L’abeille ariégeoise vole au secours de Stéphane Le Foll

  • Depuis 20 ans, l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) se bat pour la suspension de nombreux insecticides, des substances responsables de la mort de millions d’abeilles à travers la France.
    Depuis 20 ans, l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) se bat pour la suspension de nombreux insecticides, des substances responsables de la mort de millions d’abeilles à travers la France. AFP
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Centre Presse Aveyron

Biodiversité. Le ministre de l’Agriculture s’oppose à « l’interdiction brutale » des insecticides néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » selon leurs opposants, et s’en justifie, à l’occasion du débat sur le projet de loi biodiversité, qui a débuté mardi à l’Assemblée.

L’approche du ministre n’est pas de «multiplier les normes ou les interdictions brutales», car au contraire «c’est la transition vers une transformation des systèmes de culture dans leur ensemble qui nous permettra de réduire l’usage aujourd’hui nécessaire de certains produits», explique-t-il dans une lettre datée du 11 mars.

M. Le Foll veut aussi éviter les «distorsions entre les agriculteurs français et le reste des agriculteurs européens» en interdisant ces substances en France uniquement, précise-t-il. Devant la commission des Affaires européennes de l’Assemblée, le ministre a de nouveau défendu mardi l’idée de ne pas «surtransposer» les directives européennes «et interdire en France ce que les autres pays (de l’UE) autorisent» - reproche très fréquemment exprimé par les agriculteurs à l’endroit des gouvernements, notamment lors du Grenelle de l’environnement sous Nicolas Sarkozy.

Surtout, a-t-il insisté, «si on supprime les néonicotinoïdes, quelle est l’alternative? Je n’en ai pas, ni moi, ni les agriculteurs qui vont venir me dire : “si les autres peuvent les utiliser, nous aussi”, a-t-il martelé, donc ce que je demande c’est de la cohérence au sein de l’Europe».

«Pas d’alternative»

Interdire ces insecticides en France pourrait se traduire, selon le ministre, «par un recul de la politique que mène le gouvernement pour protéger les pollinisateurs, domestiques ou sauvages, et pour réduire le recours aux produits phytosanitaires», a-t-il ajouté. «Je n’ai aucun intérêt chez les grands producteurs de néonicotinoïdes», a répété M. Le Foll devant les élus, «mais aujourd’hui je n’ai pas d’alternative et si on interdit les néonicotinoïdes en France uniquement, on va pénaliser les producteurs». 

Pour la Fondation Nicolas Hulot au contraire, «les alternatives sont prêtes». «Il y a des pays qui ont déjà interdit ces pesticides néonicotinoïdes, notamment l’Allemagne et l’Autriche, avec des alternatives qui fonctionnent», a affirmé son porte-parole Denis Voisin. «Ce courrier sous-entend que la seule alternative possible aujourd’hui en France (...) ce serait d’autres pesticides plus dangereux, ce qui pour nous est vraiment choquant», a-t-il ajouté. L’ONG s'interroge sur «la cohérence» entre les déclarations de M. Le Foll sur son «ambition» de développer l’agroécologie et ce courrier.

Pas de pesticides plus toxiques pour les abeilles

«La mortalité des abeilles, j’en ai parfaitement conscience», a pourtant repris M. Le Foll devant les députés, «mais il n’y a pas que les néonicotinoïdes, sinon le problème serait réglé depuis longtemps». Il a cité le cas de l’Ariège, qui a compté une surmortalité d’abeilles de 50% alors qu’on n’y trouve pas de céréales - donc de néonicotinoïdes. Le ministre de l’Agriculture précise également dans sa lettre que la hausse de 9,4% des ventes de produits phytosanitaires entre 2013 et 2014 était «due à une augmentation des ventes d’herbicides et de fongicides», mais que «le recours aux néonicotinoïdes baisse de 3% à 4% en moyenne entre 2011 et 2014».

Seize organisations apicoles, agricoles et environnementales, dont l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), ont appelé mardi matin les députés à voter «l’interdiction totale des produits à base de néonicotinoïdes», lors d’un rassemblement près de l’Assemblée nationale. Selon l’Unaf, une centaine de produits phytosanitaires contiennent des néonicotinoïdes alors qu’il n’existe pas de famille de pesticides plus toxiques pour les abeilles en exposition chronique.

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