Les stratégies de reconquête d'un électorat déçu se mettent en place

  • Chef du gouvernement, Manuel Valls veut reprendre la main sur l'emploi, le chômage, quelque peu occulté par les attentats du 13 novembre et le débat sur la sécurité, restant le premier facteur de vote
    Chef du gouvernement, Manuel Valls veut reprendre la main sur l'emploi, le chômage, quelque peu occulté par les attentats du 13 novembre et le débat sur la sécurité, restant le premier facteur de vote AFP
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Plan emploi présenté par le gouvernement, refonte de l'organigramme des Républicains, ambition de "grande gauche", interrogations au FN : les principaux blocs politiques esquissent des réponses au message des urnes et tentent d'anticiper la prochaine échéance électorale de la présidentielle.

  • Au gouvernement

Très engagé lors de la campagne électorale pour faire barrage au FN, Manuel Valls veut reprendre la main sur l'emploi, le chômage, quelque peu occulté par les attentats du 13 novembre et le débat sur la sécurité, restant le premier facteur de vote. Alors que François Hollande s'est engagé à lier son éventuelle candidature pour la présidentielle à une diminution du chômage, les résultats se font attendre. Dès lundi, le Premier ministre a posé les premiers jalons d'une nouvelle offensive sur le front de l'emploi, promettant des "mesures nouvelles" en janvier.

Dans les tuyaux, "un plan massif de formation pour les chômeurs", en préparation au ministère du Travail, un gros coup de pouce à l'apprentissage -Manuel Valls veut "mettre le paquet" sur l'apprentissage, en associant les nouveaux présidents de région- et un encouragement des emplois de service (aide à domicile, garde d'enfants, jardinage...) Selon Bercy, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, aux initiatives parfois controversées à gauche, doit par ailleurs faire des propositions au Premier ministre dans la semaine, dans le cadre de la future loi Noé, présentée en janvier au Conseil des ministres.

  • A droite

Chamboule-tout dans l'organigramme des Républicains qui a réuni dès lundi un bureau politique: Nicolas Sarkozy s'efforce de resserrer les boulons alors que la course à la présidentielle s'annonce sans pitié. Après une victoire en demi-teinte aux régionales, le patron a fait le ménage à la direction du parti: exit Nathalie Kosciusko-Morizet, très critique envers la ligne politique de Nicolas Sarkozy. La députée de l'Essonne restera au bureau politique et à la commission nationale d'investiture.

Elle avait remis en cause, dimanche soir, la position du ni-ni prôné par Nicolas Sarkozy, se disant "heureuse" que les électeurs "n'aient pas appliqué le ni-ni" sinon les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur seraient tombés dans l'escarcelle du FN. Elle est remplacée au poste de vice-président délégué par Laurent Wauquiez, jusqu'alors numéro trois. Isabelle Le Callennec est nommée vice-présidente du parti et Eric Woerth devient secrétaire général chargé du projet. D'autres nominations devraient intervenir début 2016. "La ligne du parti" va faire l'objet d'un Conseil national les 13 et 14 février. Le CN (l'équivalent du "parlement" du parti) élira également un nouveau président, l'actuel, Jean-Pierre Raffarin, seul autre opposant déclaré au "ni-ni", ayant annoncé son intention de ne pas se représenter.

  • A gauche

Rassuré d'avoir échappé à la déroute annoncée, mais marqué par le "retrait civique" de ses candidats dans le Nord et en Paca pour faire barrage au FN, le Parti socialiste ambitionne de construire un "grand parti de gauche réformateur" avant l'échéance de 2017. "L'Alliance populaire" souhaitée par le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis devrait être portée sur les fonts baptismaux à la mi-février au travers de la publication d'un texte fondateur, a indiqué la porte-parole du PS Corinne Narassiguin. M. Cambadélis en a fait l'annonce devant les membres du Bureau national réunis lundi soir.

Ce "nouveau mouvement" ne sera "pas un nouveau parti", mais une "fédération de partis, de mouvements associatifs" associant largement les citoyens. Des débats seront organisés de fin décembre à fin janvier pour nourrir le texte fondateur. Julien Dray avait évoqué dimanche un changement de nom du PS, avant d'être rapidement corrigé par M. Cambadélis. "Le changement de nom du #PS n'est pas à l'ordre du jour. Le dépassement du #PS l'est!", avait-il twitté. Cécile Duflot, ancienne ministre écologiste, de son côté "tend la main" à François Hollande pour bâtir une "coalition" avec EELV et les communistes.

  •  Au FN
     

Fort d'un record de plus de 6,8 millions de voix, mais ayant échoué à conquérir une région, le Front national n'échappe pas au débat, lancé lundi par plusieurs voix marginales à la direction. Jean-Marie Le Pen, président d'honneur exclu du parti, a ainsi jugé que la stratégie du FN n'était "pas parfaite". Bruno Gollnisch a lui appelé sur son blog à ne pas "s'exonérer d'un travail introspectif".

Le maire de Béziers Robert Ménard, qui soutenait le candidat FN Louis Aliot en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, a appelé le parti à s'ouvrir "à des personnalités indépendantes de la droite patriote" en vue de 2017. Dimanche soir, sa présidente Marine Le Pen, battue dans le Nord, mais plus que jamais candidate à la présidentielle, a annoncé le lancement en 2016 de "comités bleu marine" aux contours pour l'instant imprécis. Lundi, son bras droit Florian Philippot a émis le voeu d'une alliance avec "Debout la France" de Nicolas Dupont-Aignan. 

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?