VIDEO. "C'est le Pompeï du Néolithique" : en Aveyron, un voyage sous terre d'au moins 5 000 ans en arrière

Abonnés
  • La grotte de Foissac avecses imposantes colonnes de calcite.Photo J.B.
    La grotte de Foissac avecses imposantes colonnes de calcite.Photo J.B.
  • Sébastien Du Fayet de la Tour(à droite) en compagniede Mathieu Savignac,d’Experts Géo. Sébastien Du Fayet de la Tour(à droite) en compagniede Mathieu Savignac,d’Experts Géo.
    Sébastien Du Fayet de la Tour(à droite) en compagniede Mathieu Savignac,d’Experts Géo.
  • Un voyage sous terre  au temps du Néolithique
    Un voyage sous terre au temps du Néolithique
  • Un voyage sous terre  au temps du Néolithique
    Un voyage sous terre au temps du Néolithique
  • Un voyage sous terre  au temps du Néolithique
    Un voyage sous terre au temps du Néolithique
Publié le
Joël Born

La grotte de Foissac a déjà livré bien des trésors, mais elle n’a pas encore révélé tous ses secrets.

C’est un drôle de voyage sous terre. Un voyage à la fois fascinant et émouvant, au temps du Néolithique et de l’âge de la pierre polie, il y a de cela environ 5 000 ans. Un voyage dans les entrailles de la terre foissacoise, en compagnie de Sébastien Du Fayet de la Tour, le conservateur et gestionnaire des grottes de Foissac. Un homme passionné et passionnant, spéléologue averti, secrétaire fédéral de la Fédération française de tourisme souterrain (FFTS) qui marche sur les traces de son père, Alain Du Fayet de la Tour, un ancien cheminot capdenacois, qui fut l’un des découvreurs de la grotte, à la fin des années 50.

12 kilomètres de réseau connus

D’avril à fin octobre, le site préhistorique de l’Ouest Aveyron accueille quelque 20 000 visiteurs, la jauge maximale pour éviter les embouteillages durant la période touristique. En pleine saison, neuf personnes assurent l’accueil et le bon déroulement des visites. Tout au long de l’année, Sébastien Du Fayet de la Tour, aidé de deux jeunes Foissacois, Hugo et Mathias, veillent sur la partie aménagée, ouverte au public depuis 1973. "La grotte réclame beaucoup de soins, elle est mise en quarantaine pendant 90 jours, précise le spéléologue aveyronnais. Il y a une bonne autorégulation naturelle mais il y a un équilibre à trouver." Outre une température constante de 12 degrés, la rivière qui traverse la grotte ne subit aucun courant durant les périodes de forte crue, durant lesquelles le niveau de l’eau peut varier de plus de 4 mètres ! Ce qui favorise notamment le dépôt progressif d’une pellicule d’argile. La partie visitable s’étend sur environ 500 mètres. Une partie infime des 12 kilomètres de réseau connus à ce jour. "Sur une partie du réseau, d’environ 1 kilomètre et demi, on retrouve des traces anthropiques sur une période de 100 000 ans, détaille Sébastien. Il y a eu trois entrées à des périodes différentes. La dernière entrée connue s’est refermée il y a 1 000 ans."

Le Pompéï du Néolithique

L’essentiel des fouilles a été réalisé, de 1980 à 1997, sous la conduite de François Rouzaud, chercheur de haut niveau, conservatoire en chef du patrimoine à la Drac de Midi-Pyrénées, disparu prématurément le 24 avril 1999 alors qu’il guidait un groupe de collègues dans le réseau karstique de la grotte de Foissac, pour la préparation d’un stage scientifique. Nombre d’objets et pièces du Néolithique trouvés lors de ces fouilles sont présentés dans le petit musée aménagé près de la grotte. "Foissac est l’une des seules grottes au monde où des squelettes sont restés en place, c’est un site authentique, une grande réserve archéologique, c’est le Pompéï du Néolithique", commente Sébastien avec engouement. Dans la cavité classée Monument historique depuis 1978, on retrouve traces, dont le squelette parfaitement conservé d’Arthur, d’une soixantaine d’individus. Dans une grande salle, occupée jusqu’au Moyen-Âge, Sébastien et son père Alain ont découvert en 2006, des peintures rupestres d’il y a au moins 20 000 ans représentant de très beaux bisons, des antilopes, des rennes, des bouquetins. D’intrigantes stalactites, ornées d’yeux, semblent renvoyer à une représentation primitive de l’homme. En un autre endroit du réseau souterrain foissacois, les spéléologues ont trouvé deux squelettes de lions des cavernes, ainsi que des traces d’occupation des premiers chasseurs-cueilleurs.

De nouvelles recherches

Plus récemment, en 2014, une statuette en os de bison, sculptée et gravée à la Préhistoire a été mise au jour. Difficile à dater, en l’absence de collagène, elle représente une femme portant un enfant ou un animal. Si les grottes de Foissac ont déjà livré de nombreux trésors préhistoriques, elles renferment encore bien des secrets. De nouvelles études viennent de débuter avec une équipe pluridisciplinaire du CNRS sous la conduite de l’archéologue Vincent Ard, un spécialiste du Néolithique. Un vaste état des lieux est en cours, afin d’essayer de mieux comprendre l’envergure et l’importance du site. En juin prochain, des prélèvements ADN sur les squelettes présents dans la grotte devraient favoriser de nouvelles avancées scientifiques. Réalisée par le géomètre Yves Couderc, la dernière topographie datait des années 80.

Dans le cadre de la nouvelle campagne de recherches, Mathieu Savignac et sa société capdenacoise Experts Géo établissent un nouveau catalogue de données géoréférencées du site foissacois, à l’aide d’un drone Lidar en 3D, pour la partie extérieure, ainsi que des tachéomètres laser et un scanner 3D pour l’intérieur de la grotte. Intarissable sur le sujet, Sébastien Du Fayet de la Tour parle régulièrement de transmission. "Nous sommes des gardiens d’un patrimoine. C’est une philosophie. Il ne faut surtout pas brûler les étapes et accepter, parfois, qu’il y a des choses qu’on ne comprend pas…"

Ouverture en avril, mai et octobre, tous les après-midi sauf le samedi. De juin à septembre, tous les jours. Visite guidée d’environ une heure. Contact au 05 65 64 60 52 ou au 06 19 12 98 28. www.grotte-de-foissac.fr.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?