Israël: un haut lieu du christianisme visé par un probable acte de haine

  • Un pompier éteint le 18 juin 2015 les derniers foyers de l'incendie ayant ravagé le sanctuaire chrétien de Tabgha en Israël, sur les rives du lac de Tibériade
    Un pompier éteint le 18 juin 2015 les derniers foyers de l'incendie ayant ravagé le sanctuaire chrétien de Tabgha en Israël, sur les rives du lac de Tibériade AFP - MENAHEM KAHANA
  • Un prêtre passe devant un mur du sanctuaire de Tabgha, sur les rives du lac de Tibériade, portant un graffiti en hébreu biblique qui appelle à chasser d'Israël les dieux païens
    Un prêtre passe devant un mur du sanctuaire de Tabgha, sur les rives du lac de Tibériade, portant un graffiti en hébreu biblique qui appelle à chasser d'Israël les dieux païens AFP - MENAHEM KAHANA
  • Une soeur dans le sanctuaire de Tabgha en Israël, ravagé par un incendie, le 18 juin 2015
    Une soeur dans le sanctuaire de Tabgha en Israël, ravagé par un incendie, le 18 juin 2015 AFP - MENAHEM KAHANA
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Centre Presse Aveyron

Le sanctuaire de Tabgha, haut lieu du christianisme en Israël construit sur le site présumé où le Christ aurait procédé à la multiplication des pains, a été endommagé par un incendie ayant toute les apparences d'un acte de haine religieuse.

Deux pièces du complexe entourant l'église de la Multiplication sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade ont été ravagées par le sinistre survenu dans la nuit de jeudi à mercredi. L'église elle-même n'a pas été atteinte.

"L'église, Dieu merci, est en bon état. Nous sommes heureux que l'église n'ait rien eu", a dit à l'AFP le père Matthias, de l'ordre des Bénédictins allemands qui administre le site.

Les flammes ont emporté la toiture, laissant apparaître le ciel à travers les solives calcinées. Des frères et des soeurs déambulaient attérés dans les pièces jonchées de décombres carbonisés, aux portes détruites par les flammes.

Deux personnes qui se trouvaient dans le bâtiment au moment de l'incendie ont été transférées à l'hôpital pour avoir inhalé de la fumée, a dit un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.

La suspicion d'un acte d'intolérance a été immédiate. Les auteurs ont laissé derrière eux, en grand et en rouge sur l'un des murs du complexe, un graffiti en hébreu biblique appelant à l'élimination d'Israël des idoles païennes.

Le graffiti est tiré d'une prière en hébreu biblique qui appelle à chasser d'Israël les dieux païens.

Depuis des années, des activistes d'extrême droite ou des colons se livrent en Israël et dans les Territoires palestiniens, sous le label "le prix à payer", à des agressions et des actes de vandalisme contre des Palestiniens, des Arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens, ou même l'armée israélienne.

- 'L'enquête se poursuit' -

Le site de Tabgha avait déjà été visé en avril 2014, peu avant la visite du pape en Terre sainte. Selon des responsables catholiques, de très jeunes juifs religieux avaient endommagé des croix et s'en étaient pris à des religieux.

En l'espace de quelques heures, la police israélienne a interpellé dans les environs immédiats seize jeunes juifs originaires de colonies de Cisjordanie, territoire palestinien tout proche sous occupation israélienne.

Dix d'entre eux vivent à Yitzhar, réputé comme un bastion radical situé sur les hauteurs de Naplouse, où certains colons ont déjà été impliqués dans des actes de haine.

Ils ont cependant été rapidement relâchés sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux, "après avoir été interrogés et avoir livré leur déposition. L'enquête se poursuit", a indiqué la police dans un communiqué.

Leur remise en liberté ne dissipe pas les soupçons d'un acte de haine religieuse.

"Entre le graffiti et l'incendie, si vous faites le rapprochement, vous pouvez déduire par vous-même qui a pu faire ça", a dit un conseiller de l'Eglise romaine catholique en Terre sainte, Wadie Abu Nassar, sur la radio publique. L'évènement suscitera l'émotion bien au-delà des frontières d'Israël, a-t-il prédit. "L'image internationale d'Israël va être atteinte", a-t-il dit.

“La profanation terrible d'un lieu de prière ancien et sacré est une atteinte à la substance même de notre pays", s'est ému le président israélien Reuven Rivlin, "l'Etat israélien et la société israélienne ont le devoir de protéger et de préserver les lieux saints de toutes les confessions".

L'ambassadeur allemand en Israël Andreas Michaelis s'est dit "choqué". "Je condamne fermement ces attaques et toutes les formes de violences" contre les lieux de prières ou contre ceux qui y officient, a-t-il dit dans un communiqué. Il a appelé à renforcer la protection des institutions religieuses.

Source : AFP

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