Suisse: poussée spectaculaire de la droite anti-immigration aux législatives

  • Un bureau de vote à Fribourg, le 18 octobre 2015
    Un bureau de vote à Fribourg, le 18 octobre 2015 AFP - FABRICE COFFRINI
  • Le président de l'UDC, Toni Brunner, à Bern, le 18 octobre 2015
    Le président de l'UDC, Toni Brunner, à Bern, le 18 octobre 2015 AFP - FABRICE COFFRINI
  • Des partisans de l'UDC sortent d'une réunion électorale, le 2 octobre 2015
    Des partisans de l'UDC sortent d'une réunion électorale, le 2 octobre 2015 AFP/Archives - FABRICE COFFRINI
  • Installation d'un panneau pour signifier qu'il s'agit d'un jour d'élections à Fribourg, en Suisse le 18 octobre 2015
    Installation d'un panneau pour signifier qu'il s'agit d'un jour d'élections à Fribourg, en Suisse le 18 octobre 2015 AFP - FABRICE COFFRINI
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Centre Presse Aveyron

La droite populiste suisse, l'UDC, résolument anti-immigration et anti-Union Européenne, a enregistré dimanche une progression spectaculaire aux élections législatives, qui la conforte comme premier parti de la Confédération Helvétique.

Elle obtiendrait près d'un tiers des sièges du Conseil National, selon des projections de l'agence suisse ATS et de la télévision publique RTS.

L'Union Démocratique du Centre gagnerait 11 élus, avec au total 65 représentants sur les 200 de la chambre basse du parlement. Elle ferait alors mieux que son meilleur score en 2007 totalisant 62 élus.

Dans une seconde projection la RTS estime même le score en voix de l'UDC à 29,5%, son plus haut niveau historique, du jamais vu pour un parti suisse, et battant son meilleur résultat (28,9%) de 2007.

Le décalage entre le score en voix et en députés s'explique par un système complexe de proportionnelle où les électeurs peuvent rayer des noms sur la liste des partis, panacher des candidats, et par des alliances locales entre partis.

Dans la chambre sortante élue en 2011 l'UDC occupait 54 sièges.

La participation au vote de dimanche a été à peine supérieure à 48%.

"Les gens ont voté guidés par la peur",selon une candidate socialiste, Rebecca Ruiz, ajoutant que le thème des réfugiés et de l'immigration, favori de l'UDC, avait été "malheureusement très dominant dans la campagne".

Le parti socialiste (PS), deuxième parti du pays, perdrait 2 sièges (46 sièges dans la chambre sortante) et l'autre parti de droite, le Parti des libéraux radicaux (PLR) obtiendrait 3 élus de plus (30 sièges actuellement), selon la RTS.

Ce virage à droite se fait aux détriments des petits partis du centre et des deux principales formations écologistes qui perdraient au total 11 sièges.

Dans certaines communes du Jura Bernois, "nous progressons de 4, 8 ou 10 points", s'est félicité Manfred Bühler de l'UDC.

Dans les Grisons, la fille du leader charismatique et historique de l'UDC, Christoph Blocher, Magdalena Martullo Blocher a été élue et à Lucerne, le parti populiste deviendrait la première force politique, détrônant les modérés du PDC (démocrate-chrétien).

- 'Immigration contrôlée' -

L'UDC s'était choisi comme slogan "rester libres".

En février 2014 il avait surpris avec le succès de son referendum contre "l'immigration de masse", pour imposer des quotas aux ressortissants de l'UE de plus en plus nombreux à venir travailler en Suisse. L'UE a alors menacé de dénoncer tous les accords bilatéraux avec Berne si la libre circulation était supprimée. Le gouvernement a jusqu'en 2017 pour trouver une solution.

L'affiche la plus radicale durant la campagne était celle des jeunes UDC du Canton de Vaud : une caricature de jihadiste portant un brassard UE, avec en fond le drapeau étoilé de l'UE, qui s'apprête à décapiter une jeune blonde bâillonée vêtue d'un drapeau suisse avec l'appel : "Gardez la tête sur les épaules", "votez pour la liste UDC".

Alors que la Suisse est pour le moment épargnée par la vague de migrants arrivant en Europe, un sondage de l'institut gfs.bern, révélait que pour près d'un Suisse sur deux (48%) les questions de l'asile et de l'immigration constituent la "première priorité", loin devant les relations avec l'UE.

"Pas question de surcharger les finances publiques et le budget social en ouvrant toutes grandes les frontières, quand tant de jeunes ici restent sur le carreau", avait résumé pendant la campagne Roger Golay, élu dimanche à Genève pour le Mouvement des citoyens genevois, petite formation de la droite populiste qu'il préside.

L'UDC et le PLR, souvent opposés, devraient travailler ensemble dorénavant selon le vice-président de l'UDC, Luzi Stamm. Plus évasif, Christian Lüscher du PLR a répondu : "Nous avons tous le souhait de préserver notre économie et notre prospérité".

L'UDC, qui n'a qu'un élu au gouvernement contrairement au PS et au PLR, a demandé un portefeuille supplémentaire. Le nouveau gouvernement sera élu le 9 décembre par le parlement.

La spécificité de la démocratie suisse est le multipartisme permettant à sept partis d'être représentés au parlement et à cinq partis de se partager les sept portefeuilles ministériels du gouvernement.

Source : AFP

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