Jihad en Syrie: renvoi en procès pour sept strasbourgeois, partis avec l'un des kamikazes du Bataclan

  • Image de propagande diffusée par le média jihadiste Welayat Raqa montrent des membres du groupe Etat Islamique paradant dans une rue de Raqa, le 30 juin 2015 en Syrie
    Image de propagande diffusée par le média jihadiste Welayat Raqa montrent des membres du groupe Etat Islamique paradant dans une rue de Raqa, le 30 juin 2015 en Syrie WELAYAT RAQA/AFP/Archives
Publié le
Centre Presse Aveyron

Ils étaient dix, partis fin 2013 en Syrie, terre de jihad: deux sont morts sur place et un autre, Foued Mohamed-Aggad, s'est fait sauter au Bataclan le 13 novembre. Les sept autres, arrêtés en France après leur retour à Strasbourg en 2014, ont été renvoyés en procès par des juges antiterroristes.

Agés de 24 à 26 ans, ils devront comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a précisé à l'AFP une source judiciaire. La date du procès, où un frère de Foued Mohamed-Aggad, Karim, sera jugé, n'est pas fixée.

Les juges reprochent aux sept suspects d'être partis en Syrie pour faire le jihad, d'avoir intégré les rangs de l' Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ancêtre de l'EI et d'y avoir reçu un entraînement militaire.

En décembre 2013, par petits groupes, les dix prenaient le chemin de la Syrie, en passant par l'Allemagne et la Turquie. Après avoir franchi la frontière syrienne, deux frères avaient été rapidement tués.

Sept autres étaient revenus en France, les premiers dès février 2014. Ils avaient été arrêtés en mai 2014.

"Aucune preuve n'est rapportée qu'ils avaient des projets terroristes en France", plaide l'un des avocats de la défense, Me Eric Plouvier. L'avocat s'inquiète du "contexte nouveau" dans lequel les prévenus seront jugés, après les attentats de janvier et de novembre.

- Recruteur connu -

Devant les enquêteurs, ils ont justifié leur périple pour des raisons humanitaires et expliqué leur retour par la volonté d'échapper à des "fous sanguinaires", selon l'un d'eux. Cette version n'a pas convaincu le parquet puis les juges antiterroristes, qui ont rendu leur ordonnance le 15 janvier. Leur contact pour partir, Mourad Farès, était à l'époque l'un des principaux recruteurs de jihadistes français, via les réseaux sociaux.

"Tous ceux qui avaient l'intention de partir avaient l'intention de faire le jihad armé (...) Si c'était pour faire de l'humanitaire (...) il fallait voir les associations qui se consacrent à l'humanitaire", avait-il lui-même déclaré aux enquêteurs après son arrestation, à son retour de Syrie en 2014, selon une source proche du dossier.

D'après leur récit, une fois arrivés sur place, ils auraient été transférés dans les rangs de l'EIIL sans avoir le choix. Vivant dans une relative liberté, ils se seraient limités à participer à des entraînements militaires.

Dans l'ordinateur et téléphone de l'un des suspects, les enquêteurs ont retrouvé une photo le montrant à bord d'un pick-up équipé d'armes lourdes et des images de cadavres, selon une source proche du dossier.

Karim Mohamed-Aggad avait choisi de rentrer, mais il avait échoué à convaincre son frère Foued de suivre le même chemin.

Le portrait qui se dessine alors est celui d'un homme plus jeune que les autres, mais de plus en plus déterminé. Dans les messages interceptés par les enquêteurs, il laissera notamment cette phrase prémonitoire à une amie, début mars 2014: "si je rentre en France, c'est pas pour aller en prison. C'est pour tout exploser, alors me tenter (sic) pas trop à rentrer". Dix-huit mois plus tard, sa mère apprenait la mort de son fils par un SMS envoyé de Syrie. Avec deux autres jihadistes français passés par la Syrie, Foued Mohamed-Aggad composait le trio d'assaillants qui ont tué 90 personnes au Bataclan.

Entre ceux déjà sur place, ceux qui sont revenus et ceux qui ont manifesté des velléités de s'y rendre, quelque 1.800 Français sont aujourd'hui impliqués dans des filières jihadistes en Irak et en Syrie, a annoncé en début de semaine le procureur de la République de Paris François Molins.

Lors du premier procès emblématique d'une filière d'acheminement de combattants vers la Syrie, le tribunal a prononcé des peines de six à 15 ans de prison, la plus lourde ayant été infligée en son absence à une figure du jihadisme resté sur zone, Salim Benghalem.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?