Des milliers de réfugiés syriens bloqués à la frontière turque

  • Les forces de sécurité turques repoussent des réfugiés syriens tentant de franchir la frontière, le 13 juin 2015 au point de passage frontalier de Akçakale
    Les forces de sécurité turques repoussent des réfugiés syriens tentant de franchir la frontière, le 13 juin 2015 au point de passage frontalier de Akçakale AFP - BULENT KILIC
  • Des Syriens ayant quitté la ville de Tal Abyad en Syrie, au point de passage frontalier de Akçakale en Turquie, le 13 juin 2015
    Des Syriens ayant quitté la ville de Tal Abyad en Syrie, au point de passage frontalier de Akçakale en Turquie, le 13 juin 2015 AFP - BULENT KILIC
  • Des membres du groupe EI demandent aux habitants de retourner dans leur ville en Syrie, à la frontière avec la Turquie, le 13 juin 2015
    Des membres du groupe EI demandent aux habitants de retourner dans leur ville en Syrie, à la frontière avec la Turquie, le 13 juin 2015 AFP - BULENT KILIC
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Centre Presse Aveyron

Des milliers de Syriens étaient bloqués dimanche à la frontière turque, après avoir fui les combats entre les jihadistes et les forces kurdes qui s'apprêtent à lancer l'assaut pour leur reprendre la ville stratégique de Tall Abyad.

En moins de quatre jours, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), appuyées par des rebelles syriens et les frappes aériennes de la coalition internationale antijihadiste, sont arrivées à 5 km de Tall Abyad, une agglomération stratégique pour le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui l'utilise pour le passage de ses combattants.

Des milliers d'habitants de cette ville mixte arabe et kurde ont fui les combats, espérant se réfugier en Turquie. Mais dimanche matin, ils attendaient toujours devant les barbelés, l’armée turque ne laissant personne entrer et utilisant même sporadiquement des canons à eau pour les tenir à l'écart, a constaté un photographe de l’AFP.

Le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus, avait annoncé mercredi que, confronté à un nouvel afflux de réfugiés, son pays allait fermer localement sa frontière, "sauf en cas de tragédie humanitaire".

- Réfugiés sans abri -

Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, 15.000 réfugiés sont entrés en Turquie la semaine dernière avant la fermeture des frontières.

Il a accusé les combattants kurdes de prendre pour cibles les populations arabes et turkmènes, et exprimé son inquiétude face à l'avancée des forces kurdes, jugeant qu'ils pourraient constituer une menace à venir pour la Turquie.

Pour Ankara, le Parti de l'Union démocratique (PYD), aile politique des YPG, d'être la branche syrienne du PKK, les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan classés comme "terroristes" par la Turquie.

Les réfugiés de Tall Abyad ont passé la nuit coincés entre les combats et les barbelés et sans abri. On pouvait les entendre, depuis la Turquie, demander de l’aide et nombre d’entre eux tenaient des bouteilles vides, réclamant de l'eau, alors que les températures dépassent 35 degrés dans la journée.

Plus au nord-ouest, toujours sur la frontière avec la Turquie, au moins 35 tentes ont été installées pour les familles déplacées près de la ville de Kobané, libérée de l'EI en janvier, selon Mustafa Ebdi, un militant kurde.

Le porte-parole des YPG, Redur Xelil, a appelé les civils à ne pas fuir vers la frontière turque mais vers des villes à l'intérieur de la Syrie.

Samedi soir, le photographe de l'AFP a vu plusieurs combattants armés, vraisemblablement des jihadistes de l'EI, tout près des barbelés de la frontière se mêlant aux réfugiés, tandis que les soldats turcs les regardaient nerveusement de l'autre côté.

Une partie de la population est restée à Tall Abyad, où ne restaient samedi que 150 jihadistes, qui ont menacé de se retirer s'ils ne recevaient pas de renforts de Raqa, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Raqa, située au sud de Tall Abyad, est le principal fief de l'EI en Syrie.

"Mais les chefs à Raqa ne leur en enverront pas, parce que les raids de la coalition déciment" les troupes de l'EI, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Depuis son apparition en 2013, l'EI s'est imposé comme un acteur incontournable du conflit en Syrie, dont il contrôle désormais 50%, selon l'OSDH.

Une coalition menée par les Etats-Unis mène depuis 10 mois des frappes contre les positions de l'EI, permettant aux Kurdes de reprendre Kobané et d'autres localités mais sans vraiment parvenir à juguler la menace jihadiste.

- Libérer la frontière -

Samedi soir, les forces kurdes, qui ont lancé jeudi leur offensive contre Tall Abyad, se trouvaient à environ 5 km au sud-est de la ville, selon l'OSDH.

Sur le front sud-ouest, les YPG ont repris au moins 20 villages, a ajouté l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources à travers la Syrie.

"Ils sont à la périphérie est de Tall Abyad, mais le front sud-ouest est bien plus difficile, car il est plus peuplé", selon M. Abdel Rahmane.

Selon Arin Shekhmos, un militant kurde local qui se rend tous les jours sur le front avec les YPG, "Tall Abyad est presque entièrement encerclée".

L'objectif des forces kurdes est de prendre le contrôle de la totalité de la route allant de l'ouest à l'est de Tall Abyad.

D'après Mustafa Ebdi, les forces kurdes cherchent à couper une route vitale pour l'EI, reliant Tall Abyad jusqu'à Raqa, après avoir chassé les jihadistes de Soulouk, une localité proche.

L'EI, qui utilisait Soulouk comme base en hommes et en armes, s'en "est complètement retiré. Les Kurdes ratissent la ville et la débarrassent des mines et des véhicules piégés", selon M. Ebdi, qui souligne le rôle clé des raids de la coalition.

Source : AFP

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