Rodez : Laissez-vous conter les mille et unes vies passionnantes du cimetière

La visite guidée proposée par Jean-Philippe Savignoni passe par la tombe du sculpteur et directeur de la villa Médicis à Rome Denys Puech, située juste en face de la maison du gardien. De là il se rend ensuite sur la tombe de la famille Triadou, qui fondait les cloches à Rodez depuis 1610. La sépulture possède un petit clocher et une cloche fondue par les Triadou (fonderie installée place Bonnaterre). Direction ensuite la tombe du guitariste corse Paulo Chiesa.

La visite se poursuit par la tombe de Louis Bouloumié, avocat ruthénois, fondateur du journal L’Aveyron Républicain  avec François Mazenq, Louis Oustry et Durand-de-Gros, et inventeur en 1854 de la station thermale de Vittel. De là, le groupe rejoint la tombe de l’aviateur Raymond Caillol et en suivant, celle de Jacques Dropy, dessinateur caricaturiste dans France Dimanche, Pilote, illustrateur pour le music-hall etc. La 7e étape est consacrée à la tombe de Camille Douls, né aux Bordes-Basses (Ségur) et ayant entrepris la traversée du Sahara, assassiné quelques semaines avant d’arriver à Tombouctou. Il y a aussi la tombe des soldats Azéris fusillés à Rodez pendant la seconde guerre mondiale.

Un peu plus loin se trouve la tombe d’Alfred Merle. Après des études scientifiques, à 21 ans, en 1905, Alfred Merle est recruté dans la ganterie Buscarlet pour partager très rapidement avec Jean Buscarlet, son propriétaire, la direction de l’entreprise et plus particulièrement celle de l’usine millavoise. À ce poste il développa les activités de cette société en intégrant un secteur peausserie, en créant de nouveaux centres de fabrication tant en France qu’aux USA et en cherchant de nouveaux débouchés dans les années 1930 en direction de notamment de l’Europe centrale. Engagé volontaire pendant la première guerre mondiale, il pressentira très tôt la montée des dangers qui devaient conduire à la à la seconde guerre mondiale. Dès le début de celle-ci, il devint immédiatement résistant, prit contact avec le réseau Liberté à Montpellier puis participa en février 1941 chez Maître Graulle, notaire à Rodez, à la création aveyronnaise du réseau Combat dont Léon Freychet dirigeant de société des Caves de Roquefort devait ultérieurement devenir le chef départemental de l’Armée Secrète. Sa forte implication dans les actions résistantes connues d’abord par quelques amis et collaborateurs de la société Buscarlet fit très vite de lui un leader incontesté de la Résistance aveyronnaise particulièrement surveillé par la police de Vichy et par les autorités allemandes. Le 6 février 1944, il est arrêté par la Gestapo, interrogé à la Villa des Roses à Rodez. Il mourra sous la torture le 11 février 1944.

La visite se poursuit devant la tombe du docteur Anglade, une personnalité atypique ruthénoise, voiture noire avec chevaux et chiens noirs, maison avec colonnes et bustes de personnages célèbres dans son jardin : sa maison fut démolie pour construire la MJC de la rue Saint-Cyrice, au début des années soixante-dix. Le groupe s’arrête ensuite devant la tombe d’Amans Biron, dragon d’Empire, premier décoré de la Légion d’Honneur en Aveyron. Enfin, la viste s’achève devant la tombe de François Gally, agronome, et conseiller municipal ayant donné sa fortune pour la restauration de l’aqueduc gallo-romain et ainsi permettre l’approvisionnement en eau de Rodez en 1857. Pour commémorer l’arrivée de l’eau à Rodez en 1857, la municipalité décida une vingtaine d’années plus tard de commander une statue au sculpteur Denys Puech. Ce fut ainsi que la Naïade de Vors (ou fontaine Gally) fut installée au-dessus de la fontaine de l’actuelle place Foch.