Egypte: 11 peines de mort confirmées pour des supporteurs

  • Portraits des victimes des émeutes entre supporteurs en 2012 à Port Saïd, affichés le 1er février 2014 dans le stade Mokhtar El-Tetsh au Caire
    Portraits des victimes des émeutes entre supporteurs en 2012 à Port Saïd, affichés le 1er février 2014 dans le stade Mokhtar El-Tetsh au Caire AFP/Archives - Mohamed el-Shahed
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Centre Presse Aveyron

Un tribunal égyptien a confirmé mardi les peines de mort infligées à 11 supporteurs pour des émeutes ayant fait 74 morts dans un stade après un match de football en février 2012 à Port-Saïd.

Ces violences s'étaient produites à l'issue d'un match de Première Ligue remporté par le club de Port-Saïd, Al-Masry, face aux stars cairotes d'Al-Ahly.

Les peines capitales, prononcées le 19 avril, ont été confirmées par le tribunal du Caire après l'avis non contraignant --et non public-- rendu par le mufti d'Egypte.

Quarante des 72 accusés poursuivis ont par ailleurs écopé de peines allant d'une à 15 années de prison. Parmi eux, deux membres de l'encadrement du club d'Al-Masry ont été condamnés à cinq ans de détention, tout comme deux haut responsables de la police accusés d'avoir facilité l'entrée des supporteurs armés et de les avoir laissés attaquer ceux de l'équipe adverse.

21 autres accusés ont été acquittés, dont sept responsables de la police.

Les émeutes de Port-Saïd (nord-est) sont les plus meurtrières qu'ait connues l'Egypte en marge de matches de football.

Les jeunes "ultras" avaient activement participé à la révolte populaire qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak début 2011. Le soulèvement était notamment mené en protestation contre les violences policières.

Depuis, la police est régulièrement soupçonnée de ne pas intervenir, sciemment, lors de heurts entre supporteurs, par vengeance. C'est ce qui s'est passé à Port-Saïd, selon les supporteurs d'Al-Masry et les avocats des jeunes accusés.

- 'La justice est corrompue' -

"Où est la justice? Ils ont libéré les policiers qui ont fermé les portes (du stade) sur nos enfants", hurlait la mère d'une victime, en larmes, à l'extérieur de l'académie de police où siégeait le tribunal.

"Ils se moquent de nous. La justice est corrompue, ce pays est corrompu. Les jeunes sont morts, et on a des peines de prison de 10 ans et de cinq ans, et les policiers sont acquittés", s'est insurgé le père d'une autre victime.

Après Port-Saïd, pour éviter d'éventuelles nouvelles violences, le gouvernement avait imposé le huis clos pour toutes les rencontres de Première Ligue.

Mais le 8 février dernier, alors que les autorités avaient recommencé à autoriser le public à assister à certains matches, en nombre restreint, 19 supporteurs avaient été tués à l'entrée d'un stade du Caire, avant la rencontre entre Zamalek, le deuxième club-phare de l'Egypte, et l'équipe d'Enppi.

Les victimes, piégées dans une étroite cage les canalisant vers l'entrée du stade, avaient succombé dans une bousculade provoquée selon de nombreux témoignages par les tirs intenses de grenades lacrymogènes par des policiers.

La police, qui réfute cette thèse et accuse l’opposition islamiste d'avoir organisé ces violences, a arrêté 16 personnes, dont 12 supporteurs, qui ont été traduites en justice et sont notamment jugées pour meurtres.

Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet 2013, ses partisans sont la cible d'une sanglante répression de la part du pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée qui renversa le premier chef de l'Etat élu démocratiquement en Egypte.

En mai, la justice a par ailleurs prononcé la dissolution des groupes ultras et proscrit leurs activités.

Source : AFP

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