Trump nomme à la diplomatie le PDG d'ExxonMobil et ami de Moscou

  • Rex Tillerson le 2 juin 2015 à Paris
    Rex Tillerson le 2 juin 2015 à Paris AFP/Archives - ERIC PIERMONT
  • Les responsables nommés par Donald Trump
    Les responsables nommés par Donald Trump AFP - Christopher HUFFAKER, Gillian HANDYSIDE, Kun TIAN
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Centre Presse Aveyron

Donald Trump a nommé mardi comme chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, PDG du géant pétrolier ExxonMobil qui a ses entrées à Moscou, une nomination qui provoque des remous chez certains conservateurs inquiets du rapprochement annoncé avec la Russie.

M. Tillerson, 64 ans, connaît très bien la Russie où il a conclu de nombreux contrats depuis les années 1990, avant de prendre en 2006 la direction du premier groupe pétrolier mondial coté en Bourse. Il a au fil des ans développé une relation personnelle avec le président russe Vladimir Poutine. Le Kremlin a d'ailleurs immédiatement salué un "professionnel" qui a "de bonnes relations de travail" avec le chef de l'Etat russe.

Ce choix risque toutefois de se heurter à l'opposition du Sénat, qui devra confirmer cette nomination ministérielle, au moment où Moscou est accusé par la CIA d'avoir interféré dans la présidentielle américaine du 8 novembre en faveur de Donald Trump.

Mais en faisant de ce puissant homme d'affaires la voix et le visage de la diplomatie américaine, le président élu confirme qu'il veut amorcer une détente avec la Russie. Après une tentative de "reset" (relance, Ndlr) lancée en 2009 par le président Barack Obama et sa secrétaire d'Etat de l'époque Hillary Clinton, les relations américano-russes sont tombées au plus bas ces dernières années avec l'annexion de la Crimée et la guerre en Syrie.

"Je ne peux imaginer une personne mieux préparée et aussi dévouée pour servir en tant que secrétaire d'Etat à ce moment crucial de notre histoire", s'est félicité M. Trump en annonçant la nomination de M. Tillerson dans un communiqué.

- Débat au Sénat -

Donald Trump, qui remplacera Barack Obama à la Maison Blanche le 20 janvier, s'est aussi réjoui d'avoir choisi l'un des plus "grands dirigeants d'entreprise du monde" pour succéder au démocrate John Kerry, à la tête du département d'Etat depuis février 2013.

Justifiant ce choix inhabituel, l'équipe Trump a souligné que M. Tillerson saura "comment s'orienter dans l'architecture complexe des affaires du monde et de différents dirigeants étrangers".

La nomination a été défendue immédiatement par de nombreux conservateurs en prévision du débat qui s'annonce rude au Sénat, où des auditions et un vote de confirmation devraient être organisés dès janvier.

Les démocrates sonnent l'alarme et le sénateur Bernie Sanders a déjà annoncé qu'il voterait contre lui. Certains républicains qui considèrent Moscou comme un ennemi ont également émis des réserves.

Vladimir Poutine, qui lui avait remis en 2013 la décoration russe de l'ordre de l'Amitié, destinée aux étrangers, "est un voyou et un assassin, je ne vois pas comment on peut être l'ami d'un ancien agent du KGB", avait lancé le sénateur républicain John McCain peu avant la nomination.

- Faible marge de manoeuvre -

Son pair de l'Etat de Floride, Marco Rubio, a reconnu que le PDG d'ExxonMobil était un "homme d'affaires respecté" mais il a fait part de ses "graves inquiétudes", soulignant qu'un secrétaire d'Etat devait "voir le monde avec clarté morale, sans conflits d'intérêt et avec un sens clair des intérêts de l'Amérique".

Le très conservateur Chuck Grassley a exhorté "Trump et Tillerson" à reconnaître que "Poutine est machiavélique et se débarrasse des gens qui le lui disent".

La marge de manoeuvre est faible, car la majorité républicaine au Sénat est seulement de 52 sièges sur 100.

John Kerry, qui s'en va sans avoir pu arrêter le carnage en Syrie malgré des années de négociations avec la Russie, s'est contenté de "féliciter" son successeur désigné et de lui garantir une "transition sans encombres".

L'enjeu fondamental du moment est la relation Washington-Moscou.

Le patron d'ExxonMobil s'était exprimé contre les sanctions imposées par les Occidentaux pour punir les agissements de la Russie en Ukraine. A contre-courant de la fermeté des Européens et de l'administration Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande s'étant encore prononcés mardi pour la prolongation de ces sanctions.

Le sénateur démocrate Ben Cardin s'est d'ailleurs dit "profondément troublé par l'opposition de M. Tillerson aux sanctions des Etats-Unis contre la Russie".

Rex Tillerson aura aussi à traiter avec la Chine.

Depuis le début du mois, Donald Trump a multiplié les déclarations menaçant de rompre le fragile équilibre des relations entre les Etats-Unis et la Chine, en particulier sur la très sensible question de Taïwan. Pékin a d'ailleurs lancé sa plus sévère mise en garde à ce jour mardi, avertissant que toute personne qui menacerait les intérêts de Pékin à Taïwan "soulèverait un rocher qui lui écraserait les pieds".

Source : AFP

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