Arabie: prison et coups de fouet confirmés pour le blogueur Badaoui

  • Ensaf Haidar, l'épouse du blogueur saoudien emprisonné Raef Badaoui, le 21 mai 2015 à Berlin
    Ensaf Haidar, l'épouse du blogueur saoudien emprisonné Raef Badaoui, le 21 mai 2015 à Berlin AFP/Archives - John Macdougall
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Centre Presse Aveyron

La Cour suprême d'Arabie saoudite a confirmé la peine de 10 ans de prison et de 1.000 coups de fouet contre le blogueur saoudien Raef Badaoui pour "insulte à l'islam", a indiqué dimanche son épouse en se disant "choquée" par cette décision irrévocable.

La situation de Raef Badaoui a suscité l'indignation à travers le monde et Amnesty International a dénoncé une "journée noire pour la liberté d'expression" à la suite de la décision judiciaire.

"La Cour suprême a confirmé la décision d'infliger à Raef 10 ans de prison, 10 ans d'interdiction de sortie du royaume et 1.000 coups de fouet", a déclaré à l'AFP son épouse Ensaf Haidar, en précisant que la condamnation comportait aussi une amende d'un million de riyals (266.000 dollars).

Interrogée au téléphone depuis le Canada où elle s'est réfugiée avec ses trois enfants, Mme Haidar s'est dite "choquée" par la décision que la Cour suprême a rendue "trois mois après avoir été saisie de l'affaire".

L'épouse du blogueur, qui a fait campagne en Europe pour défendre la cause de Raef Badaoui, n'a pas caché sa déception après "cette décision de la Cour suprême, finale et sans appel".

"J'espérais qu'à l'approche du ramadan (le mois de jeûne musulman, qui commence vers le 17 juin) et avec le nouveau roi en Arabie saoudite, les prisonniers d'opinion dans le royaume, dont Raef, soient graciés", a-t-elle ajouté.

Lors d'une conférence de presse fin mai à Paris, elle avait indiqué que le but de sa campagne "n’est pas de faire pression sur Ryad, mais de communiquer sur un cas humanitaire, celui de mon mari qui a toujours prôné la paix et la liberté, et qui aujourd’hui manque cruellement à sa famille".

- Flagellé une fois -

Raef Badaoui avait été condamné en 2014 à 10 ans de prison et à 1.000 coups de fouet (cinquante par semaine pendant vingt semaines) pour "insulte à l'islam".

Il a subi une première séance de flagellation le 9 janvier, mais les séances suivantes ont été repoussées, d'abord pour des raisons de santé, puis pour des motifs non précisés.

Mme Haidar a indiqué craindre que les séances de flagellation reprennent rapidement, peut-être "à partir de la semaine prochaine".

Animateur du site internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, Raef Badaoui est emprisonné depuis 2012.

Farouche défenseur de la liberté d'expression, son site internet avait demandé la fin de l'influence religieuse dans le royaume saoudien, régi par le wahhabisme, une stricte version de l'islam.

La condamnation de Raef Badaoui à la prison et à la flagellation a été condamnée un peu partout dans le monde, l'ONU dénonçant une sentence "inhumaine" et de nombreuses associations de défense des droits de l'Homme exigeant la libération immédiate du blogueur.

Dimanche, Amnesty International s'est insurgée contre la décision de la Cour suprême saoudienne. "Il est odieux que ce jugement cruel et injuste ait été maintenu", a dit Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-orient et l'Afrique du nord.

En refusant de revenir sur cette condamnation, les autorités saoudiennes "ont fait montre d'un mépris impitoyable vis-à-vis de la justice et des dizaines de milliers de voix qui ont appelé à sa libération immédiate et inconditionelle à travers le monde", a-t-il ajouté.

L'Arabie saoudite a dénoncé la campagne médiatique autour de Raef Badaoui, rejetant toute "ingérence" et toute critique contre son système judiciaire.

Source : AFP

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