Soulages à Rodez : «Un musée fait pour ouvrir les yeux»

À l’émotion perceptible dans la voix de Christian Teyssèdre, de Ludovic Mouly, de Jean- Claude Luche, de Martin Malvy et de la préfète de l'Aveyron Danièle Polvé-Montmasson, à l’heure de poser la première pierre du futur musée Soulages, aux côtés de l’artiste, répondaient en écho la décontraction et aussi la détermination de Pierre Soulages.

Le peintre de l’outre-noir s’est exonéré de tout discours, mais n’a pas manqué de rappeler que sa donation (21 peintures sur toiles, 100 peintures sur papier - les fameux brous de noix, ses oeuvres de jeunesse, la totalité de l’oeuvre imprimé, trois bronzes et deux peintures incluses dans le verre, la totalité des travaux préparatoires pour les vitraux de Conques, des plaques de cuivre et un important fonds documentaire) était conditionnée à la création «d’un musée ouvert à toutes les formes d’art, ce dont j’ai été privé et dont j’ai souffert étant jeune, et à celles que l’on ne connaît pas encore».

De l’importance, à ses yeux, de la salle de 500 m² dédiée aux expositions temporaires. Quant à la donation, elle a vocation à conférer au musée un rôle de «musée fait pour ouvrir les yeux». Pierre Soulages considère que «quand on commence à connaître la technique, on commence à voir l’art différemment». Et à ceux qui ne voient dans son oeuvre que du noir, l’artiste répond « qu’ils ont du noir dans la tête. Que s’ils regardent avec leurs yeux, ils verront la lumière qui se réfléchit dans le noir».

«Un moment d’exception»

«Entre Aubrac et causses, deux étendues libres », comme aime à le dire Pierre Soulages, le chantier du musée a donc très officiellement débuté hier en présence de quelque 500 personnes. «Un commencement au coeur de l’ambition de Rodez», s’est plu à souligner le maire, l’aboutissement, aussi, de onze années de travail initié par Marc Censi. L’ancien premier magistrat de la Ville, qui était présent, a reçu des honneurs unanimes. 

«Nous vivons un moment d’exception», a estimé pour sa part Martin Malvy, le président de Midi-Pyrénées, qui a assuré que «la Région, où l’on vient pour son patrimoine, accompagne ce projet avec un grand bonheur ». Il s’est dit convaincu que « dans quelques années, ce musée ferait l’unanimité». Un enthousiasme partagé par le président du conseil général : «La culture est au coeur de la vie. C’est elle qui ouvre la voie à la connaissance, au sentiment, au plaisir de la création. Et le fait qu’elle soit accessible au plus grand nombre signifie pour moi qu’elle s’appuie sur la volonté de pédagogie», s’est félicité Jean-Claude Luche.

Ce musée, « un cadeau inestimable », aux yeux du président de l’Agglo, «qui permettra de relier Rodez aux capitales culturelles européennes, qui sera un élément fondamental du rayonnement et de l’attractivité de l’agglomération et de son ouverture sur le monde». Ce musée, «une institution culturelle et vivante, profondément enracinée et tournée vers l’extérieur», a renchéri Danièle Polvé-Montmasson, la préfète, qui y voit « un lieu consacré à un artiste dans sa force créatrice ». Le chantier, officiellement ouvert, désormais, devrait être achevé début 2013.