A Toulouse, ils traquent les ovnis depuis près de 40 ans

  • Murielle Richard : "On est là d'abord pour regarder les choses de façon très objective".
    Murielle Richard : "On est là d'abord pour regarder les choses de façon très objective". AFP
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Centre Presse Aveyron

Crée en 1977 à l'initiative de Claude Poher, un scientifique français qui avait rencontré le pionnier américain de l'ufologie Allen Hynek, le Groupement d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) recueillent au quotidien les témoignages de citoyens frappés par des apparitions célestes.

Des taches brillantes à l'horizon, un triangle lumineux dans la nuit ou des traces circulaires dans la pelouse... à Toulouse, une structure unique en Europe enquête sur les objets volants non identifiés (ovnis) en France, dans un but à la fois pédagogique et scientifique. Dans les locaux du Centre national d'études spatiales (CNES), les quatre membres du Groupement d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) recueillent au quotidien les témoignages de citoyens frappés par des apparitions célestes.

"On est là d'abord pour regarder les choses de façon très objective", tempère Murielle Richard, à qui beaucoup de gens assurent au téléphone : "Je ne suis pas fou, mais...". "On part du principe qu'on peut trouver une explication". Après une première évaluation "de consistance et d'étrangeté", l'équipe s'attaque au "b.a-ba" de l'enquête: "météo, astronomie et trafic aérien", précise Xavier Passot, responsable de l'organisme. "A 80%, il y a une mauvaise estimation de distance. Un témoin ne peut pas estimer la distance d'un objet qu'il n'a jamais vu. C'est la clé de toutes les méprises ufologiques", estime cet informaticien de formation, assis à son bureau où se tassent des piles de dossiers. Derrière nombre de soucoupes ou de vaisseaux se trouvent ainsi très prosaïquement des lanternes thaïlandaises, des ballons, des avions, ou encore... des insectes. 

Lasers, foudre et canulars

La silhouette de Vénus est aussi régulièrement confondue avec un alien, car elle peut être très basse dans le ciel et changer de couleur dans certaines conditions climatiques, tout comme la Lune ou la Station spatiale internationale (ISS). Au sein de l'équipe, on préfère parler de phénomènes aérospatiaux non identifiés (Pan) plutôt que d'ovnis, car "nombre de phénomènes ne sont pas des objets": éclairages publics, laser de boite de nuit, reflets... Les découvertes scientifiques sur la foudre en boule, qui peut traverser les vitres, ont aussi permis de résoudre certains cas, quand d'autres ne s'avèrent finalement être qu'un boule à facettes tombée d'un camion ou un canular. 

"C'est un service important à la population"

Le Geipan a travaillé sur quelque 304 témoignages durant les 12 derniers mois, mais l'équipe en reçoit des dizaines d'autres. Ils ne deviennent pas de véritables dossiers, faute d'informations précises et de première main. Certains cas, au contraire, méritent un avis d'expert ou une enquête menée par l'un des 20 enquêteurs bénévoles stationnés en France métropolitaine et en Outre-mer. Seul organisme civil dévolu aux ovnis en Europe, le Geipan n'a aujourd'hui d'équivalent qu'au Chili et au Pérou.

La structure a été crée en 1977 à l'initiative de Claude Poher, un scientifique français qui avait rencontré le pionnier américain de l'ufologie Allen Hynek. Rebaptisée Service d'étude des phénomènes et retombées atmosphériques (Sepra) en 1988, elle manque de disparaître vers 2000, avant de devenir en 2005 le Geipan, avec une mission plus affirmée: l'information du public. "C'est un service important à la population. Dans les pays où ça n'existe pas, la population est livrée aux ufologues, qui sont très imaginatifs, et les médias leur emboîtent très largement le pas", estime M. Passot. 

10% des cas non élucidés

Le Geipan a ainsi commencé en 2007 la publication de ses archives sur un site internet, qui recense aujourd'hui 2.343 cas, dont des PV de gendarmerie qui remontent jusqu'en 1937. Parmi ces cas, 55% sont parfaitement expliqués (catégorie A) ou expliqués sans que la source n'ait été clairement identifiée (B), les cas en C (35%) sont sans diagnostif faute d'informations.

Environ 10% des cas (D), pourtant bien renseignés, restent mystérieux. "Les plus extraordinaires sont les témoignages d'atterrissage de soucoupes", estime M. Passot. Il conserve sur son bureau la réplique miniature d'une d'entre elles vue par un témoin en 1981 à Trans-en-Provence. Ces cas inexpliqués confirment-ils l'existence d'ovnis dans le ciel de France ? "Je ne peux pas vous dire oui. Je n'en ai pas de preuve formelle, seulement des suspicions". Et au-delà, s'il s'agissait bien d'objets, "ils ne sont pas forcément extraterrestre".

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