Manuels scolaires: des millions de livres à boucler et financer

  • Un élève prépare ses manuels le 11 mars 2015 à Lille
    Un élève prépare ses manuels le 11 mars 2015 à Lille AFP/Archives - DENIS CHARLET
  • Normalement, les éditeurs sont censés disposer d'au moins un an entre la publication des programmes et leur application, mais cette fois, ils n'ont que neuf mois
    Normalement, les éditeurs sont censés disposer d'au moins un an entre la publication des programmes et leur application, mais cette fois, ils n'ont que neuf mois AFP/Archives - MYCHELE DANIAU
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Centre Presse Aveyron

A la rentrée 2016, les programmes de toutes les matières changeront du CP à la troisième, mais l'achat des nouveaux manuels, que les éditeurs doivent boucler dans un délai serré, s'étalera sur deux ans au collège et probablement plus à l'école.

"Tous les éditeurs travaillent d'arrache-pied pour que les manuels soient prêts à temps", indique Sylvie Marcé, présidente du groupe éducation au Syndicat national de l'édition (SNE).

Normalement, ils sont censés disposer d'au moins un an entre la publication des programmes et leur application, mais cette fois, ils n'ont que neuf mois. Outre le délai, elle souligne "l'ampleur" du chantier, puisqu'il faut refaire les manuels de toutes les matières pour toutes les années de l'école élémentaire et du collège.

Puis il faut adresser les spécimens aux établissements, prendre connaissance des choix des profs, fixer les tirages en conséquence, imprimer les manuels cet été...

Comme les nouvelles épreuves du diplôme national du brevet ont tardé à paraître, "il n'est pas impossible qu'il puisse y avoir" pour les manuels de troisième "quelques petits décalages d'envoi des spécimens" aux enseignants, qui les recevraient au plus tôt fin mai, éventuellement sous forme numérique. "En tout cas, tout est fait pour que les élèves aient des manuels à la rentrée", indique-t-elle.

Pour le collège, le financement des manuels est assuré: l'acquisition s'étalera sur deux ans, selon la loi de finances 2016, qui budgète 150 millions d'euros pour la première année.

Les élèves de la 6ème à la 3ème recevront ainsi de nouveaux manuels de français, mathématiques et histoire-géographie. Les élèves de 5ème auront un manuel de LV2, dont l'enseignement est avancé d'un an dans le cadre de la réforme du collège, et les élèves de 6ème disposeront d'un nouveau manuel de sciences.

Soit, pour la prochaine rentrée, environ 11,2 millions de manuels de collégiens à changer, calcule Mme Marcé. Leurs autres livres seront renouvelés à la rentrée 2017.

- Le manuel, un support "parmi d'autres" -

Pour l'école élémentaire, c'est plus compliqué. L'achat des manuels n'est pas une obligation pour les communes. Mais dans la pratique, il est fréquent qu'elles acceptent une prise en charge partielle ou totale, explique-t-on à l'Association des maires de France (AMF).

Le syndicat de l'édition a écrit aux édiles pour les sensibiliser aux changements, avec "une estimation par élève, si tant est qu'ils voulaient renouveler l'intégralité des manuels d'un coup ou sur plusieurs années", indique Mme Marcé. "On essaye de montrer l'importance de travailler sur des outils d'actualité, conformes aux programmes. Souvent le manuel scolaire est la première rencontre avec les livres pour des élèves de milieu défavorisé".

Le renouvellement des manuels "risque de se faire sur plusieurs rentrées scolaires", suivant les capacités budgétaires des communes, prévoit Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. "On aura à la rentrée des écoles qui pourront financer le renouvellement d'un certain nombre de manuels et d'autres, clairement non".

Selon une enquête de son organisation de 2011, le budget des mairies pour l'équipement des écoles variait de 13 à 130 euros par enfant et par an.

Mais le "principal défi reste la formation continue des enseignants, qu'ils puissent s'approprier les programmes, être formés aux grandes nouvelles orientations, et là-dessus on a du retard à l'allumage", estime-t-il. Dans le secondaire, des formations des enseignants aux nouveaux programmes ont été organisées en amont de la rentrée 2016.

Les manuels ne font pas tout: les enseignants "ne suivent pas un manuel de A à Z", ils vont piocher dans d'autres ressources, créer leurs propres séquences pédagogiques, précise M. Sihr.

C'est "un support de référence parmi d'autres", comme des documents d'accompagnement du ministère, des ressources sur internet..., indique Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa.

Même si le manuel est "rassurant. C'est une référence reconnue par l'institution, surtout quand vous êtes débutant et que vous avez plusieurs niveaux d'enseignement".

Source : AFP

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