Après Paris et San Bernardino, un discours antimusulman décomplexé et d'une violence inédite

  • Des manifestants indonésiens réunis devant une affiche vandalisée du Premier ministre australien à l'époque Tony Abbott devant l'ambassade australienne à Jakarta le 10 mars 2015
    Des manifestants indonésiens réunis devant une affiche vandalisée du Premier ministre australien à l'époque Tony Abbott devant l'ambassade australienne à Jakarta le 10 mars 2015 AFP/Archives - ROMEO GACAD
  • Donald Trump à Washington le 3 décembre 2015
    Donald Trump à Washington le 3 décembre 2015 AFP/Archives - SAUL LOEB
  • Tony Abbott à Sydney le 7 septembre 2013
    Tony Abbott à Sydney le 7 septembre 2013 AFP/Archives - SAEED KHAN
  • Marion Maréchal-Le Pen lors d'une réunion électorale à Marseille le 9 décembre 2015
    Marion Maréchal-Le Pen lors d'une réunion électorale à Marseille le 9 décembre 2015 AFP - BORIS HORVAT
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Centre Presse Aveyron

Les attentats de Paris et de San Bernardino ont libéré en Occident un discours antimusulman d'une violence inédite, de l'Américain Donald Trump qui veut interdire l'entrée des musulmans aux Etats-Unis à l'Australien Tony Abbott qui parle de "supériorité" de la culture occidentale.

Et le Front national d'extrême droite qui vient de réaliser un score historique aux élections régionales en France, trois semaines après le carnage jihadiste qui ont fait 130 morts à Paris, n'est pas en reste.

Insensible aux condamnations internationales, Donald Trump, le favori pour l'investiture du parti républicain dans la course à la Maison Blanche, a défendu mardi son idée d'interdire l'entrée des musulmans aux Etats-Unis, estimant que Paris "devrait peut-être" adopter la même stratégie au vu des "immenses" problèmes que connaît la ville avec sa communauté musulmane.

M. Trump affirme que de nombreux musulmans sont favorables au jihad contre les Américains et souligne que les auteurs des carnages de Paris et de San Bernardino (sud-ouest des Etats-Unis, 14 morts) étaient musulmans.

Les propos incendiaires de M. Trump ont déchaîné un torrent de protestations. La Maison Blanche a enjoint au parti républicain de couper ses liens avec "un aboyeur de foire" afin de ne pas se laisser entraîner "dans les poubelles de l'Histoire".

Le président Barack Obama avait appelé dimanche ses compatriotes à ne pas céder à la tentation de stigmatiser les musulmans, assurant que le groupe Etat islamique "ne parle pas au nom de l'islam".

Les protestations aux Etats-Unis ont continué mercredi.

Le fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, s'est élevé contre les propos de M. Trump. "Je veux joindre ma voix à celles qui soutiennent les musulmans de notre pays et du monde entier", a-t-il écrit sur sa page Facebook. "Je ne peux qu'imaginer la peur que les musulmans peuvent ressentir d'être persécutés à cause d'actes commis par d'autres", a-t-il ajouté.

Mohamed Ali, la légende mondiale de la boxe, s'est lui aussi indigné. "Je crois que nos dirigeants politiques devraient utiliser leur position pour faire progresser la compréhension de la religion islamique et pour dire clairement que ces meurtriers égarés ont perverti les idées des gens sur ce qu'est l'islam", a déclaré dans un communiqué l'ancien champion du monde américain des lourds, qui est musulman.

En Grande-Bretagne, une pétition sur le site du Parlement britannique appelant à empêcher l'entrée de Donald Trump au Royaume-Uni avait recueilli plus de 260.000 signatures mercredi en fin de journée.

Le gouvernement local écossais a annoncé mercredi qu'il lui retirait le titre d'"ambassadeur d'affaires" qu'il détenait depuis 2006, et l'université Robert Gordon d'Aberdeen (Écosse) l'a privé d'un doctorat honorifique.

En Iran, le président Hassan Rohani a jugé les déclarations de M. Trump "des plus bizarres". "L'islam est la religion de la bonté et de la paix", a-t-il déclaré.

- 'Pas une terre d'islam' -

Mais en Australie, l'ancien Premier ministre conservateur Tony Abbott a déclenché une autre tempête en faisant écho aux propos du milliardaire américain.

L'Occident doit "être prêt à proclamer la supériorité évidente de notre culture sur une culture qui justifie le fait de tuer des gens au nom de Dieu", a déclaré M. Abbott dans une tribune publiée mercredi par le Daily Telegraph.

"L'islam n'a jamais connu sa propre version de la Réforme et des Lumières, et l'acceptation consécutive du pluralisme et de la séparation de l'Eglise et de l'Etat", ajoute l'ancien séminariste catholique.

Ces propos ont suscité de vives réactions en Australie, le chef de l'opposition travailliste Bill Shorten accusant M. Abbott de vouloir diviser le pays.

En France, l'étoile montante du Front National, Marion Maréchal-Le Pen, a affirmé la semaine dernière que les musulmans ne pouvaient être français "qu'à la condition seulement de se plier aux mœurs et au mode de vie" hérités de l'histoire notamment chrétienne du pays.

"Nous ne sommes pas une terre d'islam, et si des Français peuvent être de confession musulmane, c'est à la condition seulement de se plier aux mœurs et au mode de vie que l'influence grecque, romaine, et seize siècles de chrétienté ont façonné", a-t-elle ajouté.

Elle s'inscrit dans le sillage de déclarations d'autres populistes européens: le Premier ministre hongrois Viktor Orban, tenant d'une ligne dure dans le dossier des migrants, estimait en octobre que l'islam "n'appartient spirituellement pas à l'Europe" et établit des règles "d'un autre monde".

Autre habitué de ce type de déclarations, le député anti-islam néerlandais Geert Wilders a salué les propos de Donald Trump, disant son espoir de le voir accéder à la présidence des Etats-Unis. "Ce sera bon pour l'Amérique, ce sera bon pour l'Europe. Nous avons besoin de leaders courageux", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre israélien conservateur Benjamin Netanyahu recevra le milliardaire américain le 28 décembre, a-t-on appris mercredi, et ce malgré l'indignation soulevée par ses propos en Israël. Plus de 30 députés israéliens, sur 120, ont adressé une lettre à M. Netanyahu pour lui demander d'annuler cette rencontre et de condamner les paroles de M. Trump.

Source : AFP

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