Aux assises, le procès "hors normes" d'un pédophile adepte de tourisme sexuel

  • Aux assises, le procès "hors normes" d'un pédophile adepte de tourisme sexuel
    Aux assises, le procès "hors normes" d'un pédophile adepte de tourisme sexuel AFP/Archives - Franck Fife
  • Un jeune Marocain approche des touristes le 12 juin 2001 sur la plage d'Agadir réputée pour le tourisme sexuel
    Un jeune Marocain approche des touristes le 12 juin 2001 sur la plage d'Agadir réputée pour le tourisme sexuel AFP/Archives - ABDELHAK SENNA
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Centre Presse Aveyron

"Soixante-dix petites victimes ?", interroge le président de la cour d'assises. "Un chiffre affolant", reconnaît le pédophile adepte de tourisme sexuel. De l'avis des associations présentes et des enquêteurs, l'affaire jugée à Versailles est "hors normes".

"Ce chiffre me fait peur, c'est complètement fou, je ne l'ai jamais envisagé", sanglote Thierry Darantière, 52 ans, dans le box des accusés depuis lundi. "Mes victimes sont là, tous les jours".

Ancien directeur d'une maison de retraite catholique des Yvelines, il répond de viols et agressions sexuelles sur au moins 66 garçons âgés de 6 à 17 ans, pendant dix ans, lors de voyages touristiques en Tunisie et en Egypte, mais aussi de missions humanitaires au Sri Lanka après le tsunami de 2004.

Il s'agissait au départ d'une "recherche" d'une homosexualité inavouable dans sa famille, explique l'accusé. "Ca a commencé par du touche-pipi dans les buissons en Tunisie".

D'autres garçons, d'autres pays, "ça va plus loin". "C'est eux qui allaient à moi, ils venaient", affirme-t-il, "ça correspondait à mon fantasme". Au Sri Lanka, un homme fera aussi office de rabatteur.

Des visages de jeunes enfants défilent. "J'ai jamais su leur âge réel", assure-t-il, mais "les tout petits ne m'intéressaient pas" car "j'attendais une réaction de leur part", "une érection".

Le président décrit plusieurs scènes d'agressions d'enfants âgés pourtant de 6 ou 8 ans, parmi les centaines de vidéos et les milliers de photos retrouvées chez l'accusé. Thierry Darantière admet avoir rasé des garçons pubères pour "avoir un jeune en face de (lui)".

Il reconnaît un "manque de discernement total" face aux mineurs qui voulaient de l'argent, une contrainte "physique et morale" - "ils ont eu mal" - mais nie avoir voulu les "mettre en danger": "Mes actes ont dépassé ma volonté".

- "A la limite de la torture" -

Mardi matin, la patronne du groupe central des mineurs victimes à l'Office central pour la répression des violences aux personnes, le service spécialisé qui l'a interpellé en 2012, a décrit des images "particulièrement dures", "des choses qu'on n'avait jamais vues".

Un dossier "hors normes" par son ampleur et les actes commis, avait résumé la policière, à l'unisson des trois associations de protection de l'enfance parties civile au procès.

On observe "une gradation", avait-elle décrit, "des agressions beaucoup plus dures sur les clichés du Sri Lanka", "à la limite des actes de torture et de barbarie" avec emploi d'objets sexuels ou injections à la seringue dans le pénis d'un enfant. Sur des images apparaissent deux frères agressés au même moment, yeux bandés. Certaines vidéos durent 45, 60, 70 minutes.

L'accusé raconte s'être senti "initié" par certains mineurs qui connaissaient "les gestes". "Il les guidait, voire les forçait", avait rétorqué l'enquêtrice. "Pour les plus jeunes, on sentait que c'était la première fois, on les voyait démunis".

Des actes répétés sur plusieurs années, un concert des Enfoirés en fond sonore, contre quelques pièces, des gâteaux, de petits cadeaux.

"J'ai essayé de partager avec eux une boisson, un sandwich, peut-être pour qu'ils ne soient pas uniquement un objet sexuel", analyse l'accusé, qui s'était décrit devant la police comme un "bisexuel à tendance pédophile".

Le président le coupe: "Je voudrais pas être ironique, mais il manque plus que le feu de bois et la guitare sur la plage".

L'accusé, qui était parti au Sri Lanka pour le compte de deux associations humanitaires, affirme ne jamais avoir utilisé ces activités pour approcher les enfants. Les abus sexuels, précise-t-il, étaient financés "sur mes fonds propres".

Seul le Sri Lanka a coopéré avec la justice française, permettant de mettre un nom sur les visages de neuf enfants.

"Suis-je ce monstre dont on parle ? Peut-être", lâche l'accusé. Il sanglote encore. "Je voudrais comprendre pourquoi, je ne sais pas si je pourrai un jour".

Verdict mercredi.

Source : AFP

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