Décès à 71 ans de l'ancien grand rabbin de France Joseph Sitruk

  • Joseph Sitruk lors d'une cérémonie à la Grande Synagogue le 15 avril 2016 à Paris
    Joseph Sitruk lors d'une cérémonie à la Grande Synagogue le 15 avril 2016 à Paris AFP/Archives - PATRICK HERTZOG
  • Joseph Sitruk à son arrivée pour une cérémonie  le 16 mai 2007 à l'Elysée à Paris Joseph Sitruk à son arrivée pour une cérémonie  le 16 mai 2007 à l'Elysée à Paris
    Joseph Sitruk à son arrivée pour une cérémonie le 16 mai 2007 à l'Elysée à Paris AFP/Archives - Olivier Laban-Mattei
  • Joseph Sitruk le 17 avril 2005 à Paris
    Joseph Sitruk le 17 avril 2005 à Paris AFP/Archives - STEPHANE DE SAKUTIN
  • Joseph Sitruk, le 8 juin 1988, lors de son investiture comme grand rabbin de France à la Grande Synagogue de la Victoire, à Paris
    Joseph Sitruk, le 8 juin 1988, lors de son investiture comme grand rabbin de France à la Grande Synagogue de la Victoire, à Paris AFP/Archives - Patrick HERTZOG
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Centre Presse Aveyron

Aussi charismatique qu'intraitable sur l'orthodoxie religieuse, l'ancien grand rabbin de France Joseph Sitruk, guide spirituel de la première communauté juive d'Europe pendant plus de 20 ans, est mort dimanche à Paris à l'âge de 71 ans.

Victime d'une attaque cérébrale en 2001 et malade depuis plusieurs années, il est mort à l'hôpital, a-t-on appris dans l'entourage du grand rabbin de France Haïm Korsia, qui fut son collaborateur et qui a fait part de sa "tristesse et douleur immense". Il sera enterré lundi à Jérusalem, a annoncé le Consistoire.

Dès l'annonce de son décès, les réactions se sont multipliées pour rendre hommage à ce séfarade chaleureux, né à Tunis le 16 octobre 1944, qui a exercé les fonctions de grand rabbin de 1987 à 2008.

François Hollande a salué la mémoire d'un "homme de dialogue, défenseur de la laïcité, (...) une figure marquante du judaïsme français". Manuel Valls a présenté ses "condoléances attristées".

Pour Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, chargé des Cultes, Joseph Sitruk était "un acteur du dialogue avec toutes les religions, un défenseur des valeurs de la République et un combattant infatigable de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme".

Le ministre a assisté en soirée à une cérémonie à la Grande Synagogue de la Victoire à Paris, où étaient notamment présents l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy -qui a rendu hommage à "une grande figure, ayant marqué durablement le judaïsme français"- et la présidente du conseil régional Valérie Pécresse.

Autour du cercueil, plusieurs centaines d'anonymes étaient également présents, certains ne pouvant retenir leurs larmes. Tous ont unanimement salué "un homme exceptionnel", "une immense figure du judaïsme". "On adorait l'écouter", raconte Benjamin, 30 ans, qui a assisté à plusieurs cours délivrés par le rabbin Sitruk. "Il était blagueur, c'était un homme très simple", se souvient-il.

Joseph Sitruk "a contribué à faire aimer et rayonner le judaïsme auprès de beaucoup de juifs qui en étaient peut-être éloignés", a salué le président du Consistoire central Joël Mergui, "perd un maître qui a donné le +la+ d'un judaïsme joyeux et rigoureux".

- 'Rejudaïser les juifs' -

"Il laissera une empreinte très profonde dans l'histoire et la vie du judaïsme français", a souligné le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), pour qui "Joseph Sitruk est et restera une figure exemplaire pour les juifs de France qui conserveront l'image d'un homme courageux, fidèle à ses convictions et d'une générosité exceptionnelle".

L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, garde lui en mémoire "de longues discussions tout au long de ces années" et des "souvenirs de Tunisie" partagés.

Tout au long de ses trois mandats de grand rabbin, Joseph Sitruk aimait à cultiver des relations nourries avec les représentants des autres cultes et les responsables politiques.

Adjoint du grand rabbin de Strasbourg à 26 ans, il devient dès 1975, à 31 ans, grand rabbin de Marseille, avant d'être élu grand rabbin de France pour un premier mandat de sept ans en 1987.

Se disant favorable à "une société ouverte, contre toute forme de ghetto", cet homme à la barbe fournie a défendu l'intégration des juifs tout en voulant les "rejudaïser" en les ramenant dans les synagogues.

Ce rabbin marié et père de neuf enfants a prôné une stricte observance de la loi juive, la "halakha", se montrant intransigeant sur les conversions, les mariages mixtes, le repos du shabbat ou la condamnation de l'homosexualité.

Il a également été critique d'une "laïcité intolérante" au risque de se heurter aux usages républicains, comme en 1994 lorsqu'il a appelé les juifs pratiquants à ne pas participer au second tour des élections cantonales, au motif qu'il coïncidait avec le premier soir de Pessah, la pâque juive.

Il avait à nouveau provoqué la polémique en juin dernier à propos de la Gay Pride de Tel Aviv, qu'il considérait comme "une abomination et "une tentative d'extermination morale du peuple d'Israël".

Source : AFP

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