Coup de théâtre aux assises de l'Aveyron

  • Yves Delpérié, avocat général dans ce procès d’assises qui se prolongera jusqu’à vendredi.
    Yves Delpérié, avocat général dans ce procès d’assises qui se prolongera jusqu’à vendredi. CP
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Philippe Routhe

Assises. A Rodez, s’est ouvert le procès en assises d’Amar Aouati, accusé du meurtre d’une Chinoise il y a plus de dix ans.

C’est un procès peu commun que celui qui s’est ouvert, hier, aux assises de l’Aveyron. Celui du meurtre de Li Hongxia, une Chinoise issue des réseaux de prostitution retrouvée à demi-nue par un chasseur, en janvier 2006, du côté de Salvagnac-Cajarc, dans l’ouest de l’Aveyron.

D’abord parce que les faits remontent à plus de dix ans. Elle a en effet été vue pour la dernière fois vivante le 12 décembre 2005 vers 23 heures. Parce que, aussi, il n’y a personne sur le banc de la partie civile pour représenter cette Chinoise. Et qu’une floppée de témoins ont fait savoir qu’ils ne viendraient pas témoigner, la plupart pour raison de santé.

D’autres le feront par le biais de la visioconférence, rendant les échanges bien impersonnels. Pour autant, l’affaire est loin d’être dénuée d’intérêt Il existe une grosse zone d’ombre entre ce 12 décembre et le 8 janvier 2006, date à laquelle elle a été retrouvée. Et les jurés ont face à eux un accusé qui nie depuis le premier jour l’avoir tuée..

«Tyran », et tentative de meurtre en 1993...

Mais pour cette première journée d’assises, il fut surtout question de lui. De ce fils de harki, qui a quitté l’Algérie avec ses parents à l’âge de 13 ans. Très vite, c’est sa personnalité dans les années 80-90 qui a intéressé les jurés. Ces années au cours desquelles il s’est marié deux fois et a eu dix enfants. Quatre dans un premier temps avec sa première femme, deux avec sa deuxième épouse et quatre à nouveau avec... sa première femme. Les propos qui se sont succédé à son encontre n’ont guère plaidé en sa faveur. D’autant qu’il traîne deux condamnations importantes. Deux ans de prison pour attentat à la pudeur sur une de ses filles et, surtout, 15 ans de réclusion criminelle pour tentative de meurtre sur sa première épouse.

L’image qui se dessine d’Amar Aouati est alors bien loin de celle de ce sexagénaire, présentant bien à la barre. Au fil de la journée en effet, il est décrit comme « tyran » par un de ses fils, « très violent » par ses deux ex-épouses, tant sur elles que sur ses enfants. Un expert avance une hypertrophie du « moi ». Et une sorte d’addiction au sexe se fait jour. À la présidente, il se décrit plus « autoritaire » que violent, admet du bout des lèvres le portrait qui est fait de lui. « D’un tableau blanc je suis passé à un tableau noir à partir de la naissance de mon premier enfant. Je regrette tout cela », lance-t-il. À plusieurs reprises, il dit aux jurés : « J’ai changé. Depuis 2004 et ma sortie de prison, je n’ai jamais rien fait de mal ». Et ses avocats, Me Montels-Esteve et Me Galandrin de monter à plusieurs reprises en ce sens. 

Coup de théâtre en fin de journée

Mais petit coup de théâtre hier en fin de journée. L’avocat général Yves Delpérié apprenait à la cour que l’actuelle épouse d’Amar Aouati, avec qui il a un bébé d’un an, venait d’effectuer une déposition. Dans celle-ci, elle souligne « les violences psychologiques exercées par son époux afin qu’elle vienne témoigner en sa faveur à ce procès. Elle évoque un quotidien violent, avec des menaces au couteau », lance l’avocat général. Un sujet qui sera évoqué ce matin à l’ouverture de la deuxième journée de ce procès, avant que les jurés ne se concentrent sur le fond du dossier : la mort de Li Hongxia. 

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