Syrie: combats de rue dans Alep, Washington rompt avec Moscou

  • Un blessé transporté après des raids aériens, le 30 septembre 2016 à Alep
    Un blessé transporté après des raids aériens, le 30 septembre 2016 à Alep AFP/Archives - THAER MOHAMMED
  • Les ruines d'une unité médicale après un bombardement aérien mené sur un quartier contrôlé par les  rebelles, près d'Alep, le 1er octobre 2016
    Les ruines d'une unité médicale après un bombardement aérien mené sur un quartier contrôlé par les rebelles, près d'Alep, le 1er octobre 2016 AFP - THAER MOHAMMED
  • La Syrie avant et après l'intervention russe
    La Syrie avant et après l'intervention russe AFP - Thomas SAINT-CRICQ, Kun TIAN, Sabrina BLANCHARD
  • Un homme pleure son frère, tué dans une frappe aérienne, le 2 octobre 2016, à Douma, ville rebelle à l'est de Damas
    Un homme pleure son frère, tué dans une frappe aérienne, le 2 octobre 2016, à Douma, ville rebelle à l'est de Damas AFP - Abd Doumany
  • Un homme avec un bébé s'enfuit après des bombardements sur Kafr Batna, dans la banlieue de Damas, le 30 septembre 2016
    Un homme avec un bébé s'enfuit après des bombardements sur Kafr Batna, dans la banlieue de Damas, le 30 septembre 2016 AFP - AMER ALMOHIBANY
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Centre Presse Aveyron

D'intenses combats de rues opposaient mardi à Alep les rebelles aux forces du régime syrien qui poursuivaient leur progression, alors que l'impasse diplomatique semblait totale à la suite de la suspension des pourparlers entre Washington et Moscou.

Rue après rue, les combattants progouvernementaux avancent depuis plusieurs jours dans Alep-Est, la partie de la grande ville du nord contrôlée par les insurgés.

Ils "progressent petit à petit dans le centre" où leur priorité est de prendre "les grands immeubles, qui servaient autrefois de bâtiments administratifs et d'où ils peuvent surveiller des quartiers entiers", a expliqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Leur objectif est d'occuper les quartiers proches de la ligne de démarcation avec Alep-Ouest, contrôlés par le régime, et du nord, afin de cantonner les forces rebelles au sud-est de la ville.

Cette vaste offensive sur Alep a été lancée le 22 septembre, avec des bombardements massifs du régime et de son allié russe qui suscitent l'indignation de nombreux pays.

Elle est l'une des raisons avancées par les Etats-Unis, qui soutiennent l'opposition syrienne, pour justifier leur décision annoncée lundi soir de suspendre les pourparlers engagés avec la Russie sur la Syrie.

"Tout le monde est à bout de patience avec la Russie", a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. "Il n'y a plus rien dont les Etats-Unis et la Russie puissent parler" à propos de la Syrie, a-t-il estimé.

- Kerry dénonce -

Le secrétaire d'Etat John Kerry a accusé mardi Damas et Moscou d'avoir "rejeté la diplomatie pour la poursuite d'une victoire militaire en passant sur des corps brisés, des hôpitaux bombardés et les enfants traumatisés".

Il a toutefois assuré que les Etats-Unis n'avaient "pas abandonné" la Syrie et pas renoncé à rechercher un plan de paix.

Moscou a déclaré regretter la décision de Washington, disant espérer que "la sagesse politique" prévaudra à Washington.

La décision américaine "ne veut pas dire que la partie russe va renoncer à ses projets (...) d'assistance aux forces aériennes syriennes dans la lutte contre le terrorisme", a indiqué en outre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Dans le même temps, le ministère russe de la Défense a annoncé avoir déployé des systèmes de défense antiaérienne S-300 à Tartous, ville côtière du nord-ouest de la Syrie, où elle possède des installations militaires.

Les relations entre les deux grandes puissances n'ont cessé de se dégrader depuis l'échec de la trêve qu'elles avaient initiée en septembre et qui n'avait duré qu'une semaine.

La décision de Washington a été annoncée après la destruction totale lundi du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien.

- Un camp de réfugiés attaqué -

Les ONG et l'ONU s'alarment chaque jour davantage du sort des quelque 250.000 habitants d'Alep-Est, dont 100.000 enfants, confrontés aux pénuries, aux coupures d'eau et à la forte dégradation des conditions sanitaires.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il ne reste que six hôpitaux fonctionnant partiellement, dont un seul capable de traiter les grands blessés. Et moins d'une trentaine de médecins "tentent de répondre aux besoins" de la population en travaillant "24 heures sur 24", a précisé lundi une porte-parole, Fadela Chaib.

Dénonçant des "souffrances indicibles", le gardien des lieux catholiques en Terre sainte et le supérieur des Franciscains du monde entier ont appelé à la création d'une zone protégée par la communauté internationale à Alep.

Save the children a dénoncé de son côté mardi la situation humanitaire à Khan Eshieh, un camp de réfugiés palestiniens près de Damas, parlant du largage "d'au moins 50 barils d'explosifs" en cinq jours.

L'ONG a fait état de la mort lundi dans les bombardements d'au moins deux travailleurs humanitaires, employés d'une association offrant une aide éducative et psychologique aux enfants du camp.

Les auteurs des attaques sur les travailleurs humanitaires "doivent rendre des comptes, il s'agit aussi d'attaques contre des enfants malades et des familles vulnérables", a déclaré Sonia Khush, de Save the children.

La Russie a pour sa part indiqué que son ambassade à Damas avait été touchée lundi par un obus qui a provoqué des dégâts.

La guerre en Syrie, où combattent de nombreuses forces régionales et internationales sur un territoire complètement morcelé, a fait plus de 300.000 morts en cinq ans.

Source : AFP

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