Etats-Unis: accueilli dans la liesse, le pape François aborde des sujets qui fâchent

  • Le pape François à Washington, le 23 septembre 2015
    Le pape François à Washington, le 23 septembre 2015 POOL/AFP - Patrick Semansky
  • Barack Obama et le pape François affichent leur complicité lors d'une visite historique à la Maison Blanche à Washington, le 23 septembre 2015
    Barack Obama et le pape François affichent leur complicité lors d'une visite historique à la Maison Blanche à Washington, le 23 septembre 2015 AFP - JIM WATSON
  • Le pape François à la Maison Blanche, le 23 septembre 2015
    Le pape François à la Maison Blanche, le 23 septembre 2015 AFP - VINCENZO PINTO
  • Voyage du pape à Cuba et aux États-Unis
    Voyage du pape à Cuba et aux États-Unis AFP - G.Izus, abm/sim
  • Le pape est accueilli par le président américain Barack Obama et son épouse Michelle à son arrivée à la base aérienne d'Andrews, le 22 septembre 2015
    Le pape est accueilli par le président américain Barack Obama et son épouse Michelle à son arrivée à la base aérienne d'Andrews, le 22 septembre 2015 AFP - SAUL LOEB
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Centre Presse Aveyron

Le pape François, accueilli dans la liesse aux Etats-Unis, a abordé mercredi des sujets qui fâchent en mettant en garde l'Eglise américaine sur les scandales de pédophilie et en canonisant un moine controversé, à la veille d'un discours historique au Congrès.

Le souverain pontife, qui foule pour la première fois de sa vie le sol des Etats-Unis, a aussi affiché sa proximité avec le président Barack Obama sur les grands défis mondiaux: guerres, crises migratoires et réchauffement climatique.

Dans un pays qui compte 82 millions de catholiques - un quart de sa population - le pape François a dénoncé devant les évêques américains les "crimes" de pédophilie qui ont secoué leur Eglise.

"Je sais combien est gravée en vous la blessure des dernières années et je vous ai accompagnés dans votre généreux engagement pour guérir les victimes (...) et pour continuer à oeuvrer afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais", a-t-il lancé au cours d'une longue prière à la cathédrale St Matthew de Washington.

Le scandale des prêtres pédophiles avait éclaté dans les années 1980, discréditant l'Eglise américaine, les dédommagements des victimes ruinant plusieurs diocèses. Des milliers d'enfants et d'adolescents avaient été abusés sexuellement par des prêtres et des religieux.

Se déplaçant dans la capitale fédérale en papamobile, une Jeep surmontée d'un toit transparent, François est allé ensuite canoniser l'évangélisateur espagnol de la Californie à la fin du 18e siècle, Junipero Serra, au grand dam d'Indiens locaux: le moine franciscain est pour eux celui qui a contribué au dépérissement de leur culture.

Dans la gigantesque basilique de Washington, devant des milliers de fidèles, prêtres et religieux, le pape a célébré, en espagnol et dans une grande ferveur, sa première messe aux Etats-Unis, au cours de laquelle il a déclaré saint ce missionnaire espagnol mort en 1784.

- Défense des démunis et exilés -

Le souverain pontife argentin, le premier venu des Amériques, avait entamé sa visite historique à Washington par une réception dans les jardins de la Maison Blanche, sous les auspices de son locataire Barack Obama, devant 11.000 personnes massées sur les pelouses inondées de soleil.

Autorité morale mais aussi allié politique du président américain, le pape, Jorge Bergoglio, a d'entrée défendu les plus démunis et les exilés.

"Comme fils d'une famille d'immigrés, je suis heureux d'être un hôte en ce pays, qui a été en grande partie bâti par de semblables familles", a-t-il déclaré en anglais, dans une allusion à la controverse politique sur l'immigration hispanique aux Etats-Unis mais aussi aux réfugiés qui fuient vers l'Europe le Moyen-Orient ravagé par les conflits.

M. Obama a salué le "message d'espoir" porté par ce jésuite au ton singulier, "source d'inspiration pour tant de gens à travers le monde". Le président, qui est protestant mais qui admire François, a loué l'"humilité" et la "simplicité" de son hôte.

- Cuba et climat -

A moins de 500 jours de la fin de son second mandat, M. Obama compte sur l'appui du pape sur deux chantiers prioritaires: Cuba et le climat.

Evoquant le "soutien précieux" de François dans le rapprochement historique Washington-La Havane, le président a souligné qu'il était porteur d'une "meilleure vie pour le peuple cubain".

Sur la scène internationale, "nous vous remercions pour (...) votre appel aux nations à résister aux sirènes de la guerre et à résoudre les différends par la voie diplomatique", a lancé M. Obama qui a conclu en juillet un accord sans précédent avec l'Iran sur son programme nucléaire controversé.

Quant à la lutte contre le réchauffement climatique, François a insisté sur l'urgence d'un combat "qui ne peut être laissé à la génération future". Il a jugé "encourageantes" les initiatives de M. Obama.

Les deux hommes ont eu aussi un tête-à-tête dans le Bureau ovale, le second après celui du printemps 2014 au Vatican.

Puis le pape a paradé sur la plus majestueuse avenue de Washington, debout et souriant sur la plate-forme de sa papamobile, embrassant des enfants, sous les "Viva El Papa" et acclamations de milliers de personnes enthousiastes.

C'est seulement la troisième fois qu'un pape est accueilli à la Maison Blanche: Jimmy Carter avait reçu Jean-Paul II en 1979, et George W. Bush avait accueilli Benoît XVI en 2008.

Politiquement, cette visite papale tombe à pic pour l'administration démocrate.

Lorsqu'il s'exprimera jeudi devant le Congrès, une première dans l'histoire des Etats-Unis, François devrait encore plaider pour le rapprochement américano-cubain et pour le climat. Deux dossiers sur lesquels les adversaires républicains de M. Obama, qui contrôlent le Congrès, ne décolèrent pas.

Le fait qu'il est arrivé aux Etats-Unis en venant de Cuba, où il n'a pas critiqué le président Raul Castro, a irrité ceux qui jugent que ce pape est un marxiste déguisé ou un traître à la foi catholique, trop souple sur la doctrine.

Source : AFP

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