Pédophilie : six ans de prison pour le « coucou vampire »

  • Antoine Wolff, substitut du procureur, avait requis sept ans d’emprisonnement.
    Antoine Wolff, substitut du procureur, avait requis sept ans d’emprisonnement. José A. Torres
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Centre Presse Aveyron

Tribunal. Âgé de 66 ans, le prévenu aux « bisous mortels » s’en était pris à quatre mineurs d’un village aveyronnais, ainsi qu’à sa propre fille. Il a été incarcéré mercredi soir.

Me Annabel Montels, avocate de trois parties civiles, plante le décor et décrit le prévenu en quelques mots : il est « un coucou vampire. Il vient chez les autres et donne des bisous mortels aux enfants ».

Mercredi, lors de l’audience du tribunal correctionnel de Rodez, le mis en cause, un homme domicilié en banlieue parisienne, comparaît libre et doit répondre d’agressions sexuelles sur des mineurs. Dans la salle d’audience, l’ambiance est pesante ; l’atmosphère est souvent pétrie d’émotions ; et, parfois, des larmes coulent sur le visage des victimes et de leurs proches.

Entre 2005 et 2007, ce sexagénaire s’en est pris à quatre enfants et préadolescents d’un village situé en plein cœur du département, où une famille aveyronnaise l’hébergeait. Et, quelques années plus tôt, ailleurs en France, c’est sa propre fille qu’il a agressée, alors que celle-ci n’était qu’une jeune enfant.

Devant le tribunal présidé par Jean-Marc Anselmi, le prévenu reconnaît une partie des faits : les moins graves. Et nie s’en être pris de quelque manière que ce soit à son enfant âgée aujourd’hui de 30 ans. Diminué en raison de problèmes de santé, il demeure impassible, parle de « câlins », assure ne pas se souvenir de certains faits, et va jusqu’à incriminer les victimes. Très vite, Antoine Wolff, le substitut du procureur de la République, s’agace. « Changez de comportement. Faîtes travailler votre mémoire. Aidez le tribunal à comprendre. Aidez-le à ne pas vous enterrer », lui lance-t-il. « Dans ce dossier, vous êtes le seul à ne jamais dire la même chose. Vous êtes toujours changeant, fluctuant. »

Pédophile

Rien n’y fait. S’il reconnaît des attouchements, l’individu ne veut pas entendre parler de fellation ou de pénétration. Le président Anselmi lâche alors le mot que tout le monde a à l’esprit : « pédophilie ». Le prévenu concède alors être un pédophile. « J’avais du plaisir », dit-il. « J’ai combattu très longtemps ces penchants. J’ai eu un comportement inadmissible. »

Mes Montels, Gosset et Sekinger, les trois avocates des parties civiles, réclament plusieurs dizaines de milliers d’euros de dommages et intérêts. Puis, le parquet entame son réquisitoire « avec émotion et colère ». Antoine Wolff pointe du doigt les dysfonctionnements de l’institution judiciaire et déroule « un mea culpa ».

Il regrette qu’en 1992 et 2000, les plaintes de deux victimes (dont la fille du prévenu, déjà) n’aient pas été entendues. Et il regrette que le pôle criminel de Montpellier n’ait pas renvoyé ce dossier devant une cour d’assises, car, pour lui, « il s’agit de faits de viol ». Il tourne ensuite sa « colère » en direction du sexagénaire.

 «Je ne vois pas de circonstances atténuantes », déclare le ministère public, avant de requérir la peine maximale : sept ans de prison, un mandat de dépôt et un suivi sociojudiciaire.  « Et ce n’est pas cher payé », conclut-il.

Portant la voix de la défense, Me Sylvie Bros estime que la peine requise contre son client (qui a déjà passé 16 mois en détention provisoire et six mois avec un bracelet électronique) est « inadaptée ». Aussi, elle s’« interroge sur l’utilité du mandat de dépôt ». Néanmoins, elle indique que « bien sûr, il a besoin de soins ; et, bien sûr, il va y adhérer ».

Lors des délibérations, l’ambiance se tend devant le tribunal. Me Bros et un policier doivent s’interposer entre le mis en cause et les victimes.

De retour, les juges du siège condamnent le prévenu à six ans de prison. Une peine assortie d’un mandat de dépôt et d’un suivi sociojudiciaire durant cinq ans, avec injonction de soins. Dans la foulée, les forces de l’ordre conduisent cet homme à la maison d’arrêt de Druelle.
 

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