« Qui a tué Fualdès ? » (16/40)

Maître Juin de Siran a un secret! Bien sûr tout le monde sait qu’il est le procureur général du Tribunal de Rodez et que du haut de ses 2 mètres et quelques pouces, il toise désagréablement ses congénères. Peu lui importe qu’ils soient de la haute comme lui, ou de basse extraction, comme la plupart des condamnés qu’il enfonce allègrement dans leur fange. Quand je le vois aux abords du palais de justice revêtu de sa robe noire, il me fait penser à un corbeau du plus néfaste présage ou à une bonne sœur du plus sinistre des ordres. Il est tellement grand qu’on dirait qu’il frôle les nuages lourds et que si par mégarde il relevait son nez crochu, il en percerait le jus pour nous arroser d’une pluie froide et drue. Monsieur de Siran n’est pas d’ici, il nous vient de l’Hérault.

Il pourrait être jovial et gai comme un gars du sud, mais non ! Pas lui ! Il porte son nom et son histoire avec une inestimable fierté. Pensez donc, sa famille a toujours servi le roi ! Poussant le zèle jusqu’au risque de perdre son château lors des imbroglios locaux entre les barons du Nord et les cathares. Il a toujours suivi l’église, la catholique bien sûr, exception faite d’un petit mois, durant les guerres de religion, où tout le village devint protestant. Nombreux sont ceux de ses aïeuls qui donnèrent leur vie à Dieu, dans des ordres prestigieux et à des places fort honorifiques. Maitre de Siran est lui-même chevalier de l’ordre de Saint Louis, distinction militaire réservée aux catholiques et nobles de surcroit! Sa devise : « Fidélité entière au Roi et à la Foi ! »

Mais Monsieur de Siran a un secret. Il hait Monsieur Fualdès depuis qu’il a sabordé le complot des ultraroyalistes de la Goudalie. On dit même qu’il y aurait eu une rivalité entre franc-maçons. Et moi ce que je crois, c’est que Monsieur de Siran n’est pas que royaliste, il est aussi franc-maçon.