Banque alimentaire : opération « glanage » dans les magasins

  • Les bénévoles collectent des produits frais pour les redistribuer le jour même.
    Les bénévoles collectent des produits frais pour les redistribuer le jour même. Salima Ouirni
Publié le , mis à jour
Salima Ouirni

Solidarité. Pour que les bénéficiaires des associations caritatives puissent se nourrir avec des produits frais, les bénévoles font le tour des grandes surfaces pour collecter des denrées alimentaires. Reportage.

10 heures. Le camion frigorifique de la Banque alimentaire s’arrête, place Adrien-Rozier, à Rodez. Cela fait des années que l’association caritative s’adresse à Monoprix pour récupérer des aliments que l’enseigne retire de ses rayons: des légumes abîmés, des produits aux dates de péremption arrivant à échéance. André Artus et Francisco Gonzales prennent tout. Les produits laitiers et les plats surgelés sont soigneusement entreposés dans une caisse frigorifique bleue. Avant de tout embarquer, les bénévoles de la Banque alimentaire signent un bordereau. Catherine Boul, la directrice de la moyenne surface, les met en garde:  «Si jamais vous êtes contrôlés par la Douane, il vous faut le bordereau d’enlèvement». Message noté. Les deux bénévoles ne sont pas des juristes, mais «c’est toujours bon à savoir», rétorque Francisco Gonzales. Catherine Boul n’omet pas, non plus, de souligner l’importance de lister tous les produits donnés, codes barres à l’appui. «C’est une obligation et une responsabilité. Si jamais nous avions un produit alimentaire qui doit être retiré de la vente, nous devons savoir à qui nous l’avons donné afin d’alerter immédiatement l’association», ajoute la directrice, visiblement contente de participer au succès de l’opération.

10h30.  Direction l’Intermarché des Quatre-Saisons. C’est Francisco Gonzales qui conduit. Question d’habitude. Les deux hommes se connaissent depuis des années. Pour cause: André Artus est le beau-frère de Francisco. Ce dernier lui a demandé de rejoindre la Banque alimentaire, en septembre, dès que «Dédé» a pris sa retraite. Depuis, le binôme est inséparable.

10h45. Les deux compères arrivent devant l’enseigne des Mousquetaires. Francisco Gonzales, qui a l’habitude d’y venir, se gare directement sur la zone de livraison. Il rentre par une porte dérobée. Il est alors immédiatement reconnu par un employé qui l’accompagne. Un chariot rempli attend les bénévoles. Il contient des œufs, des plats préparés, des yaourts, des desserts, etc. De quoi faire la joie des bénéficiaires qui vont en profiter immédiatement dans l’après-midi. Il y a vraiment de tout, sauf des légumes. Ce qui a le don d’agacer Francisco Gonzales, qui va tout de même prendre des gants pour le faire savoir.«Nous avons besoin de légumes. C’est dommage de les jeter. Pourquoi ne pas nous les donner?»  En guise de réponse, le bénévole de la Banque alimentaire a droit à un sourire poli et gêné. Promis, l’employé du magasin fera remonter cette remarque à qui de droit. 

11h15. Le binôme quitte l’enseigne, non sans avoir tout trié. Les produits frais avec le frais, les yaourts avec les yaourts. La chaîne du froid est une obsession pour les bénévoles qui prennent la chose au sérieux. «Il ne faut pas s’amuser avec la santé des gens», explique André Arthus.

11h30. Le véhicule arrive à Bel-Air. Devant le site de la Banque alimentaire, le minibus de l’épicerie sociale attend déjà pour prendre son dû. Mais pas question de lui donner les denrées alimentaires directement. Séverin Mazurie, magasinier, cariste, livreur et «super-polyvalent», comme il se décrit lui-même, va tout peser et tout recenser sur une liste. Résultat: la ramasse d’André Artus et de Francisco Gonzales comprend 7 kg d’œufs, 14 kg de yaourts, 5 kg de plats préparés, 15 kg de légumes, 19 kg de viennoiserie… Les deux bénévoles de l’épicerie sociale castonétoise ont du mal à tout enlever, d’autant plus que Séverin Mazurie souhaite ajouter des bûches glacées, provenant de la collecte nationale. «Vous y avez le droit, c’est bientôt Noël, c’est maintenant qu’il faut les prendre», redit-il à plusieurs reprises.

Mais problème: le minibus prêté par la ville d’Onet a la porte du coffre qui coince. Les deux bénévoles ont beau insister, rien n’y fait. C’est donc Séverin Mazurie, debout depuis 7heures du matin, qui devrait prendre le véhicule de la Banque alimentaire pour livrer l’épicerie. Et le temps presse. Il est déjà midi. L’épicerie sociale ouvre en début d’après-midi. La Banque alimentaire espère pouvoir faire la ramasse au «grand» Leclerc. «C’est une grande surface qui refusait jusqu’à présent de nous donner ses produits. Elle doit avoir ses raisons», glisse Francisco Gonzales qui espère ainsi récupérer beaucoup plus de produits frais, et surtout des légumes et des fruits qui manquent cruellement aux bénéficiaires. Le surplus sera donné aux épiceries de Villefranche et Rodez, qui sont également demandeuses.

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