de Taez AFP - ABDEL RAHMAN ABDALLAH
  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) et le roi Salman d'Arabie saoudite, le 7 mai 2015 à Ryad
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) et le roi Salman d'Arabie saoudite, le 7 mai 2015 à Ryad POOL/AFP - Andrew Harnik
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Centre Presse Aveyron

L'Arabie saoudite a proposé jeudi un cessez-le-feu de cinq jours au Yémen pour acheminer une aide humanitaire vitale à la population, une proposition saluée par les Etats-Unis qui ont exhorté les rebelles Houthis soutenus par l'Iran à l'accepter.

"Le royaume (saoudien) pense qu'il peut y avoir un cessez-le-feu de cinq jours au Yémen pour coordonner avec les organisations internationales l'acheminement d'une aide humanitaire", a déclaré le chef de la diplomatie Adel al-Jubeir lors d'une conférence de presse à Ryad avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

M. Jubeir a estimé toutefois que cette trêve ne pouvait se matérialiser que "si les (rebelles) Houthis et leurs alliés (des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh) y souscrivent, n'empêchent pas les efforts humanitaires et ne lancent pas d'actions agressives".

M. Kerry a, de son côté, relevé que "ce cessez-le-feu dépend des Houthis" et demandé avec force aux rebelles "et à ceux qui les soutiennent (...) d'utiliser leur influence pour ne pas rater cette occasion majeure de répondre aux besoins de la population yéménite et de trouver les moyens de parvenir à la paix au Yémen".

M. Kerry était arrivé mercredi soir à Ryad avec l'ambition d'obtenir des Saoudiens une "pause humanitaire" pour venir en aide à la population durement affectée par l'escalade d'un conflit qui a débuté le 26 mars.

C'est à cette date que Ryad a pris la tête d'une alliance de neuf pays arabes pour empêcher les Houthis, issus de la minorité zaïdite chiite, de prendre le contrôle total du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique frontalier de l'Arabie saoudite.

L'opération s'est limitée à une campagne de bombardements aériens qui ont réduit les moyens militaires des Houthis sans toutefois briser leur résistance. Ils contrôlent toujours la capitale Sanaa et ne cèdent pas de terrain ailleurs, comme les villes de Taëz (sud-ouest) et surtout d'Aden (sud).

Les rebelles yéménites sont restés sourds à une première proposition saoudienne de trêves ponctuelles, dans des zones bien définies, pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.

Au contraire, ils ont multiplié les bombardements contre le sud du territoire saoudien, tuant dix civils mardi et mercredi, alors que jusqu'ici, ils n'avaient visé que des militaires.

Jeudi, de nouveaux obus sont tombés en territoire saoudien sans faire de victime, alors qu'un hélicoptère d'assaut de la coalition de type Apache, faisait un atterrissage d'urgence dans la même région, un incident sans rapport avec d'éventuels tirs de Houthis, selon Ryad.

- Pas d'assaut terrestre -

M. Kerry a écarté l'idée d'une opération terrestre au Yémen, souvent évoquée comme un complément indispensable aux raids aériens. "Ni l'Arabie saoudite, ni les Etats-Unis ne parlent de l'envoi de troupes au sol au Yémen", a-t-il affirmé au lendemain d'un appel du gouvernement yéménite en exil en faveur du déploiement d'une "force terrestre".

M. Kerry a été reçu jeudi par le roi Salmane, après avoir rencontré le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé à Ryad. Il avait été reçu, dès son arrivée mercredi soir à Ryad, par le prince héritier Mohammed ben Nayef.

Washington soutient la coalition mais a commencé à "sérieusement s'inquiéter" du sort de la population civile au Yémen prise au piège d'un conflit de plus en plus violent.

Le coordinateur des Affaires humanitaires de l'ONU au Yémen Johannes Van Der Klaauw a demandé jeudi l'arrêt "immédiate des attaques contre les hôpitaux et les autres infrastructures civiles".

Il réagissait à des tirs d'obus, attribués aux Houthis, mercredi à Aden, qui ont fait 38 morts parmi des civils fuyant les combats.

Selon lui, le conflit a déjà fait plus de 1.600 morts et 6.000 blessés, en majorité des civils.

L'ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et des organisations humanitaires ont qualifié de "catastrophique" la situation de millions de civils au Yémen, où des pénuries de carburant menacent le fonctionnement des hôpitaux et la distribution des secours.

Human Rights Watch a affirmé que les rebelles devraient tout faire pour minimiser l'impact de la guerre sur les civils et punir ceux responsables d'abus. "Les attaques délibérées contre des civils et les prises d'otages sont des crimes de guerre".

L'Iran, qui dément toute fourniture d'armes aux Houthis, a annoncé l'envoi samedi de 2.500 tonnes d'aide humanitaire au Yémen. L'aide devrait être acheminée par un bateau du Croissant-Rouge iranien, mais son arrivée dans ce pays reste tributaire d'un accord de la coalition arabe qui impose un blocus au Yémen.

"Nous demeurons inquiets devant les actions déstabilisatrices de l'Iran dans la région", a répété John Kerry à Ryad.

Source : AFP

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