Littérature. La Ruthénoise s’est lancée dans une aventure périlleuse: pénétrer l’univers d’auteurs de littérature jeunesse. Pour son premier ouvrage, c’est sur le travail d’Olivier Douzou qu’elle s’est penchée.
Pour mettre le nez dans l’atelier d’Olivier Douzou, Adèle de Boucherville n’a eu que quelques mètres à faire. Qu’une porte à franchir. Dans le nid ruthénois qu’ils partagent depuis dix ans, leurs bureaux sont voisins. Il est venu déposer une tasse de café, et s’est aussitôt effacé.
Réfugié dans la pièce attenante. «Il sait que ça va parler de lui», s’amuse sa compagne. Dans sa première vie, avant de devenir professeur de français et de rencontrer Olivier Douzou, Adèle de Boucherville travaillait dans l’édition jeunesse. Des dizaines de salons qu’elle a traversés, la jeune femme retient ces questions récurrentes posées aux auteurs et dessinateurs : «Où allez-vous chercher tout ça ? D’où viennent ces idées ?»
Alors, à 35 ans, elle a décidé de mettre les mains dans le cambouis, une bonne fois pour toutes, pour tenter de répondre à «la» question qui en taraude plus d’un. Et ce, en s’immisçant, «sans jamais être intrusive», dans la «fabrique» -le nom qu’elle a donné à sa collection- de plusieurs auteurs, de littérature jeunesse et au-delà. «J’ai toujours été curieuse, eu envie de plonger dans la tête d’artistes», confie la jeune femme.
«Où allez-vous chercher tout ça ?»
«Je n’entends pas casser le mythe du dessinateur en révélant des secrets bien enfouis, d’autant que tous les auteurs sont très différents, Ma réponse est d’ailleurs bien décevante… La clé de l’inspiration, c’est le travail acharné. N’est ce pas Einstein qui disait : «le génie, c’est 10% de talent, et 90% de travail»?» Et si elle n’a pas eu la prétention d’expliquer les 10% «qui échappent à tout le monde», Adèle de Boucherville espère, grâce à l’analyse des 90 autres, «nourrir l’admiration» du public pour l’auteur. À travers ses kilomètres de carnet, son rapport aux outils, à la création. «Les carnets, réfléchit la jeune femme, c’est comme un terreau de création énorme qui ne donne au final que quelques fleurs: les albums. Ils disent beaucoup du travail de création.»
Une série dédiée au «10e art»
Tout naturellement, elle a commencé cette série par celui qui partage sa vie. Un homme qu’elle admire de longue date, bien avant de «tomber amoureuse», comme elle aime à le raconter. Papa de «Jojo la mache», de «Rolling» et de quelque 90 autres albums, Olivier Douzou baigne l’enfance de plusieurs générations de marmots depuis vingt ans sous la bannière des éditions du Rouergue.
«Observons-le au travail. Il s’installe à sa table, prend le stylo, la plume, le crayon. Dans la main gauche, souvent, une cigarette. Ce n’est pas un mouvement en deux temps: réflexion puis dessin. Il dessine dès qu’il est assis, dès qu’il se trouve là, prêt pour ce moment. Approchons-nous», écrit la jeune femme. Nourrie de bribes de conversation captées çà et là, de petits bouts de carnet jamais dévoilés et de confidences, Adèle de Boucherville s’est prêtée à une analyse critique du travail d’Olivier Douzou et plus largement de la littérature jeunesse. Une discipline que le couple aimerait élever au rang de «10e art».
Après une année concentrée sur cette première monographie dont elle est «super fière», entre deux cours au lycée et sa vie de maman, Adèle de Boucherville a déjà un pied dans la seconde «fabrique» de la série. Consacrée à une autre «Rolls Royce de la littérature jeunesse», à savoir Claude Ponti.
«La fabrique d’Olivier Douzou», Adèle de Boucherville, éditions de L’atelier du poisson soluble, 26€. Disponible à la Maison du Livre de Rodez, et dans toutes les bonnes librairies de la métropole.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?