Déserts médicaux : l'Aveyron trouve un remède au fléau

  • Le docteur Didier de Labrusse, président du conseil de l’Ordre des médecins.
    Le docteur Didier de Labrusse, président du conseil de l’Ordre des médecins. José A. Torres / CPA
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Centre Presse Aveyron

Santé. La mobilisation entamée voici près de dix ans pour maintenir un bon réseau médical commence à porter ses fruits. Cette politique volontariste de l’Aveyron est souvent citée en exemple.

L’inflexion s’est produite l’an dernier, quand le solde entre les arrivées et les départs de médecins généralistes est devenu positif. Cette année 2015 est venue confirmer cette inversion de tendance, avec 9 départs et 10 installations, ces dernières ayant toutes été enregistrées au sein d’équipes de soins primaires, parmi lesquelles les maisons de santé tiennent un rôle de premier plan. Mais cela ne s’est pas fait d’un simple claquement de doigt. Il aura fallu une longue et forte mobilisation conjointe du conseil de l’Ordre des médecins, du conseil départemental, de l’Agence régionale de santé (ARS) et du Département universitaire de médecine générale (DUMG) à Toulouse.

22 maisons de santé

Le déclic est venu du Nord-Aveyron, voici une dizaine d’années, quand des élus locaux ont commencé à s’inquiéter d’une démographie médicale qui risquait bien de dessiner un désert. "On allait droit dans le mur", se souvient le Dr Didier de Labrusse, alors médecin généraliste à Saint-Chély-d’Aubrac, et devenu depuis le président du conseil de l’Ordre. Une étude très poussée, soutenue alors par le conseil général, a permis de créer une prise de conscience. C’est alors que le Département a commencé à mettre en place une stratégie d’incitation et d’aide à l’accueil et à l’installation de médecins. En se tournant directement vers les étudiants en médecine à Toulouse se préparant à effectuer leurs stages d’internat. Et en améliorant aussi sur place, en Aveyron, les conditions d’exercice de la médecine.

D’où le lancement des premières maisons de santé, d’où aussi des opérations de charme vers la faculté de Rangueuil, sans oublier des aides au logement, des possibilités d’accompagnement personnalisé, ou encore des offres en terme de loisirs. "L’idée est de tout mettre en œuvre pour que les jeunes internes se sentent bien en Aveyron, et que cela les décide à s’y installer", explique Jean-Claude Anglars, vice-président du conseil départemental, et qui s’est fortement impliqué en la matière sur son Nord-Aveyron. "Aujourd’hui on arrive à installer des médecins dans des endroits a priori improbables. Cinq par exemple sur l’Aubrac alors même que le XIXearrondissement parisien reste classé dans les zones déficitaires", relève le Dr Didier de Labrusse. Avant de lancer : "Si on m’avait dit quand j’étais étudiant en médecine que je me battrais un jour pour installer des concurrents dans mon village, je ne l’aurais pas cru !"

57 généralistes maîtres de stage

"Une grosse évolution s’est produite quand les médecins généralistes ont pu devenir maîtres de stage, ce qui a grandement facilité l’accueil et l’ancrage des étudiants effectuant leur internat", souligne pour sa part Jean-Claude Anglars,. Voilà comment lui-même se rend chaque année à la faculté de médecine de Rangueil où il vient vanter la qualité de vie de l’Aveyron. Mais pas que. Il arrive aussi avec des arguments sonnants et trébuchants. Et, mieux encore, il peut citer le nombre de 57 médecins généralistes habilités par l’ARS pour être maîtres de stage, ou encore la bonne vingtaine de maisons de santé et autres équipes de soins primaires qui maillent désormais le département. Lesquels sont en outre en train de s’organiser en réseau, alors même que des projets de création émergent, y compris jusque sur l’agglomération ruthénoise!

"Ces maisons offrent un vrai confort dans l’exercice de notre profession, en nous permettant de nous recentrer vraiment sur notre cœur de métier", insiste le Dr de Labrusse. Sur cette lancée, une réflexion est déjà lancée pour envisager d’accueillir les premiers spécialistes (dont on connaît le manque flagrant en certains domaines), lesquels pourraient exercer sur des périmètres calqués sur autant de bassins de vie. "On commence à nous copier ailleurs", glisse Jean-Claude Anglars, non sans une pointe de fierté. Tandis que le Dr de Labrusse ajoute, narquois : "Nous avons une bonne longueur d’avance !"

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