Migrants: les eurodéputés tirent à boulets rouges sur l'accord avec le "sultan Erdogan"

  • Nigel Farage, le leader du parti anti-immigration Ukip, le 7 mars 2016 au Parlement à Strasbourg
    Nigel Farage, le leader du parti anti-immigration Ukip, le 7 mars 2016 au Parlement à Strasbourg AFP - FREDERICK FLORIN
  • Le président social-démocrate du parlement européen, Martin Schulz, le 9 mars 2016 à Strasbourg Le président social-démocrate du parlement européen, Martin Schulz, le 9 mars 2016 à Strasbourg
    Le président social-démocrate du parlement européen, Martin Schulz, le 9 mars 2016 à Strasbourg AFP - FREDERICK FLORIN
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Centre Presse Aveyron

Les eurodéputés ont vivement critiqué mercredi l'accord de principe conclu entre l'UE et la Turquie, accusant les dirigeants européens d'avoir "cédé au chantage" d'Ankara en échange de son aide pour gérer la crise migratoire.

De la droite à la gauche, des Verts aux populistes eurosceptiques en passant par les libéraux, nombre de parlementaires ont tiré à boulets rouges sur le projet d'accord avec la Turquie, agréé à l'issue d'un sommet extraordinaire dans la nuit de lundi à mardi à Bruxelles, et les "marchandages" qui l'ont accompagné.

"Nous donnons les clés des portes de l'Europe au sultan Recep Tayyip Erdogan", a reproché le chef des libéraux Guy Verhofstadt, lors d'un long débat dans l'hémicycle strasbourgeois.

"Les Européens vont bloquer tous les réfugiés qui recherchent une protection et ce sera la Turquie et M. Erdogan qui décideront qui peut entrer en Europe et qui ne peut pas", a encore protesté M. Verhofstadt.

Les dirigeants européens se sont donné jusqu'au sommet prévu la semaine prochaine pour finaliser leur nouvel accord avec Ankara, qui accepterait la réadmission sur son territoire de tous les migrants arrivés clandestinement en Grèce, y compris les Syriens, à condition que les Européens s'engagent, pour chacun d'entre eux, à transférer un réfugié syrien depuis la Turquie vers le territoire de l'UE.

En contrepartie, la Turquie exige trois milliards d'euros d'aide supplémentaire d'ici à 2018, une exemption de visas dès la fin juin pour ses ressortissants voulant voyager dans l'UE, et l'ouverture rapide de négociations sur cinq nouveaux chapitres d'adhésion.

Manfred Weber, le président du groupe PPE (droite et centre droit), a appelé à ne pas donner de "chèque en blanc" à Ankara et qualifié d'"inacceptables" les atteintes à la liberté de la presse en Turquie.

"Il ne faut pas mélanger le dialogue sur les réfugiés avec les négociations sur l'adhésion (de la Turquie) à l'Union européenne", a renchéri son homologue social-démocrate Gianni Pittella.

De son côté, le coprésident du groupe des Verts, Philippe Lamberts, a fustigé une "faillite morale". "On déroule le tapis rouge à un régime qui musèle sa presse (...) et bombarde sa propre population", a martelé M. Lamberts, en faisant allusion au conflit kurde en Turquie.

- Accord 'pervers et stupide' -

La présidente de la commission des droits de l'Homme au Parlement européen, la socialiste Elena Valenciano, n'a pas hésité à parler de préaccord "extrêmement pervers et stupide".

"Erdogan vous roule dans la farine et vous fait chanter. Et c'est celui que vous voulez intégrer en Europe ?", a ironisé la chef de file des eurodéputés de l'extrême droite, Marine Le Pen (Front national).

Egalement dans les rangs europhobes, le Britannique Nigel Farage, leader de la campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE, a averti qu'un vote pour y rester, lors du référendum organisé le 23 juin, serait "un vote pour l'adhésion de la Turquie".

A l'issue des débats, un eurodéputé du parti néo-nazi grec Aube Dorée a été expulsé de l'hémicycle pour avoir insulté les Turcs.

"Comme l'écrivent des lettrés ottomans: le Turc est un barbare de l'esprit, blasphémateur, borné et sale. Le Turc est comme le chien: il fait le féroce mais quand il doit affronter un adversaire, il s'enfuit", avait lancé ce parlementaire, Eleftherios Synadinos.

"J'ai pris une décision de principe. Il y a de plus en plus de personnes (au Parlement, ndlr) qui essayent de franchir des lignes rouges pour tenter de rendre le racisme acceptable", a expliqué le président social-démocrate du parlement, Martin Schulz.

Source : AFP

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