Corse: Valls et les présidents nationalistes actent de leurs désaccords

  • Les deux nouveaux dirigeants de la Corse, Gilles Simeoni (d) et Jean-Guy Talamoni, le 18 janvier 2016 à l'Hôtel Matignon à Paris
    Les deux nouveaux dirigeants de la Corse, Gilles Simeoni (d) et Jean-Guy Talamoni, le 18 janvier 2016 à l'Hôtel Matignon à Paris AFP - KENZO TRIBOUILLARD
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Centre Presse Aveyron

Manuel Valls et les deux nouveaux présidents nationalistes de Corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, ont acté leurs désaccords lundi pour leur première rencontre à Matignon, en décidant toutefois de créer trois groupes de travail devant marquer "l'ouverture d'un dialogue".

L'autonomiste M. Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse -le mini-gouvernement de l'île-, et l'indépendantiste M. Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, qui a choqué lundi matin sur France Info en qualifiant la France de "pays ami", ont été reçus pendant près de deux heures par le Premier ministre.

Elus après la première victoire du camp "natio" en décembre aux élections territoriales (avec plus de 35,3% des voix au second tour), les deux hommes étaient venus à Paris avec des revendications auxquelles l'exécutif avait déjà dit non.

A savoir: amnistie des prisonniers "politiques" (y compris le commando Erignac qui avait assassiné le préfet en 1998), un statut que Paris ne reconnaît pas; la "co-officialité" de la langue corse en plus de la langue française; l'instauration d'un statut de résident pour limiter la spéculation touristique, ainsi que l'inscription de la Corse dans la Constitution pour lui accorder une plus grande décentralisation.

"Nous avons constaté en l'état le désaccord, mais nous avons convenu de l'ouverture d'un dialogue avec la constitution de trois groupes de travail" entre les représentants de la Corse et les représentants de l'Etat, a expliqué M. Simeoni dans la cour de Matignon.

Un premier groupe sera "consacré à la question de la langue" corse, un deuxième "à la question foncière et à la lutte contre la spéculation" et un troisième aux "institutions de la Corse, le statut et la question notamment de l'intercommunalité", a-t-il détaillé, en indiquant que ces trois groupes se réuniront "à intervalles réguliers" jusqu'en juin.

Manuel Valls avait déjà affiché sa fermeté sur les revendications les plus sensibles le 23 décembre, à l'occasion d'un passage au journal télévisé de TF1: il y a des "lignes rouges" qui "ne peuvent pas être discutées", avait-il prévenu.

"L'amnistie des prisonniers politiques? Il n'y a pas de prisonniers politiques. La co-officialité? Il n'y a qu'une seule langue dans la République, c'est le français. Un statut de résident pour les Corses, sur le plan fiscal? C'est contraire à la République", avait jugé le Premier ministre.

Quelques jours plus tard, dans Le Parisien/Aujourd'hui-en-France, M. Valls, qui doit se rendre en Corse au cours du premier semestre, avait également écarté toute "nation corse".

"Chacun campe pour l'heure sur ses positions mais le propre d'un processus de dialogue c'est de permettre à chacun d'écouter l'autre", a assuré M. Simeoni, maire de Bastia depuis 2014. "Nous avons nous la volonté de nous inscrire dans une logique de dialogue", a ajouté l'ancien avocat d'Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac.

- "Elu de la République? Elu de la Corse"-

Si elle s'inscrit dans le cadre d'une consultation des 13 présidents de régions métropolitaines, cette rencontre avait un caractère particulier avec la défaite de la gauche et de la droite au profit du parti de M. Simeoni, Inseme per a Corsica, et de celui de M. Talamoni, Corsica Libera.

Ce dernier, tout en se défendant de tout "propos provocateur vis-à-vis de qui que ce soit", avait créé la polémique lundi matin en qualifiant la France de "pays ami".

A un journaliste qui lui demandait si ces propos signifiaient qu'il n'était pas Français, le nouveau président de l'Assemblée de Corse a répondu: "Je crois que ce n'est faire injure à personne que de répondre que nous sommes Corses".

N'est-il pas un élu de la République française ? "Je suis un élu de la Corse", a répondu l'élu indépendantiste, qui a retiré le drapeau français et la photo de François Hollande de son bureau d'élu à Ajaccio.

Il a toutefois confirmé qu'il n'était pas question de demander l'indépendance.

Contrairement à l'Ecosse ou la Catalogne, "nous ne sommes pas au stade justement de débattre de l'indépendance et d'engager un processus, mais de demander et peut-être d'obtenir un statut institutionnel pour la Corse", a dit M. Talamoni.

La Corse doit avoir à partir du 1er janvier 2018 une collectivité unique, avec la fusion de la collectivité territoriale (l'équivalent de la région) avec les Conseils des deux départements corses (Corse-du-Sud et Haute-Corse).

Source : AFP

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