Qui a tué Fualdés ? (5/40)

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    Qui a tué Fualdés ? (5/40)
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Centre Presse Aveyron

5/40

Deux jours avant la terrible nouvelle qui l'enveloppa, Rodez bourdonnait joyeusement et s'activait fébrilement sous le soleil voilé de mars. Qu'elle était la cause de ce surprenant tohu-bohu qui succédait à la quiétude ordinaire du piton ruthénois ? Des bruits de roues sur le pavé, des claquements de sabots, des hennissements des chevaux, quelques miledious qui fusaient ….  Mais que se passait-il ? Si vous vous posez la question, c’est que vous n’êtes pas de chez nous ! Car sachez qu'à Rodez, la foire de la mi-carême est une institution et il est hors de question de la manquer ! La foire est un lieu de rencontres, d’échanges et d’affaires.

C'est un moment de répit et de fête dans nos vies. L’attractivité de cet évènement était également due aux colporteurs qui de village en village proposaient leurs marchandises achetées au gré des foires ou des marchés. Mais ils n’échangeaient pas que leurs bric-à-brac, les nouvelles et les cancans pimentaient délicieusement le quotidien des ménagères et des blanchisseuses. La foire, véritable ruche humaine où se côtoient paysans, sabotiers, tisserands, tailleurs d’habits, vanniers, cordonniers, charpentiers, épiciers ambulants et montreurs d’ours, joue un rôle économique et social indéniable et formidable.

Et nos deux jolies paysannes en sont un bel exemple, elles qui profitent de la carriole de Joseph au milieu des volailles et des œufs pour se rendre au piton. Il y a Marthe 18 ans, louée depuis un an par un gros paysan dont la ferme est située à un dizaine de kilomètres de Rodez et Berthe, 20 ans, son amie de toujours qui travaille comme fille à tout faire dans la ferme voisine. Elles retrouveront sur place Germaine, employée en qualité de lavandière dans une famille bourgeoise de Rodez. Elles ne cachent pas leur bonheur et malgré le froid, leurs poitrines généreuses se gonflent aux quatre vents.

Quel bonheur de profiter un jour durant, de liberté, de flâner parmi les badauds, d'écouter le joueur d'orgue de Barbarie ou le chanteur de complaintes… des instants magiques, trop rares pour ne pas en profiter pleinement et rompre avec un quotidien besogneux. Bien sûr, il y a bien la fête annuelle du village avec son bal et quelques soupirants, mais elles rêvent d'autre chose et la foire de Rodez charrie bien des galants.

Regarde Germaine la chance qu’elle a. Elle est lavandière, mais en plus elle va se marier prochainement ! Marthe en a les yeux brillants. Nos deux belles s’impatientent de rallier la place de la Cité. Une fois les trois réunies, elles iront dans cette échoppe où l'on peut admirer les dernières robes à la mode de Paris. « Ah ! Paris » dit Berthe avec gourmandise. « Tu le savais toi qu'on l'appelait la ville lumière ? »

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