Pédophilie: l'Église annonce des mesures pour faire toute "la lumière"

  • Le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin lors d'une conférence de presse à Lourdes, le 15 mars 2016
    Le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin lors d'une conférence de presse à Lourdes, le 15 mars 2016 AFP/Archives - ERIC CABANIS
  • L'assemblée de printemps des évêques, à l'hémicycle Sainte-Bernadette à Lourdes, le 15 mars 2016
    L'assemblée de printemps des évêques, à l'hémicycle Sainte-Bernadette à Lourdes, le 15 mars 2016 AFP/Archives - ERIC CABANIS
  • L'évêque de Pontoise Stanislas Lalanne, le 21 juillet 2014
    L'évêque de Pontoise Stanislas Lalanne, le 21 juillet 2014 AFP/Archives - FRANCOIS GUILLOT
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Centre Presse Aveyron

Cellules d'écoute locales, commission d'expertise "indépendante": l'Église catholique a annoncé mardi une série de mesures visant à faire "la lumière" sur la pédophilie dans ses rangs, y compris sur les faits les plus anciens, après les révélations qui l'ont ébranlée.

Archevêque de Lyon depuis 2002, le cardinal Philippe Barbarin est visé par deux enquêtes pour "non-dénonciation" d'agressions sexuelles, notamment à la suite de la mise en examen fin janvier d'un prêtre, Bernard Preynat, pour des actes pédophiles commis il y a plus de 25 ans sur de jeunes scouts lyonnais.

Pressée d'agir avec volontarisme et à parler clairement sur ces sujets douloureux, la Conférence des évêques de France (CEF) a présenté de nouvelles dispositions à l'issue d'une réunion de son "conseil permanent".

"Aujourd'hui, ces affaires tragiques concernent peu de prêtres (entre 0,7 et 1,5% des prêtres dans le monde, selon les chiffres communiqués par la CEF faute de statistiques en France, NDLR), mais n'y aurait-il qu'une seule affaire, elle serait toujours de trop à nos yeux", a souligné le président de la CEF, Mgr Georges Pontier. "Nous demandons d'ailleurs aux prêtres qui ont commis ces faits coupables toujours de se dénoncer à la justice", a-t-il redit.

"Dans l'histoire des diocèses, des cas particuliers demeurent, même anciens, sur lesquels il est nécessaire de faire la lumière. Nous nous engageons à faire ce travail", a poursuivi Mgr Pontier.

D'ores et déjà, "il appartient aux évêques ayant connaissance de faits précis de prendre les mesures conservatoires nécessaires jusqu'à la décision de justice afin de tout mettre en œuvre pour protéger les enfants et les jeunes", a souligné l'archevêque de Marseille. Ces mesures de "prudence", notamment l'interdiction de ministère, seront "réajustées" une fois connues les décisions de justice, a-t-il précisé, martelant: "Notre premier devoir, c'est la vigilance."

- "Communication tardive" -

Des "cellules" d'accueil et d'écoute seront mises en place au niveau des diocèses ou des provinces ecclésiastiques (regroupements de diocèses), a annoncé Mgr Pontier. Certains évêques l'ont déjà fait, à l'instar de celui d'Orléans.

"Un site internet dédié" permettra aux victimes de rentrer en contact avec les cellules locales. "Dès aujourd'hui et dans l'attente de la mise en place du site, l'adresse mail paroledevictimes@cef.fr est ouverte", a poursuivi Mgr Pontier.

Une "commission nationale d'expertise indépendante" est en outre créée. "Présidée par une personnalité laïque qualifiée, et composée d'anciens magistrats, de médecins, de psychologues, de parents, elle aura "pour mission de conseiller les évêques dans l'évaluation des situations de prêtres ayant commis des actes répréhensibles", selon le président de la CEF.

Enfin, la "cellule de veille" de l'épiscopat sur la pédophilie devient "cellule permanente de lutte contre la pédophilie" (CPLP) pour "approfondir" le travail mené par l'Église depuis quinze ans, avant même la condamnation inédite d'un évêque, en 2001, pour non-dénonciation de crimes pédophiles.

La CPLP est d'ores et déjà chargée de lancer un "site internet public" pour améliorer la prévention "auprès de tous les éducateurs, animateurs, prêtres, enseignants, séminaristes". Elle sera le référent des associations de victimes.

Celle en pointe à Lyon, La Parole libérée, ne s'est pas montrée franchement convaincue par les annonces épiscopales. "La montagne a accouché d'une souris", a tranché son secrétaire, Bertrand Virieux, critiquant "une communication tardive et qui n'est pas à la hauteur des enjeux". "Il n'y a pas d'engagement clair sur le fait qu'un prêtre pédophilie ou auteur d'agressions sexuelles ne soit plus en contact avec des enfants ou des jeunes adultes", a-t-il dit à l'AFP.

Au journaliste qui lui demandait s'il ne regrettait pas que l'épiscopat n'ait pas présenté ces mesures plus tôt, Mgr Pontier a répliqué: "Ai-je la possibilité de vous dire non? Donc je dis oui."

Et il a répondu par une autre question à celui qui s'enquérait de son soutien au cardinal Barbarin: "Est-ce qu'il vous est arrivé de ne pas soutenir votre frère? Il ne m'appartient pas de le soutenir sur le fond de la question, c'est la justice qui va le dire, il n'empêche que le lien d'amitié demeure."

Source : AFP

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