« Qui a tué Fualdès ? » (19/40)

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    « Qui a tué Fualdès ? » (19/40)
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Centre Presse Aveyron

Les 27, 28, 29 et 30 juillet, sur la place Foch à Rodez, sera présentée la pièce de Paul Astruc « Qui a tué Fualdès ? », à la nuit tombée. À la veille du bicentenaire - en 2017 - de cette énigmatique affaire criminelle qui a valu pendant longtemps une sale réputation à la ville, les 35 comédiens nous plongent dans le Rodez des années 1800. À travers ses quartiers, ses habitants, ses us et coutumes. Cette série de quarante textes, illustrée par Gérard Marty, court jusqu’au 26 juillet. Infos et billetterie : www.quiatuefualdes.com

Je m’appelle François Vermeille et je suis exécuteur des sentences criminelles à Albi. J’étais en prison pour 20 ans quand on m’a proposé cette fonction. Vous pensez bien que j’ai sauté sur l’aubaine plutôt que de pourrir dans un cachot à partager ma maigre pitance avec les rats. Mais je ne savais pas quelle vie cela me réservait. Je dois porter une épée à la boutonnière, le signe distinctif des bourreaux, afin d'être reconnu de tous en public. Ma femme et mes enfants, doivent s’asseoir sur un banc spécial à la messe.

Difficile de trouver des parrains et marraines pour baptiser nos enfants. En ville, le boulanger garde le pain qui nous est destiné à l'envers, favorisant la superstition que « présenter le pain à l'envers sur une table attire le diable ». Personne ne veut de nous dans le voisinage. Nous sommes traités comme des pestiférés… Si chez nous les bourreaux sont recrutés dans les prisons, au nord, le métier se transmet de père en fils ; faire autre chose est impossible pour les enfants de bourreaux. La société nous rejette et pourtant elle a besoin de nous. Elle nous réclame. Voyez les places publiques envahies par le peuple, l’arène a toujours ses crieurs et ses curieux.

Et si ça se passe mal, ce n’est pas les oreilles qu’ils voudront me couper. Bourreau, c’est un métier. Mais il a bien changé depuis quelques années. Finie la « question » pour obtenir un aveu. Aujourd’hui nous sommes simplement les exécuteurs des sentences criminelles. Mes prédécesseurs vous raconteraient les tourments et les tortures dont ils se chargeaient. Ils mettaient au « pilori », traînaient des suppliciés sur une claie, tranchaient des mains, écartelaient… L’imagination des hommes dans la conception des supplices était et restera fertile. La guillotine est la première machine à tuer. Même si certains incidents se produisirent parfois au début, cette machine est à présent bien rodée et elle assure correctement sa fonction tout en respectant le condamné ; net et sans bavures, enfin presque.

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