Uber jette l'éponge et suspend son service controversé UberPOP en France

  • Une personne utilise l'application UberPOP pour trouver un véhicule à Paris, en juin 2015
    Une personne utilise l'application UberPOP pour trouver un véhicule à Paris, en juin 2015 AFP/Archives - THOMAS OLIVA
  • Thibaud Simphal, directeur général de Uber France, à Paris le 19 mai 2015
    Thibaud Simphal, directeur général de Uber France, à Paris le 19 mai 2015 AFP/Archives - Miguel Medina
  • Carte réalisée le 26 juin montrant l'implantation des services de transport Uber et de leurs interdictions partielles ou totales à travers le monde
    Carte réalisée le 26 juin montrant l'implantation des services de transport Uber et de leurs interdictions partielles ou totales à travers le monde AFP - K. Tian/T.Saint-Cricq/Jules Bonn, K. Tian/T.Saint-Cricq/Jules Bonn
  • Comparatif des conditions d'autorisations et de l'offre de taxis, VTC et véhicules UberPop de l'américain Uber en France
    Comparatif des conditions d'autorisations et de l'offre de taxis, VTC et véhicules UberPop de l'américain Uber en France AFP - L.Saubadu/T.Saint-Cricq
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Centre Presse Aveyron

Uber jette l'éponge: la société américaine de VTC a annoncé vendredi qu'elle suspendait en France son service controversé UberPOP, qui a valu à deux de ses dirigeants un renvoi en correctionnelle dans la foulée d'un mouvement de colère des taxis.

Le Premier ministre Manuel Valls a salué ce développement, "démonstration que la fermeté du gouvernement, dans ce domaine-là comme dans bien d'autres, a payé", a-t-il assuré.

UberPOP "Uber a décidé de suspendre immédiatement UberPOP en France, dans l'attente de la décision que le Conseil constitutionnel doit rendre au sujet du service d'ici fin septembre", a précisé l'entreprise dans un communiqué, soulignant que cette décision intervient "à la suite des actes de violence de ces deux dernières semaines".

Une allusion aux manifestations de taxis, émaillées de violences, qui se sont déroulées la semaine dernière contre Uber, accusé de concurrence déloyale avec UberPOP dont les chauffeurs ne sont pas des professionnels du VTC (voitures de tourisme avec chauffeur) mais de simples particuliers.

Dans la foulée, l'application similaire Djump a aussi annoncé sur son site sa décision de suspendre son service "compte tenu des sanctions et actions qui ont pu être prises à l’encontre des conducteurs sur d’autres plateformes (saisies de véhicules, gardes à vue, agressions…)".

Le communiqué d'Uber ne mentionne pas, en revanche, que la société américaine et deux de ses dirigeants ont été renvoyés cette semaine en correctionnelle, à cause justement d'UberPOP. Le directeur général pour la France Thibaud Simphal et le directeur pour l'Europe de l'Ouest, Pierre-Dimitri Gore-Coty, comparaîtront le 30 septembre notamment pour pratique commerciale trompeuse, complicité d'exercice illégal de la profession de taxi et traitement de données informatiques illégal.

Les services comme UberPOP sont visés par la loi Thévenoud du 1er octobre 2014, qui a renforcé les sanctions. Uber conteste ce texte encadrant l'activité des taxis et des VTC.

La maison-mère américaine a déposé deux plaintes contre la France auprès de la Commission européenne, afin d'obtenir l'annulation de cette loi. Elle a aussi obtenu la transmission au Conseil constitutionnel d'une question prioritaire de constitutionnalité relative à UberPOP qui était utilisé selon elle par quelque 500.000 personnes de façon régulière dans l'Hexagone. Le Conseil donnera sa décision en septembre.

- Reconversion en VTC ? -

"UberPOP a été une source de revenus importante pour plus de 10.000 conducteurs" selon Uber qui a évoqué la possibilité d'en reconvertir certains en chauffeurs VTC. Cela nécessite une formation de 250 heures, une licence délivrée par les autorités et une voiture répondant à des normes strictes d'âge et de taille.

UberPOP a valu à Uber de nombreux démêlés avec la justice, les autorités et les taxis, et pas seulement en France: ces derniers mois, il a notamment été déclaré illégal en Belgique et interdit aux Pays-Bas.

"Ça va dans le bon sens, mais une activité illégale ça ne se suspend pas, ça s'arrête", a affirmé pour sa part le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies.

A l'issue d'une réunion place Beauvau avec les organisations de chauffeurs de taxis, le gouvernement s'est félicité de leur "dialogue constructif", affirmant qu'il resterait "très vigilant quand au respect de la loi".

"Les ministères chargés de l’économie et des transports engageront très rapidement une concertation sur l’équilibre économique qui favorisera le développement du secteur, en réunissant l'ensemble des parties prenantes", ajoutent Bernard Cazeneuve (Intérieur), Alain Vidalies et Martine Pinville (Commerce et artisanat).

Les chauffeurs de taxi se sont gardés de tout triomphalisme.

"L'annonce est satisfaisante en soi, néanmoins on reste très vigilants et très méfiants. Uber est coutumier de manœuvres de ce genre et ils sont capables de créer des applications similaires sous un autre nom", a affirmé à l'AFP Séverine Bourlier, secrétaire générale de l'Union nationale des taxis.

Le syndicaliste FO Nordine Dahmane lui a fait écho. "Nous prenons acte", mais "on ne sait pas ce qui va en ressortir après", a-t-il dit à l'AFP.

De son côté, le directeur général des Taxis Bleus Yann Ricordel "salue le travail des pouvoirs publics et notamment des forces de l'ordre, qui a permis depuis le 25 juin de rétablir l'ordre public en faisant appliquer la loi".

Source : AFP

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