Nouvelle évacuation d'un campement de migrants à Paris

  • Des manifestants se heurtent aux forces de l'ordre lors de l'évacuation de plusieurs dizaines de migrants d'un campement improvisé dans un quartier populaire du nord de Paris, le 8 juin 2015
    Des manifestants se heurtent aux forces de l'ordre lors de l'évacuation de plusieurs dizaines de migrants d'un campement improvisé dans un quartier populaire du nord de Paris, le 8 juin 2015 AFP - FRANCOIS GUILLOT
  • "Où se trouve la cour européenne des droits de l'Homme ?" demande un migrant dans un bus d'évacuation de la police, le 8 juin 2015 devant la bibliothèque Vaclav Havel dans le XVIIIe arrondissement de Paris
    "Où se trouve la cour européenne des droits de l'Homme ?" demande un migrant dans un bus d'évacuation de la police, le 8 juin 2015 devant la bibliothèque Vaclav Havel dans le XVIIIe arrondissement de Paris AFP - FRANCOIS GUILLOT
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Centre Presse Aveyron

Plusieurs dizaines de migrants ont été délogés lundi d'un quartier populaire du nord de Paris par les forces de l'ordre, alors que depuis le démantèlement le 2 juin du campement de La Chapelle, clandestins et policiers jouent au chat et à la souris.

Escorté par des CRS et des gendarmes, un bus rempli de migrants a quitté la bibliothèque Vaclav-Havel, rue Pajol, peu après 16H00. Selon le préfet de police de Paris Bernard Boucault, 84 personnes ont été emmenées au commissariat où il leur a été demandé, avec l'aide de cinq interprètes, s'ils souhaitent solliciter l'asile.

"Maintenant on applique la loi. Ceux qui ne veulent pas demander l'asile n'ont pas vocation à rester sur le territoire", a-t-il affirmé lors d'un point-presse.

Aucun des migrants interrogés -- essentiellement des Erythréens, des Soudanais et des Ethiopiens -- n'a selon lui souhaité s'engager dans une procédure. "Qu'un Érythréen ne demande pas l'asile est incompréhensible", a-t-il ajouté, en s'interrogeant sur une "instrumentalisation" des migrants.

Venus les soutenir lors de l'évacuation, une quarantaine de militants et d'élus arborant des écharpes tricolores ont crié leur "solidarité avec les réfugiés".

Les forces de l'ordre ont brièvement fait usage de gaz lacrymogène pour disperser le rassemblement, interpellant plusieurs militants.

Le patron du Parti communiste, Pierre Laurent, s'est dit "révolté" par le comportement du Premier ministre Manuel Valls "qui envoie la force publique contre les réfugiés de la halle Pajol", sur Twitter.

Une réaction qui a fait bondir le secrétaire d'État aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen: "C'est l'outrance, la polémique, une récupération". "Il y a des problèmes de migration qui ont lieu sur notre pays pour lequel notre gouvernement applique les règles de l'état de droit avec humanité", a-t-il assuré sur iTÉLÉ.

Ces migrants s'étaient installés près de la halle Pajol depuis plusieurs jours, une poignée y dormant la nuit et les autres venant la journée, notamment bénéficier du soutien d'associations (nourriture, vêtements).

- Un lieu d'accueil réclamé -

Ils affirmaient camper là faute d'endroit où aller après l'évacuation, le 2 juin par la police, d'un campement proche de La Chapelle, dans le même quartier, où près de 350 personnes, principalement des Soudanais et des Érythréens, s'entassaient depuis des mois dans des conditions indignes.

Mais selon le préfet d'Ile-de-France Jean-François Carenco, il ne s'agissait "pas nécessairement" des personnes qui se trouvaient auparavant à La Chapelle.

"Nous avons un problème à gérer mais la France est une terre d'asile", a-t-il assuré.

En amont de l'évacuation du campement de La Chapelle "nous avions pris un engagement pour 376 personnes, nous avons offert 100 places de plus entre temps. L'humanité de l'administration est entière", a martelé M. Boucault.

Vendredi, plusieurs dizaines de migrants qui s'étaient ensuite installés devant l'église Saint-Bernard, restée célèbre depuis son occupation par des sans-papiers en 1996, avaient également été évacués par les forces de l'ordre.

"Quelqu'un peut-il m'expliquer la différence entre ce que faisait la droite en 1996 à l'église Saint-Bernard et ce que fait ce gouvernement?", s'est interrogé le secrétaire national du Parti de gauche, Alexis Corbière.

Des associations et certains élus de gauche ont critiqué la brièveté, voire l'absence, d'hébergement proposé aux migrants délogés de La Chapelle. Les pouvoirs publics avaient assuré que chacun se verrait pris en charge en fonction de sa situation (demandeurs d'asile, familles avec enfants...).

La Ville de Paris a jugé que les personnes délogées lundi de la rue Pajol "sont soit des personnes évacuées de La Chapelle et qui n'ont pas accepté l'offre d'hébergement, soit de nouveaux arrivants, car chaque jour Paris accueille de nouveaux migrants".

Les élus du groupe écologiste au conseil de Paris ont "solennellement" demandé au maire Anne Hidalgo l'ouverture d'un lieu d'accueil "dès ce soir".

"Évacuer pour mieux reloger aux frais du contribuable, à quoi bon ? Il faut expulser du territoire national tous les clandestins", s'est pour sa part exclamé le secrétaire général du Front national, Nicolas Bay.

Source : AFP

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