Migrants: le commissaire européen en Slovénie, débordée par l'afflux de réfugiés

  • Des migrants et réfugiés escortés par des policiers slovènes, le 22 octobre 2015 près du village de Rigonce, en Slovénie
    Des migrants et réfugiés escortés par des policiers slovènes, le 22 octobre 2015 près du village de Rigonce, en Slovénie AFP
  • Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos lors d'une visite du camp "Moria" le 16 octobre 2015 à Mytilène sur l'île de Lesbos
    Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos lors d'une visite du camp "Moria" le 16 octobre 2015 à Mytilène sur l'île de Lesbos AFP - DIMITAR DILKOFF
  • Balkans : redirection des flux de migrants
    Balkans : redirection des flux de migrants AFP - K. Tian/S.Ramis/A.Saadi, as/sim
  • Des policiers solvènes enregistrent les migrants à  bord d'un bus le 21 octobre 2015 à Brezice en Solvénie
    Des policiers solvènes enregistrent les migrants à bord d'un bus le 21 octobre 2015 à Brezice en Solvénie AFP - -
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Centre Presse Aveyron

Le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, est jeudi en Slovénie pour évaluer les besoins de ce petit pays de l'UE qui se trouve à son tour en première ligne de l'afflux de migrants en Europe et s'est dit "dépassé" par la situation.

Le défi est de taille pour Ljublajana: 12.676 migrants sont entrés en 24 heures dans le pays de deux millions d'habitants, un record dépassant même ceux enregistrés en Hongrie au plus fort de la crise en septembre, ont indiqué jeudi les autorités.

Son gouvernement appelle l'Union européenne à l'aide: avec l'installation de clôtures antimigrants par la Hongrie, la Slovénie est devenue, avec la Serbie et la Croatie, l'un des principaux pays de transit des réfugiés vers le nord de l'Europe.

Avant un mini-sommet, dimanche à Bruxelles, des dirigeants de huit pays de l'UE (Autriche, Bulgarie, Croatie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Roumanie, Slovénie) ainsi que de Macédoine et Serbie, le commissaire européen aux Migrations, le Grec Dimitris Avramopoulos, rencontre jeudi après-midi les autorités slovènes.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a reconnu "les problèmes énormes (...) presque existentiels" qu'affronte ce pays. Ljubljana affirme par ailleurs se heurter au manque de collaboration de ses voisins croates qui, selon le porte-parole du gouvernement, "envoient intentionnellement des flots incontrôlés de migrants" vers leur frontière commune.

Jeudi matin, quelque 5.000 migrants étaient en transit en Croatie, par train ou par bus. En un peu plus d'un mois, depuis mi-septembre, la Croatie a vu passer 217.500 personnes.

Et chaque jour, de nouveaux groupes se présentent à sa frontière avec la Serbie. "Ouvrez, ouvrez", lançait jeudi matin la foule aux policiers du poste serbo-croate de Berkasovo qui filtraient les entrées.

Au total, la Slovénie a dénombré 34.131 arrivées de migrants depuis samedi, jour où le flux a commencé à se rediriger vers ce pays. Elle a fait voter une extension des prérogatives de l'armée permettant aux soldats d'aider la police sur les 670 km de frontière bordant la Croatie et délimitant l'espace Schengen

Le pays accueille les migrants dans des centres de transit surpeuplés avant de les acheminer vers l'Autriche. Un incendie d'origine indéterminé a détruit plusieurs tentes dans un des ces camps mercredi. Une dispute entre deux migrants a fait un blessé à l'arme blanche jeudi.

A Dobova, près de la frontière entre Croatie et Slovénie, les nouveaux arrivants forment sur une route de campagne une longue colonne de milliers d'hommes, de femmes, d'enfants escortés d'un pays vers l'autre par un impressionnant dispositif des forces de l'ordre. Des policiers à cheval ouvrent la marche.

"Ils ne nous laissent même pas le temps de nous asseoir, alors que certains sont âgés, ont des problèmes de santé", se désespérait un Syrien de 27 ans en route avec sa jeune épouse.

- 'Europe qui se nombrilise' -

A la porte d'entrée de l'UE, en Grèce, le nombre d'arrivées sur des embarcations de fortune depuis les côtes turques a connu une nouvelle accélération ces derniers jours.

Quelque 502.000 personnes ont emprunté cette route depuis janvier, soit la grande majorité des entrées de migrants dans l'UE (643.000 au total), qui cherchent à rallier le nord et l'ouest de l'Europe.

La Suède a annoncé jeudi attendre jusqu'à 190.000 réfugiés cette année, un afflux record qui met les structures d'accueil du royaume scandinave "aux limites de ses capacités".

La police judiciaire allemande a fait état d'une forte augmentation des délits à l'encontre des foyers de réfugiés.

Et la Turquie dit se préparer à un nouvel afflux de réfugiés à sa frontière avec la Syrie après l'offensive menée dans le nord du pays par les forces du régime appuyées par l'aviation russe.

L'UE, confrontée à la pire crise migratoire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tente d'accélérer le renvoi des migrants économiques vers leur pays d'origine, de "relocaliser" les réfugiés entre les Etats-membres et de freiner les départs depuis la Turquie.

Mais ces processus se mettent en place laborieusement et les Européens affichent des positions divergentes.

En République tchèque, pays qui s'oppose fortement au système européen de "relocalisation" comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne, la détention "systématique" et dans "des conditions dégradantes" de migrants a été dénoncée jeudi par Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'Homme

Les partis conservateurs de l'Union européenne réunis à Madrid ont appelé au renforcement des frontières extérieures de l'Europe.

Au même moment, Jean-Claude Juncker dénonçait "une Europe qui se +nombrilise+, (...) qui se ferme aux espoirs et à l'attente des autres", avouant même "presque de pleurer" devant le "long cortège de réfugiés qui rappelle les images de la fin de la deuxième guerre".

Source : AFP

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