Grèves, manifestations: les opposants à la loi Travail toujours mobilisés
Nouveaux blocages, manifestations, grèves dans les transports: face à la fermeté de l'exécutif, les opposants au projet de loi travail ont maintenu jeudi la pression en France, où police et syndicats ont dénombré deux fois plus de manifestants que mardi, dans un climat nettement moins tendu.
"La balle est toujours dans le camp du gouvernement, il faut retirer ce mauvais projet de loi. Nous sommes déterminés". Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avait donné le ton au départ de la manifestation parisienne.
Le cortège, qui a rallié Nation à la Place d'Italie a rassemblé 100.000 personnes selon la CGT, jusqu'à 14.000 selon la police. Mardi, le syndicat avait dénombré 55.000 personnes, les autorités 12.000.
Dans toute la France, la CGT a dénombré 400.000 manifestants et les autorités 128.000, contre respectivement 220.000 et 68.000 mardi. "Et le Premier ministre ose parler d'essoufflement!", a raillé le syndicat dans un communiqué, après cette septième journée de mobilisation depuis début mars.
Force ouvrière a appelé de son côté à renforcer le mouvement "en juin" avec une "grève interprofessionnelle" et une "manifestation nationale" à Paris pour "booster la mobilisation" lors de l'arrivée du texte au Sénat, a expliqué son secrétaire général, Jean-Claude Mailly.
L'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL et UNL) devait se réunir dans la soirée pour fixer une nouvelle date de mobilisation. Le 26 mai a été évoqué.
- 'climat plus serein' -
A la suite des violences des précédents rendez-vous, les services d'ordre (SO) syndicaux, eux-mêmes pris à partie la semaine dernière, étaient sur le qui-vive.
Mais cette fois, les SO, nombreux, casqués, mais sans matériel offensif visible, au contraire de mardi, n'ont pas été agressés. De nouveau, la police a tout de même usé de lacrymogènes.
La préfecture de police de Paris a salué dans un communiqué le "climat plus serein et ponctué de peu de heurts" qui a caractérisé le cortège parisien, et un "degré moindre de violence".
Au cours de la journée, le ministère de l'Intérieur a dénombré 115 interpellations dans toute la France dont 66 à Nantes, a indiqué son porte-parole Pierre-Henry Brandet.
Le ministre Bernard Cazeneuve avait demandé aux préfets de prendre des mesures administratives pour prévenir les violences, souligne-t-on de même source.
Au total, 11 policiers et gendarmes ont été blessés ainsi que deux manifestants, dont une femme percutée dans l'Allier par un automobiliste qui a forcé un barrage filtrant, et souffrant apparemment de fracture.
Dans la cité nantaise, la manifestation était interdite et a donné lieu à près de trois heures de jeu du chat et de la souris entre les quelque 800 manifestants dénombrés par les autorités et les forces de l'ordre, qui ont chargé avec des gaz lacrymogènes.
"Etat d'urgence, État policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester", scandaient les participants.
Ailleurs, les autorités ont recensé 6.000 personnes à Saint-Nazaire, 4.500 au Havre, 2.900 à Rouen, 3.300 à Bordeaux, 3.000 à Lyon, 4.000 à Toulouse... Les estimations fournies par les organisateurs étaient généralement 2 ou 3 fois supérieures.
- Terminaux pétroliers bloqués -
Parallèlement, des grèves de routiers et de cheminots, entamées en début de semaine, appuyaient le mouvement, notamment avec des barrages filtrants organisés dans la matinée autour de plusieurs villes.
Près du Havre, deux raffineries ont été bloquées, comme l'accès aux terminaux pétroliers du Grand port à La Rochelle. En début de soirée, le dépôt de carburant de Douchy-les-Mines, près de Valenciennes, était encore bloqué par une centaine de manifestants.
Dans le quart Nord-ouest, quelque 70 stations-service Total étaient en rupture de carburants, soit presque un cinquième du réseau.
Côté trains, la circulation a été perturbée pour la deuxième journée consécutive, surtout sur certaines lignes régionales, moins en Ile-de-France. Deux TGV sur trois étaient prévus. La SNCF a dénombré 13,8% de grévistes, la CGT "plus d'un cheminot sur trois".
Dans le ciel, le mouvement a entraîné la suppression de 15% des vols prévus à Orly.
Adopté en première lecture après un recours à l'article 49-3 de la Constitution, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche, casus belli pour ces syndicats. Il ouvre aussi la possibilité de référendums d'entreprise, d'accords "offensifs", crée le compte personnel d'activité et étend la garantie jeunes.
Source : AFP
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?